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simplicité

Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s'étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j'en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L'admirable, c'est qu'ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu'inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule, en leur donnant quelques sols. Et j'ai entendu de jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d'ordre.
C'est la haine qu'on porte au Bédouin, à l'Hérétique, au Philosophe, au Solitaire, au Poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m'exaspère. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton.

Auteur: Flaubert Gustave

Info: Lettre à G. Sand 12 juin 1867

[ survie ] [ immigration ] [ racisme ]

 

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radio France

Pour monter jusqu'au troisième étage et atteindre le studio 334, les ascenseurs offrent la méthode la plus simple. Trois cabines, portes automatiques en alu brossé, quasi désertes entre minuit et 5 heures du matin, les heures creuses du camembert, quand les vigiles sont partis en bouclant derrière eux.
Les escaliers sont plus discrets encore.
Les bruits de la ville n'arrivent pas jusqu'ici. Les bureaux sont vides, la plupart plongés dans l'obscurité. Tout baigne dans la luminosité spectrale des veilleuses le long du couloir. On avance en se repérant aux numéros sur les portes. Si on se trompe, il n'est pas rare qu'on se tape un tour complet du camembert. Exercice courant chez les nouveaux venus. À force de déambuler dans ces couloirs circulaires on perd ses repères. On tourne. On marche. On tourne. Certains visiteurs décrivent plusieurs circonférences avant d'atterrir dans le bon bureau.

Auteur: Yves Hughes

Info: Eclats de voix

[ Paris ] [ Gaule ]

 

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pulsion

- Tu pourrais m'en parler, de l'amour ?
J'ai pensé à Schopenhauer. L'instinct sexuel qui se grime en romance à l'eau de rose. Les serments sous la lune et les promesses d'une voix tremblante... Tout ça : cache-misère, trompe-couillon pour camoufler la hideur d'un coït bref, moite et violent... Reproduction de l'espèce !... Survie biologique oblige ! Rien d'autre !... Le reste ? Vernis ! Cinéma ! Perlimpinpin ! L'amûr ! Ah l'amûr ! Plein la bouche de l'amûr, qui sert à pas voir comment s'engluent les vits dans les oignes... Tout ça, vaste esclafferie... L'amour s'en va par les gogues avec les glaires épongées au papier toilette que la rombière, s'en tamponnant le coquillard, sentimentalise la larme à l'oeil... Mais tout ça, ce nihilisme schopenhauerien duquel je me sentais si proche, je devais le taire. Ca vexe la petite princesse qui sommeille en chaque femme.

Auteur: Guyard Alain

Info: La zonzon, p. 122

[ romantisme ] [ illusion ] [ femmes-hommes ]

 

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écriture

J’écris souvent dans l’épaisseur d’un mur. Mes bras, alors tendus à l’horizontale, dépassent. D’un côté, un froid sidéral, de l’autre, un souffle brûlant, mais impossible de savoir lequel de ces deux espaces borgnes signifie la liberté, ou la prison.

Ces messages quotidiens furent adressés à deux amis, l’un alité dans un proche hôpital, l’autre veillant à mon chevet. Témoignant de la fusion d’un corps et d’une machine, ils sont l’exacte traduction électronique d’une blessure qui m’a gardé sur le flanc, en chien de fusil, incapable de m’allonger ou de m’asseoir, et qui m’a imposé l’usage exclusif du téléphone portable pour écrire.

L’écran basculé sur l’oreiller, à vingt centimètres du visage, épouse parfaitement le champ visuel, et l’ongle qui frappe quelques caractères par ligne, invoque la guérison comme à coups de poinçon. Cette psalmodie sur fond pâle traverse le ciment.

La parole vient de l’outil.

Auteur: Rahmy Philippe

Info: SMS de la cloison

[ hôpital ] [ téléphone portable ] [ handicap ]

 

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création

Plus il y a d’argent pour la star, moins il y en a pour le film. C’est un cercle vicieux. Ça fait une merde de plus sur les écrans, mais Gégé peut s’acheter un nouveau vignoble, et Mado garder sa maison. Vous comprenez ? Non ? Je vous avais prévenus, ça sert à rien l’école. Si y a besoin d’expliquer, c’est que tu peux pas comprendre.

Je résume : les mecs de la télé sont tellement trouillards qu’ils préfèrent payer une fortune des noms qu’ils connaissent, plutôt que plonger dans l’inconnu. Alors qu’ils y plongent. Qu’ils le fassent en tenant la main de quelqu’un de connu ou pas, rien ne leur garantit qu’il y aura de l’eau au fond de la piscine. C’est ça, le cinéma : plonger les yeux fermés dans une piscine vide, et essayer de la remplir pendant le temps de la chute.

Auteur: Pourriol Olivier

Info: Une fille et un flingue

[ risquer ] [ oser ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

manifeste

Le théâtre doit reconnaître ses propres limites. S'il ne peut pas être plus riche que le cinéma, qu'il soit pauvre. S'il ne peut être aussi prodigue que la télévision, qu'il soit ascétique. S'il ne peut être une attraction technique, qu'il renonce à toute technique. Il nous reste un acteur "saint" dans un théâtre pauvre. [...] Il n'y a qu'un seul élément que le cinéma et la télévision ne peuvent voler au théâtre : c'est la proximité de l'organisme vivant.[…] Il est donc nécessaire d'abolir la distance entre l'acteur et le public, en éliminant la scène, en détruisant toutes les frontières. Que les scènes les plus âpres se produisent en face à face avec le spectateur et que celui-ci soit à la portée de la main de l'acteur, qu'il sente sa respiration et sa sueur. Cela implique la nécessité d'un théâtre de chambre.

Auteur: Grotowski Jerzy

Info: Dans "Vers un théâtre pauvre"

[ différenciation ] [ concurrence ] [ scène vivante ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

chanson française

Il arrivait que l’on parle musique dans ma famille.
Mon cousin Jean-Jacques préférait Sylvie Vartan à Sheila parce qu’elle avait un plus beau cul.
Ma mère avait le béguin pour Julio Iglesias et Sacha Distel. En revanche, elle ne supportait pas Mireille Mathieu, maniérée et mal fagotée.
Mon père aimait bien Gilbert Bécaud. À chacune de ses apparitions télévisuelles, il répétait : " Il a toujours sa cravate à pois ! " ou alors : " Tiens, c’est rare de le voir sans sa cravate à pois ! "
Ma grand-mère détestait Johnny Hallyday : " Il ne chante pas, il gueule ! "
Mon grand-père, lui, ne comprenait pas cette génération de chanteurs " tous infoutus de passer à la télé sans qu’une ribambelle de nègres se dandine autour d’eux ".
Leurs avis s’harmonisent concernant le classique et l’opéra, regroupés sous le terme de grande musique : tous trouvaient ça chiant.

Auteur: Romand Éric

Info: Mon père, ma mère et Sheila, pp 18-19, Stock, 2017

[ vingtième siècle ] [ variétés ] [ musique ]

 

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langage

Chez mes parents, nous ne dînions pas, nous mangions. La plupart du temps, même, nous utilisions le verbe bouffer. L’appel quotidien de mon père C’est l’heure de bouffer. Quand des années plus tard je dirai dîner devant mes parents, ils se moqueront de moi Comment il parle l’autre, pour qui il se prend. Ca y est il va à la grande école il se la joue au monsieur, il nous sort sa philosophie.
Parler philosophie, c’était parler comme la classe ennemie, ceux qui ont les moyens, les riches. Parler comme ceux-là qui ont la chance de faire des études secondaires et supérieures et, donc d’étudier la philosophie. Les autres enfants, ceux qui dînent, c’est vrai, boivent des bières parfois, regardent la télévision et jouent au football. Mais ceux qui jouent au football, boivent des bières et regardent la télévision ne vont pas au théâtre.

Auteur: Édouard Louis

Info: En finir avec Eddy Bellegueule

[ ségrégatif ] [ sociologie ] [ paroles ] [ discriminatoires ]

 

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corps

Formé comme le casque de Diane, suspendu au-dessus du ventre contre une couronne, le foie est la plus grande des glandes. Il pèse un kilo et demi. Poussé comme un arbre sur les intestins, il sécrète chaque jour un demi-litre de bile, sans laquelle nous ne pourrions digérer le moindre grain de raisin. Aussi tard qu’à l’époque hellénique, on pensait que c’était le centre de la vitalité, le siège de l’âme elle-même. Situé sous le gril costal, contre le dôme incurvé u diaphragme, le foie est d’une couleur marron-rouge foncée. Il est divisé, comme le cerveau, en deux grands lobes qui sont le droit et le gauche. Deux lobes plus petits sont appelés lobe de Spiegel et lobe carré. Ce superbe organe sous-estimé fait partie des plus industrieux du corps. Il emmagasine notre amidon sous forme de glycogène. Il filtre nos poisons, oxyde l’alcool.

Auteur: Moore Alan

Info: From Hell

[ hépatique ] [ chair ]

 

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catalogage

Les premiers pas de la plupart des sciences sont purement classificatoires. Là où les faits tombent facilement dans des séries riches et complexes (comme le font les plantes, les animaux et les composés chimiques), la simple vue de la série remplit l'esprit d'une satisfaction sui generis ; et un monde dont les matériaux réels se prêtent naturellement à la classification en série est une forme de bénéfice, un monde plus rationnel, un monde dans lequel l'esprit sera plus proche que dans un monde où ce n'est pas le cas. Par les naturalistes pré-évolutionnaires, ceux dont la génération est à peine décédée, les classifications étaient censées être des aperçus ultimes de l'esprit de Dieu, nous remplissant de l'adoration sur ses façons de faire. Le fait que la nature nous permette de le faire était une preuve de la présence de sa Pensée en son sein.

Auteur: James William

Info: Les principes de la psychologie (volume 2). Necessary Truths - Effects of Experience, Classifi catory Series (p. 647), Harvard University Press. Cambridge, Massachusetts, États-Unis. 1981

[ inventaire ] [ historique ] [ créationnisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel