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solitude

Rien n'est grave. Hors de vieillir sans douceur.

Auteur: Lafon Marie-Hélène

Info: L'annonce

[ sénescence ] [ misère ]

 

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routine

Hier ma voisine du quatrième est morte. Il y a comme ça des périodes où les plaques tectoniques de nos vies se mettent en mouvement, où les coutures des jours craquent, où l'ordinaire sort de ses gonds ; ensuite le décor se recompose et on continue.

Auteur: Lafon Marie-Hélène

Info: Nos vies

[ changement ]

 

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hommes-par-femme

...ses seins qui avaient surgi l’année précédente, en quelques mois. Et aussitôt le regard aimanté des mâles, tous, les vieux les jeunes, les possibles et les impossibles, les longs maigres et les courts suiffés, les très ordinaires qui n’oseront pas et les très remarquables qui vous foudroient d’un œil souverain, tous, confinés dans leur viande et nantis du fatidique instrument.

Auteur: Lafon Marie-Hélène

Info: Nos vies

[ puberté ] [ meute ] [ moitié du monde ] [ verge ]

 

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femmes-par-femme

L’homme n’a jamais beaucoup parlé ni compris ce besoin que les femmes ont, souvent, pas toutes les femmes mais presque toutes, de mettre des paroles sur les moments, sur les choses et sur les gens, entre eux, à leur propos, de dire pourquoi et de dire comment, de justifier et d’expliquer, de raconter, de remonter aux sources, de comprendre, de juger, de condamner, d’absoudre, de pardonner, d’éreinter les phrases et les mots, toujours les mêmes phrases et les mêmes mots.

Auteur: Lafon Marie-Hélène

Info: Nos vies

[ besoin ] [ irrépressible ] [ bavardes ] [ loquaces ]

 

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ruisseau

Au commencement le monde est fendu. Au commencement il y a la fente, la Santoire et sa mouillure vive au fond de la vallée qu'elle a creusée. La Santoire est une rivière, la rivière.
(...) la rivière feule dans le noir, elle bouge dans les plis de la nuit. Je connais la rivière par les cailloux ronds qui lui font double cortège et tapissent son lit, on s'y tord les pieds, les cailloux sont bleus, ils sont gris, ils inventent des gris et la voûte des frênes trouée de lumière chatoie sur eux au long des après-midi de tous les étés dans le présent qui n'en finit pas de l'enfance immobile.

Auteur: Lafon Marie-Hélène

Info: Traversées

[ torrent ] [ cours d'eau ]

 

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femmes-par-femmes

La capacité de recommencement des femmes, et des hommes parfois, me terrasse, et m’émeut. C’est là, c’est donné, il suffit de regarder et d’écouter. Les femmes surtout, certaines, comme elles sont vaillantes, comme elles veulent y croire, et paient de leur personne, de tout leur corps qui fabrique les enfants, et les nourrit ; et elles se penchent, vêtent, nouent les écharpes, ajustent les manteaux, consolent vérifient admonestent caressent, ça ne finit pas. Comme elles sont dévorées et y consentent ou n’y consentent pas ou n’y consentent plus mais peuvent encore, font encore, parce qu’il le faut et que quelque chose en elles résiste, continue. C’est chaque jour et au bout des jours ça fait une vie.

Auteur: Lafon Marie-Hélène

Info: Nos vies

[ admiration ] [ dépassement ]

 

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incarnation

Double truchement et double tamis du corps; le monde est tamisé par mon corps avant, mille ans avant d'avoir commencé à écrire, avant même d'en avoir eu le désir sans nom au moment de l'entrée au CP et de l'apprentissage du rudiment, puisqu'on ne saurait être, je ne saurais être au monde autrement qu'avec le corps, en corps en corps; et après, après et pendant le travail d'écriture, le recours au tamis s'impose avec la lecture à voix haute qui m'a été nécessaire dès Liturgie, le tout premier texte écrit à l'automne 1996; nécessaire pour ajuster la chose, phrase à phrase, mot à mot. Le corps dans l'écriture et le corps à corps dans l'écriture c'est aussi cet exercice crucial et charnel de la lecture à voix haute.

Auteur: Lafon Marie-Hélène

Info: Chantiers

[ source ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

chapelles

Je ne crois en rien, nous sommes seuls et nous ne serons pas secourus, mais j'aime les églises alanguies dans le creux des après-midi. Je ne parle pas des cathédrales orgueilleuses ni des basiliques perchées, ni de la Madeleine ni de Saint-Germain-des-Prés, ni de Saint-Etienne-du-Mont ni de Saint-Sulpice, je parle des églises sans qualité, des églises de semaine, assoupies, à peine frottées de catéchèse par des dames de bonne volonté que chapeaute de loin un prêtre encore jeune, expéditif et souriant. Même dans les villes, même à Paris, à l'heure du goûter, la trépidance ordinaire reflue dans le ventre des modestes églises de quartier ; la température y est à peu près constante, la lumière aussi, le temps s'y oublie, on y berce à bas bruit des douleurs irrémédiables, personne ne demande rien à personne, le confessionnel est vide, les araignées s'affairent, ça sent la poussière froide.

Auteur: Lafon Marie-Hélène

Info: Nos vies

[ maison de Dieu ] [ sanctuaire ] [ recueillement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

légèreté

Il faut que la jeunesse rie, elle soulignait cet adage de son index droit pointé, et appuyait sciemment sur le "e" final du verbe rire. Quand elle me faisait réciter mes conjugaisons, à l'école primaire, elle choisissait toujours des verbes joyeux, nous les appelions les joyaux de la couronne, récite-moi un joyeux joyau du troisième groupe Jeanne, et détache bien les lettres que je vois si c'est su ; nous avions des favoris, revivre, comprendre, résoudre, elle détestait conquérir et moudre ou traire, mais rire était notre préféré. Nous avions beaucoup ri avec Karim ; en cela aussi nous avions été jeunes. Aujourd'hui, dans le métro, dans le bus, ou dans la rue, ici dans l'avenue, devant le collège Courteline, il m'arrive encore de surprendre ces rires irrépressibles, cascadés, qui secouent à l'unisson et rassemblent une grappe mouvante de filles ou de garçons oublieux du monde sous le regard interrogateur, furibard, effaré des autres, des adultes, des vieux, des gens, des tristes, des assis, des rassis.

Auteur: Lafon Marie-Hélène

Info: Nos vies

[ gaieté ] [ marrades ] [ éducation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

décalage générationnel

Dans les fermes où on se fait la guerre entre vieux et jeunes, c'est dur pour l'ouvrier qui se trouve sans savoir de quel côté se tourner quand l'un a dit blanc et l'autre noir. Joseph en a séparé des pères et des fils, ou des frères, ça s'empoignait au fond de l'étable ou à la grange, juste à côté de la trappe ouverte sur un escalier bien raide, il a reçu des coups perdus et ensuite on l'a regardé de travers parce qu'il avait vu ce qui doit rester caché dans le secret des familles. C'est la boisson qui est le pire. Tant que les parents sont là et en bonne santé pour aider, ils ont leur mot à dire et le fils continuera le fromage, le saint-nectaire, parce que la ferme est dans la zone d'appellation contrôlée, juste à la limite mais encore dans la zone ; dans une ferme organisée comme celle-là, on a besoin d'un ouvrier comme lui pour aider et on peut le payer uniquement si on transforme le lait ; mais tout le monde sait ce que le fils pense ; le fils pense qu'ils travaillent pour payer l'ouvrier, à cause des charges, et que c'est un système périmé.

Auteur: Lafon Marie-Hélène

Info: Joseph

[ campagne ] [ paysan ] [ rapports humains ] [ tensions ]

 

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