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Gaule

Vous rendez-vous compte, messieurs, de tout ce qu'il y a d'inouï, de prodigieux, d'incompréhensible, et par cela même d'inexplicable pour toute science purement humaine, non pas seulement dans les hauts faits de la guerrière improvisée ou dans la constance de l'indomptable prisonnière, mais en particulier et précisément dans la résolution initiale de l'humble bergère de Domrémy ?
Perdue au fond d'un obscur village du pays lorrain, isolée avec ses troupeaux au milieu des champs et des bois, n'étant ni assez riche pour avoir à craindre pour ses domaines, ni assez pauvre pour avoir à fuir la misère, n'ayant aucun intérêt personnel, aucun esprit de vengeance ou d'ambition, sans autre guide que son instinct, sans autre aide que sa foi, la noble créature a conçu à elle seule et par elle-même ce que devait être une nation, ce qu'était une Patrie. Elle a souffert des maux de la France, elle a saigné de ses blessures, elle s'est désespérée de ses défaites et de son invasion, comme d'un mal personnel, comme d'une plaie à son propre corps, comme d'une atteinte à son propre honneur.
Car ses voix du ciel, dont je ne doute pas, ses voix ne se sont pas adressées à une indifférente, elles ne sont pas venues réveiller un coeur endormi ; elles ont plutôt fini par répondre aux supplications, aux prières et aux angoisses incessantes d'une âme déchirée "par la grande pitié qui était au royaume de France".

Auteur: Déroulède Paul

Info: Qui vive ? France ! Quand même, Notes et discours 1883 1910, Sur Jeanne d'Arc, prononcé à Orléans le 6 mai 1909

[ nationalisme ] [ mystère ]

 

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armée

Dans ses revues, Napoléon demandait aux officiers et souvent même aux soldats dans quelles batailles, à quelles affaires ils avaient combattu; s'ils avaient reçu des blessures graves, il leur donnait la croix. C'est ici, ce me semble, le lieu de raconter un singulier charlatanisme auquel l'empereur eut recours, et qui contribua puissamment à enflammer l'enthousiasme des troupes. Il lui est arrivé de dire à un de ses aides de camp : " Sachez, du colonel de tel régiment, s'il a dans son corps un homme d'élite qui ait fait les campagnes d'Italie ou la campagne d'Egypte ; vous vous informerez de son nom, de son pays, de la position de sa famille, de ce qu'il a fait; vous saurez quel est son numéro dans le rang, à quelle compagnie il appartient, et vous m'en rendrez compte. " Le jour de la revue arrivé, d'un seul coup d'oeil Bonaparte voyait où était l'homme qu'il s'était fait désigner; il s'approchait de lui comme s'il l'eût reconnu, l'appelait par son nom, lui disait : " Ah ! ah! le voilà! Tu es un brave, je t'ai vu à Aboukir. Que fait ton vieux père ? Ah ! tu n'as pas la croix! tiens, je te la donne. " Et alors les soldats enchantés se disaient entre eux : " L'empereur nous connaît tous; il connaît notre famille, il sait ce que nous avons fait. " Quel véhicule donné à des soldats auxquels il parvint à persuader qu'ils pourraient tous devenir un jour maréchaux de l'empire !

Auteur: Bourrienne Louis Antoine Fauvelet de

Info: Mémoires

[ publicité ] [ manipulation ]

 

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menstruations

Ma première rencontre avec un tampon hygiénique a eu lieu en 1973, deux ans avant que j'aie mes règles. Mon frère, alors âgé de huit ans, avait trouvé dans le placard de ma mère une boîte de Tampax et s'en était servi comme canons pour jouer aux petits soldats. Ma mère jugea que le moment était venu de nous expliquer ce qu'était les menstruations. Mon frère en tira cette conclusion qui nous fait encore rire aujourd'hui : " Donc si je vois un jour une femme qui saigne, ça ne veut pas dire qu'elle a été assassinée ? "

Plusieurs hommes m'ont raconté depuis leur traumatisme d'avoir vu, par hasard, du sang couler d'entre les jambes de leur mère, et l'angoisse qu'ils avaient éprouvée à l'idée que les femmes - toutes les femmes ! - perdaient du sang comme ça, régulièrement, sans pleurer et sans demander un pansement. "Je ne pouvais pas m'ôter de l'idée que quelque chose ou quelqu'un avait fait mal à ma mère", me dit ainsi un ami, qui ne peut écouter la chanson de Léo Ferré, 'Cette blessure' *, sans pleurer à chaudes larmes. Mon frère, en apprenant que des femmes saignaient, avait d'ailleurs annoncé son projet d'aller combattre cet ennemi imaginaire qui s'attaquait à elles, ce qui permettait par la même occasion de conserver au jouet périodique son usage initial d'arme fatale.

Ma mère, qui avait déjà perdu une boîte entière de tampons dans la guerre secrète qu'il menait avec ses petits soldats, changea de cachette, le privant ainsi d'un usage récréatif du Tampax...

Auteur: Thiébaut Elise

Info: Ceci est mon sang, p. 97

[ femmes-hommes ]

 

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traumatisme

A la suite de graves commotions mécaniques, de catastrophes de chemin de fer et d’autres accidents mettant la vie en danger, on voit survenir un état qui a été décrit depuis longtemps et a gardé le nom de "névrose traumatique". [...] Le tableau clinique de la névrose traumatique se rapproche de celui de l’hystérie par sa richesse en symptômes moteurs similaires ; mais en règle générale, il le dépasse par ses signes très prononcés de souffrance subjective, évoquant par là l’hypocondrie ou la mélancolie, et par les marques d’un affaiblissement et d’une perturbation bien plus généralisés des fonctions psychiques. [...] Dans la névrose traumatique commune, deux traits saillants pourraient servir de point de départ à notre réflexion : premièrement, ce qui semble peser le plus lourd dans son déterminisme, c’est le facteur surprise, l’effroi ; deuxièmement, si le sujet subit en même temps une lésion ou une blessure, ceci s’oppose en général à la survenue de la névrose. Effroi, peur, angoisse sont des termes qu’on a tort d’utiliser comme synonymes ; leur rapport au danger permet de bien les différencier. Le terme d’angoisse désigne un état caractérisé par l’attente du danger et la préparation à celui-ci, même s’il est inconnu ; le terme de peur suppose un objet défini dont on a peur ; quant au terme d’effroi, il désigne l’état qui survient quand on tombe dans une situation dangereuse sans y être préparé ; il met l’accent sur le facteur surprise. Je ne crois pas que l’angoisse puisse engendrer une névrose traumatique ; il y a dans l’angoisse quelque chose qui protège contre l’effroi et donc aussi contre la névrose d’effroi.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Dans "Au-delà du principe de plaisir" (1920), trad. de l'allemand par Jean Laplanche et J.-B. Pontalis, éditions Payot, Paris, 2010, pages 47-49

[ psychanalyse ] [ ébranlement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

fuite

La plus remarquable des facultés de notre esprit est sans doute sa capacité à faire face à la douleur. Selon la pensée classique, l'esprit est doté de quatre portes, que chacun franchit selon la nécessité qui l'y pousse.
La première, c'est celle du sommeil. Le sommeil nous procure un abri loin du monde et de toutes ses souffrances. Le sommeil facilite le passage du temps, mettant à distance ce qui nous fait mal. Lorsqu'une personne est blessée, bien souvent, elle perd connaissance. De même, quelqu'un qui apprend une nouvelle bouleversante pourra s'évanouir. Franchir cette première porte, c'est la façon dont l'esprit se protège de la douleur.
La deuxième porte est celle de l'oubli. Il est des blessures trop profondes pour guérir, du moins pour s'en rétablir promptement. De surcroît, nombre de souvenirs sont tout simplement trop douloureux et on ne peut en espérer aucun apaisement. Le vieux dicton selon lequel "le temps guérit tous les maux" est faux. Le temps guérit la plupart des maux. Le reste est dissimulé derrière cette porte.
La troisième porte est celle de la folie. Il y a des moments où 'esprit subit un tel choc qu'il se réfugie dans la démence. Bien qu'il semble difficile de pouvoir en tirer quelque bénéfice que ce soit, c'est pourtant le cas : il est des moments où la réalité n'est que souffrance et pour échapper à cette souffrance, l'esprit doit s'affranchir de la réalité.
La dernière porte est celle de la mort. L'ultime recours. Rien ne peut nous atteindre une fois que nous sommes morts, du moins c'est ce que l'on nous a dit.

Auteur: Rothfuss Patrick

Info: Chronique du tueur de roi, 1ère journée : Le Nom du vent

[ refuge ] [ échappatoire ] [ évitement ]

 

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prolétariat

Plus les salaires sont bas, plus les conditions sont abusives. Les travailleurs des secteurs de l’alimentation et de l’hôtellerie, de l’agriculture, de la construction, des services domestiques, des centres d’appels, de l’industrie du vêtement, des entrepôts, de la vente au détail, des services de pelouse, des prisons, de la santé et d’aide à la personne sont les plus touchés. Walmart, par exemple, qui emploie près de 1 % de la main-d’œuvre américaine (1,4 million de travailleurs), interdit les conversations de couloir qu’il qualifie de "vol de temps". Le géant de l’industrie alimentaire Tyson empêche ses travailleurs de prendre des pauses toilette, ce qui les oblige à uriner sur eux-mêmes ; en conséquence, certains travailleurs doivent porter des couches. Les travailleurs plus âgés et intérimaires qu’Amazon emploie souvent sont soumis à des cadences exténuantes de 12 heures d’affilé au cours desquelles les moindres faits et gestes de l’employé sont scrutés électroniquement en vue de maintenir la productivité horaire. Certains travailleurs d’Amazon marchent des kilomètres sur un sol en béton et doivent souvent s’agenouiller pour faire leur travail. Ils souffrent souvent de blessures handicapantes suite à cela. Les employés blessés signent des décharges (indiquant que les blessures constatées ne sont pas liées au travail) avant de se faire licencier. Deux tiers des travailleurs des secteurs à bas salaires sont victimes de vols de salaires, perdant un montant estimé à 50 milliards de dollars par an. De 4 à 14 millions de travailleurs américains, sous la menace de réductions salariales, de fermetures d’usines ou de licenciements, ont subi des pressions de la part de leurs employeurs pour soutenir des candidats et des causes politiques favorables aux entreprises.

Auteur: Hedges Christopher Lynn

Info:

[ oppression ] [ néolibéralisme ] [ profit ] [ rationalisation ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

historique

A peine les sénateurs le virent-ils entrer, qu'ils se levèrent tous en signe d'honneur. Déjà ceux qui allaient le frapper se pressaient autour de lui. Avant tous Tillius Cimber, dont César avait exilé le frère, s'avance vers lui. Arrivé près de César, qui tenait ses mains sous sa toge, il le saisit par ses vêtements, et, avec une audace toujours croissante, il l'empêchait de se servir de ses bras et d'être maître de ses mouvements. César s'irritant de plus en plus, les conjurés se hâtent de tirer leurs poignards et se précipitent tous sur lui. Servilius Casca le premier le frappe, en levant son fer, à l'épaule gauche, un peu au-dessus de la clavicule, il avait voulu le frapper au cou, mais dans son trouble sa main s'égara. César se lève pour se défendre contre lui. Casca, dans son agitation, appelle son frère en langue grecque. Docile à sa voix, celui-ci enfonce son fer dans le côté de César. Mais, plus rapide que lui, déjà Cassius l'avait frappé à travers la figure. Decimus Brutus lui porte un coup qui lui traverse le flanc, tandis que Cassius Longinus, dans a précipitation joindre ses coups à ceux des autres, manque César, et va frapper la main de Marcus Brutus. Ainsi que lui, Minutius Basilus, en voulant atteindre César, blesse Rubrius Rufus à la cuisse. On eût dit qu'ils se disputaient leur victime. Enfin César, accablé de coups, va tomber devant la statue de Pompée ; et il n'y eut pas un seul conjuré qui, pour paraître avoir participé au meurtre, n'enfonçât son fer dans ce corps inanimé, jusqu'à ce que César eût rendu l'âme par ses trente-cinq blessures.

Auteur: Nicolas de Damas

Info: La mort de César

[ meurtre ] [ conjuration ]

 

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frangine

Ma soeur,

une nuée toujours ombrait

tes paupières.

Accoudée au balcon

- une enfant encore -

tu regardais la mer

dérouler le rêve

de la solitude sans fin.

Tu alimentais ton coeur

des feuilles de l'automne

La mère reflétait

l'énigme de son ombre

dans le fond de tes yeux.

La pâle lueur de ton visage

errait sur le plancher

de notre demeure.

Nous ne te vîmes jamais pleurer.

Là seulement sur tes tempes

les veines ténues

pareilles à des filons de lumière bleue

battaient la fièvre

de tes lèvres recluses.

(Combien de fois,

aux heures où tu dormais,

je me penchais sur elles pour y lire

ton secret.)

Remplie d'amour et de pitié

tu pansais nos blessures

et te taisais.

Ton silence avisait de tout.

Par les soirs d'hiver

tu avançais seule dans la forêt

pour soigner

les moineaux nus,

pour réchauffer

les insectes transis.

Grain à grain tu amassais en toi

les larmes des pauvres, des humbles.

Et quand s'effondra notre maison

ce fut toi encore qui resta droite

- ombre de la Sainte Vierge -

afin de me montrer les étoiles

au travers des trouées du toit.

Désormais ton silence s'est brisé

et dans le petit coquillage que tu cachais

j'ai écouté les clameurs de l'océan.

Ma soeur, il ne m'est resté

pas même une pierre où m'étendre.


Auteur: Yannis Ritsos

Info: Le chant de ma soeur : Edition bilingue français-grec.

[ eulogie ] [ poème ]

 
Ajouté à la BD par miguel

peintre-sur-écrivain

Il y a un truc qui m’a toujours épaté, c’est quand il a fait un mois de griffe, un mois de front, pas plus. Ça a été héroïque, y a eu des reproductions, on en a parlé dans Le Petit journal, toutim, médaillé militaire... Mais il avait la bonne blessure. Ça n’empêche pas qu’il a rempilé pour Londres. Il était patriote, quoi. Il l’a toujours été. Quand il avait sa médaille militaire, il était très fier de la porter. Un jour, il y a Ferdine qui dit à Geoffroy : "Bon, je t’invite à dîner ce soir.". L'autre répond : "C’est pas possible. T’as hérité ?". Il dit : "T’en fais pas.".

Ils vont dans une "French soupe", un restaurant français, et ils bouffent toute la carte. Geoffroy l'attendait, [ se disant ] : "Il va sortir son mornifle.". Il appelle le patron. Il s'était mis en uniforme, Ferdine, et il dit au tôlier : "Est-ce qu’on paie avec une médaille comme ça ?". Alors, l’autre, il a donné le coup de chapeau, tu comprends. Ferdine avait gagné. [ ... ]

Enfin, il aimait le panache... C’est marrant, physiquement, il avait une belle gueule quand il était jeune, mais il avait un corps de gonzesse, dis donc, pas un muscle ! Et des fois, il jouait, il allongeait la jambe comme ça, disant : "J’aurais pu jouer les fées." Puis, il avait une grosse tronche, il chaussait du 60 comme tronche. Il n'a jamais pu mettre un chapeau. Il m'a dit : "Moi, j’ai une bouille à porter la couronne, j’ai une tête de roi.". Je peux pas en dire autant. On m'a toujours dit que j'avais une tête d'épingle. C'est un peu l'esprit de Ferdine, ça lui réussissait pas mal..."


Auteur: Paul Gen Eugène

Info: A propos de Céline - Destouche, recueilli au cours de l'émission Bibliothèque de poche de Michel Polac, diffusée sur l'O.R.T.F. les 8 et 18 mai 1969

[ anecdote parigotte ]

 

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embourgeoisement

C'est peut-être vrai que je suis un lâche, ainsi que l'ont dit sous l'Odéon les bonnets rouges et les talons noirs ! Voilà des semaines que je suis pion, et je ne ressens ni un chagrin ni une douleur ; je ne suis pas irrité et je n'ai point honte. J'avais insulté les fayots de collège ; il paraît que les haricots sont meilleurs dans ce pays-ci, car j'en avale des platées et je lèche et relèche l'assiette.

En plein silence de réfectoire, l'autre jour, j'ai crié, comme jadis, chez Richefeu :

"Garçon, encore une portion !"

Tout le monde s'est retourné, et l'on a ri.

J'ai ri aussi - je suis en train de gagner l'insouciance des galériens, le cynisme des prisonniers, de me faire à mon bagne, de noyer mon coeur dans une chopine d'abondance - je vais aimer mon auge !

J'ai eu faim si longtemps ! 

J’ai si souvent serré mes côtes, pour étouffer cette faim qui grognait et mordait mes entrailles, j’ai tant de fois brossé mon ventre sans faire reluire l’espoir d’un dîner, que je trouve une volupté d’ours couché dans une treille à pommader de sauce chaude mes boyaux secs.

C’est presque la joie d’une blessure guérie à chatouiller.

[...]

 Mon père était plus courageux, et je me rappelle avoir vu luire de la haine dans ses yeux, quand il était maître d’étude, lui qui ne jouait pas au révolutionnaire cependant, qui n’avait pas vécu dans les temps d’émeute, qui n’avait jamais crié aux armes, qui n’avait pas été à l’école de l’insurrection et du duel !

J’en suis là –et j’ai trouvé dans ce lycée la tranquillité de l’asile, le pain du refuge, la ration de l’hôpital.

Auteur: Vallès jules

Info: Dans "L'Insurgé", Librairie générale française, 1986, pages 17-18

[ revanche ] [ pauvreté ]

 
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