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conclure

Il y a des choses que l'homme par sa nature ne peut connaître que vaguement et les grands esprits se contentent d'en avoir des notions vagues. Mais les esprits vulgaires ne s'en contentent pas. Il faut pour leur repos qu'ils se forgent ou qu'on leur offre des idées fixes et déterminées sur ces objets même où toute précision est erreur. Ces esprits communs n'ont point d'ailes. Ils ne peuvent se soutenir dans rien de ce qui n'est que de l'espace. Il leur faut des points d'appui, des fables, des idoles, des mensonges. Mentez-leur donc et ne les trompez pas.

Auteur: Joubert Joseph

Info: Carnets/nrf Gallimard 1938-1994 17 février 1798 t.1 p.238

[ fermeture ] [ bêtise ]

 

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Grèce antique

Platon enseignait que toutes les choses créées ne sont que le produit d'un moule, qui est dans l'esprit de Dieu, et qu'il appelle idée. L'idée est à l'image ce que la cause est au produit. Or, prétendait ce philosophe, toutes choses n'étant qu'une copie de l'idée, l'image qu'une copie des choses, et les mots, à leur tour, qu'une expression de l'image, les poètes qui sont si fiers de leur art, ne font cependant, dans leurs poèmes, que des copies de la copie d'une copie, et, par conséquent, quelque chose d'infiniment imparfait, parce que cela est infiniment éloigné, et différent du vrai modèle.

Auteur: Joubert Joseph

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monothéisme

On connaît Dieu par la piété, seule modification de notre âme par laquelle il soit mis à notre portée et puisse se montrer à nous. Nous croyons toujours que Dieu est semblable à nous-mêmes : les indulgents l'annoncent indulgent ; les haineux le prêchent terrible. Tout ce qui est très-spirituel, et où l'âme a vraiment part, ramène à Dieu, à la piété. L'âme ne peut se mouvoir, s'éveiller, ouvrir les yeux, sans sentir Dieu. On sent Dieu avec l'âme, comme on sent l'air avec le corps. Oserai-je le dire ? On connaît Dieu facilement, pourvu qu'on ne se contraigne pas à le définir.

Auteur: Joubert Joseph

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[ certitude ] [ naturel ] [ évidence ] [ Murphy ]

 

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univers

Décomposez un poème excellent ; désunissez-en toutes les expressions, et faites-en un amas, un chaos. Donnez ce chaos à débrouiller à un écrivain médiocre et de ces parcelles éparses dites-lui de créer à sa fantaisie un monde, un ouvrage ; s'il n'ajoute rien, il est impossible qu'il fasse de tout cela quelque chose qui ne plaise pas. De même, changez l'ordre de toutes les pensées d'un beau discours ; mettez les conséquences avant les principes et ce qui suit avant ce qui doit précéder ; démolissez, ruinez tant qu'il vous plaira : il y aura toujours dans ces matériaux renversés de quoi retenir et satisfaire les regards d'un observateur.

Auteur: Joubert Joseph

Info: Carnets t.1, p.89, nrf/Gallimard, 1994

[ interprété ]

 

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introspection

Dieu multiplie l'intelligence, qui se communique comme le feu, à l'infini. Allumez mille flambeaux à un flambeau, sa flamme demeure toujours la même. Dieu n'aurait-il fait la vie humaine que pour en contempler le cours, en considérer les cascades, le jeu et les variétés, ou pour se donner le spectacle de mains toujours en mouvement, qui se transmettent un flambeau ? Non, Dieu ne fait rien que pour l'éternité. Notre immortalité nous est révélée d'une révélation innée et infuse dans notre esprit. Dieu lui-même, en le créant, y dépose cette parole, y grave cette vérité, dont les traits et le son demeurent indestructibles. Mais, en ceci, Dieu nous parle tout bas et nous illumine en secret. Il faut, pour l'entendre, du silence intérieur ; il faut, pour apercevoir sa lumière, fermer nos sens et ne regarder que dans nous.

Auteur: Joubert Joseph

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[ conscience ] [ miroir ]

 

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femmes-hommes

Les femmes aiment les aventures, les rencontres, les hasards, parce qu'elles aiment à se donner et non pas qu'on les donne. Pour ce sexe, faire un doux usage de son corps, c'est en disposer librement. Quand une fois elles ont fait cet acte de liberté, il ne tient qu'aux hommes qu'elles soient constantes. Hors de là, elles ne le sont par le coeur que dans un seul cas, celui où elles ont été prises par force ; j'entends par la force physique et non par la force sociale. Cette violence leur fait espérer un grand empire sur l'homme qu'elles ont dominé au point de le mettre hors de lui-même ; comme elles espèrent une grande condescendance de l'homme à qui elles ont tout sacrifié. Nota. Il faut que cette violence soit celle de l'homme amoureux et non celle de l'homme brutal.

Auteur: Joubert Joseph

Info: Carnets t.1, p.93, nrf/Gallimard, 1994

[ femmes-par-homme ] [ Indépendante ] [ maso ]

 

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art pictural

C'est une si belle chose que la lumière, que Rembrandt, presque avec ce seul moyen, a fait des tableaux admirables. On ne conçoit point de rayons et d'obscurité qui appellent plus puissamment les regards. Il n'a, le plus souvent, représenté qu'une nature triviale, et cependant on ne regarde pas ses tableaux sans gravité et sans respect. Il se fait, à leur aspect, une sorte de clarté dans l'âme, qui la réjouit, la satisfait et la charme. Ils causent à l'imagination une sensation analogue à celle que produiraient les plus purs rayons du jour, admis, pour la première fois, dans les yeux ravis d'un homme enfermé jusque-là dans les ténèbres. Dans ses belles figures, comme son rabbi, la lumière, il est vrai, n'est plus l'objet principal dont l'imagination soit occupée ; mais elle est encore le principal moyen employé par l'artiste pour rendre le sujet frappant. C'est elle qui dessine ces traits, ces cheveux, cette barbe, ces rides et ces sillons qu'a creusés le temps. Ce que Rembrandt a fait avec le clair-obscur, Rubens l'a fait avec l'incarnat.

Auteur: Joubert Joseph

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[ beaux-arts ] [ texte-image ] [ peinture ]

 
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Grèce antique

Platon, Xénophon et les autres écrivains de l'école de Socrate, ont les évolutions du vol des oiseaux ; ils font de longs circuits ; ils embrassent beaucoup d'espace ; ils tournent longtemps autour du point où ils veulent se poser, et qu'ils ont toujours en perspective ; puis enfin ils s'y abattent. En imaginant le sillage que trace en l'air le vol de ces oiseaux, qui s'amusent à monter et à descendre, à planer et à tournoyer, on aurait une idée de ce que j'ai nommé les évolutions de leur esprit et de leur style. ce sont eux qui bâtissent des labyrinthes, mais des labyrinthes en l'air. Au lieu de mots figurés ou colorés, ils choisissent des paroles simples et communes, parce que l'idée qu'ils les emploient à tracer, est elle-même une grande et longue figure. Aristote redressa toutes les règles et ajouta, dans toutes les sciences, aux vérités connues, des vérités nouvelles. Son livre est un océan de doctrines, et comme l'encyclopédie de l'antiquité. C'est de lui que le savoir a découlé comme d'une source dans les siècles qui l'ont suivi.

Auteur: Joubert Joseph

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[ culture occidentale ]

 

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continent

Voici comment on pourrait diviser le commerce des nations, d'après leur caractère : l'espagnol(1), joaillier, orfèvre, lapidaire ; l'anglais(2), manufacturier ; l'allemand(3), marchand de papiers ; le hollandais(4), marchand de vivres, et le français(5) marchand de modes. Dans la navigation, le premier est courageux, le second habile, le troisième savant, le quatrième industrieux, et le cinquième hasardeux. Il faut donner à un vaisseau un capitaine espagnol, un pilote anglais, un contre-maître allemand et des matelots hollandais ; le français ne marche que pour son compte. Il faut proposer au premier une conquête ; une entreprise au second, des recherches au troisième, au quatrième du gain, et un coup de main au cinquième. Le premier veut de grands voyages, le second des voyages importants, le troisième des voyages utiles, le quatrième des voyages lucratifs, et le cinquième des voyages rapides. Le premier s'embarque pour aller, le second pour agir, le troisième pour voir, le quatrième pour gagner, et le cinquième pour arriver. La mer enfin est pour l'espagnol un chemin, pour l'anglais un lieu, pour l'allemand un cabinet d'étude, pour le hollandais une voie de transport, et pour le français une chaise de poste.

Auteur: Joubert Joseph

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[ Europe ] [ typologies ]

 

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spiritualité

Pour créer le monde, un grain de matière a suffi ; car tout ce que nous voyons, cette masse qui nous effraie, n'est rien qu'un grain que l'éternel a créé et mis en oeuvre. Par sa ductilité, par les creux qu'il enferme et l'art de l'ouvrier, il offre, dans les décorations qui en sont sorties, une sorte d'immensité. Tout nous paraît plein, tout est vide, ou, pour mieux dire, tout est creux. Les éléments eux-mêmes sont creux ; Dieu seul est plein. Mais ce grain de matière, où était-il ? Il était dans le sein de Dieu, comme il y est présentement."rien ne se fait de rien", disent-ils ; mais la souveraine puissance de Dieu n'est pas rien ; elle est la source de la matière aussi bien que celle de l'esprit. Le monde est monde par la forme ; par le fond il n'est rien qu'un atome. En retirant son souffle à lui, le créateur pourrait en désenfler le volume et le détruire aisément. L'univers, dans cette hypothèse, n'aurait ni débris ni ruines ; il deviendrait ce qu'il était avant le temps, un grain de métal aplati, un atome dans le vide, bien moins encore, un néant.

Auteur: Joubert Joseph

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[ âme ] [ profondeur ]

 

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