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quête

Je songe à La promesse de l’aube, feuilletée hier, dans la bibliothèque. À ses passages poignants à la fin du livre, où l’auteur parle de la difficulté de vivre quand on a été tellement aimé jeune, parce qu’ensuite, toute son existence, on espère, on attend de retrouver le même amour et on passe son temps à attendre ce que l’on a déjà reçu. Dans mon cas, j’ai vécu exactement le contraire, toute ma vie, je l’ai passée à chercher sans trop de réussite ce que je n’ai jamais reçu.

Auteur: Bianco Nathalie

Info: Les Petites

[ grandir ] [ désenchantement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

vieillir

(...) les années d'études sont les seules années heureuses, les seules années où l'avenir paraît ouvert, où tout paraît possible, la vie d'adulte ensuite, la vie professionnelle n'est qu'un lent et progressif enlisement, c'est même sans doute pour cette raison que les amitiés de jeunesse, celles qu'on noue pendant ses années d'étudiant et qui sont au fond les seules amitiés véritables, ne survivent jamais à l'entrée dans la vie adulte, on évite de revoir ses amis de jeunesse pour éviter d'être confronté aux témoins de ses espérances déçues, à l'évidence de son propre écrasement.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Sérotonine, p.148, Flammarion, 2019

[ désillusion ] [ désenchantement ] [ pessimisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

définition

On peut entendre "déchariter" comme ce qui s’oppose à faire la charité, c’est-à-dire ce qui situe l’acte dans un franchissement de l’imaginaire. On peut aussi comprendre "déchariter" comme une reconfiguration de la charité en charité du déchet, dans le sens où l’analyste vient occuper la place du "rebut de la jouissance" - ce qui tombe du réel, la place de l’objet a -, mais aussi dans le sens où l’acte analytique accorde une valeur centrale à ce qui n’en a pas dans le champ social, l’abject même. On pourrait dire que "déchariter" est une sorte de grâce du symptôme.

Auteur: Causse Jean-Daniel

Info: Dans "Lacan et le christianisme", pages 157-158

[ lacanien ] [ néologisme ] [ ennui ] [ désenchantement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

lucidité

Ce sinistre jeu de massacre, auquel se livrent depuis toujours les faiseurs de pluie et de beau temps, l'avait-il écœurée avant même de prendre corps ? Avait-elle eu peur ? Assez pour mettre fin à ses jours ?
Tous ces mystères — dont la presse d'aujourd'hui continue de faire des gorges chaudes — sont les cadets de mes soucis. Ce sont des effets de manches, des supercheries, des fables que se racontent entre eux les braves gens, tandis que la vie des autres leur passe sous le nez. Tous ces bavardages croquent sous la dent et il n'en faut pas plus pour les occuper. Je les envie. J'aimerais leur ressembler. Je donnerais tout ce que je possède pour n'avoir, comme eux, qu'à m'étonner du geste d'Éva.

Auteur: Emery Alain

Info: La Racine du Fleuve, Quatre joueurs attablés

[ désenchantement ]

 

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vieillesse

Que j’en ai vus de cœurs intermittents, de géographies élastiques, de situations fluides, de fortunes fondantes, de mœurs chancelantes, de monnaies à éclipses, de vérités contradictoires, toutes définitives ! Notre âge est las des farces et attrapes du Destin ; il est blasé sur l’inattendu. Je m’habitue mal à des rapports humains de plus en plus inharmoniques et contentieux, à travers des dialogues qui ne sont plus que deux monologues, où la logique et l’irrationnel, où Descartes et Lautréamont, nous sollicitent en même temps ; on nous fait cadeau de la vitesse, laquelle engendre le sur-place ; les voitures deviennent des maisons, et les maisons, des caravanes ; le bout du monde n’existe pas plus que le bout de nos embarras ; le lendemain n’est jamais celui qu’on attendait.

Auteur: Morand Paul

Info: Discours de réception à l’Académie française, 20 mars 1969,

[ blasement ] [ désenchantement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

désillusion

Si la personnalité est une série ininterrompue de gestes réussis, alors il y avait quelque chose de magnifique chez lui, une sensibilité accrue aux promesses de la vie, comme s'il était lié à l'une de ces machines complexes qui enregistrent les tremblements de terre à dix mille kilomètres de distance. Cette sensibilité n'avait rien à voir avec cette impressionnabilité molle qu'on qualifie de "tempérament créatif" - il s'agissait plus d'un don extraordinaire pour l'espoir, d'un empressement romantique tel que je n'en ai jamais trouvé chez aucune autre personne et qu'il est peu probable que je retrouve un jour. Non, Gatsby avait finalement bien réussi à s'en sortir ; c'est ce qui lui arriva ensuite, la poussière nauséabonde qui flottait dans le sillage de ses rêves, qui mit temporairement fin à mon intérêt pour les peines avortées et autres éphémères exaltations des hommes.

Auteur: Fitzgerald Francis Scott

Info: Gatsby le magnifique.

[ désenchantement ] [ rupture ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

déprime

C'est drôle ce sentiment de vide en moi, comme si le monde qui m'entoure n'avait plus de couleurs, les fruits plus de saveurs. Quand je regarde autour de moi, rien à changer. Les fleurs fanent et les arbres jaunissent, mais je sais que tout renaîtra au printemps. Les gens courent toujours après leur routine, se disputent de temps à autre pour pimenter leurs soirées, font des projets qui n'aboutiront pas, croient en un monde meilleur alors qu'ils passent leur vie à le détruire. Et moi, je suis là perdue au milieu de toutes ces choses qui m'échappent, de toutes ces questions sans réponses, et de cette attente qui n'en finit pas. Parfois, je me demande ce que je fais sur cette planète, je n'arrive plus à distinguer le bon chez les gens, comme s'ils avaient oublié d'où ils venaient, quand je les vois asphyxier la Terre qui les as vus naître et qui leur permet d'exister. Je ne me posais pas tant de questions avant. Cette séparation m'a anéanti au point de remettre en cause toute mon existence. Toute l'existence. Je m'aperçois avec désespoir que je n'ai plus de rêves à réaliser. Morts comme notre amour.

Auteur: Cordier Maud

Info: Quand le ciel descend sur la Terre, tome 1

[ désenchantement ] [ rupture ]

 

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grandir

"Les histoires ont changé, mon cher garçon", dit l'homme au costume gris, un fond de mélancolie dans la voix. "Il n'y a plus de batailles entre le bien et le mal, plus de monstres à tuer, plus de jeunes filles à sauver. Selon mon expérience, la plupart des jeunes filles sont parfaitement capables de se sauver elles-mêmes, du moins celles qui valent quelque chose. Oublie les contes simplistes avec des quêtes, des animaux et des fins heureuses. Les quêtes manquent de clarté quant au but ou au chemin. Les animaux y prennent des formes différentes et sont difficiles à reconnaître pour ce qu'ils sont. Et l'idée d'une fin, heureuse ou pas, est une illusion. Les choses ne cessent de se chevaucher et se confondre, ton histoire est une partie de l'histoire de ta sœur, et de beaucoup d'autres, et on ne sait où elles peuvent mener. Le bien et le mal sont bien plus complexes qu'une princesse et un dragon, ou qu'un loup et une petite fille vêtue de rouge. Le dragon n'est-il pas le héros de sa propre histoire finalement ? Et le loup, n'agit-il pas simplement comme un loup devrait agir ? Même s'il est un peu spécial puisque capable de se déguiser en grand-mère pour jouer avec sa proie".

Auteur: Morgenstern Erin

Info: The Night Circus

[ fables démystifiées ] [ désenchantement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

imagination

Tout est absurde. Celui-ci consacre sa vie à gagner de l’argent pour le mettre de côté, sans avoir seulement d’enfants à qui le laisser, ni le moindre espoir de voir quelque ciel réserver un sort transcendantal à sa fortune. Cet autre consacre tous ses efforts à se faire une réputation qui ne lui servira qu’une fois mort, mais il ne croit nullement à la survie qui lui permettrait de jouir de cette même réputation. Cet autre encore s’épuise à rechercher mille choses qu’en fait il n’apprécie nullement. Un autre, un peu plus loin (…)

Celui-ci lit pour savoir, inutilement. Cet autre jouit pour vivre, tout aussi inutilement.

Je me trouve dans un tram, et j’examine lentement, à mon habitude, tous les détails concrets des personnes qui se trouvent devant moi. Pour moi les détails sont des choses, des mots, des lettres. Cette robe que porte la jeune fille assise en face de moi, je la décompose en ses divers éléments : l’étoffe dont elle est faite et le travail qu’elle a coûté — puisque je la vois en tant que robe, et non pas comme simple étoffe ; la fine broderie qui borde le ras du cou se décompose à son tour : le galon de soie dont on l’a brodé, et le travail qu’a demandé cette broderie. Et immédiatement, comme dans un ouvrage primaire d’économie politique, se déploient sous mes yeux les usines et les activités diverses — l’usine où l’on a fabriqué le galon, d’un ton plus foncé, qui a servi à orner, de petites choses entortillées, l’endroit qui fait le tour du cou ; et je vois les ateliers dans les usines— machines, ouvriers, cousettes — mes yeux tournés vers le dedans pénètrent dans les bureaux, je vois les directeurs chercher un peu de calme, et je surveille, dans les registres, la comptabilisation de chaque chose ; mais je ne m’arrête pas là : je vois, au-delà, la vie familiale de ceux dont la vie quotidienne s’écoule dans ces usines, dans ces bureaux… Le monde entier se déroule sous mes yeux, du seul fait que j’ai devant moi, au-dessous d’un cou brun, qui par ailleurs supporte je ne sais quelle tête, une bordure, irrégulièrement régulière, d’un vert sombre sur le vert plus clair de la robe.

La vie sociale tout entière gît sous mon regard.

En outre, je devine les amours, les cachotteries et l’âme de tous ceux qui ont œuvré pour que la femme qui se trouve là, devant moi, dans un tram, porte, autour de son cou de mortelle, la sinueuse banalité d’un galon de soie vert sombre se détachant sur un tissu d’un vert plus clair.

J’ai le vertige. Les banquettes du tram, dont le siège est garni de paille aux brins alternativement plus fins et plus robustes, m’emportent vers des régions lointaines, se multiplient en industries, ouvriers et maisons d’ouvriers, existences, réalités — tout.

Je descends du tram, épuisé, somnambulique. J’ai vécu la vie tout entière.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info: Oeuvre poétique, NRF 2001

[ réalité support ] [ désenchantement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

question

Stephen Paddock, le papy du futur ?
La tuerie de Las Vegas préfigure peut-être une nouvelle criminalité, celle des vieux et des malades qui n’ont rien à perdre dans une société du tout juridique où la morale n’a plus d’effet.
Stephen Craig Paddock, le tueur de Las Vegas, était trop vieux, trop riche, trop indifférent à la religion, à la politique - et même aux armes à feu - pour que son geste soit intelligible selon les grilles d’interprétation ordinaires. Et loin d’être un fou ou un être isolé, il était "normal", il avait une famille et une fiancée. Il n’avait d’ailleurs pas le moindre antécédent judiciaire. Angoissée par cette absence de sens, la presse chercha dans ses gènes l’explication de son massacre : son père avait été un gangster. Mais cette hypothèse loufoque ne satisfit personne. On prêta très peu d’attention au fait qu’il choisit de tuer des jeunes gens qui écoutaient un concert de musique country, celle que l’affreux retraité adorait. Des jeunes, donc, auxquels il aurait pu s’identifier. Comme si, au crépuscule de sa vie, il regrettait tant de quitter ses joies et ses délices qu’il en devint hargneux et envieux au point de vouloir éliminer ceux qui avaient devant eux de longues décennies pour en profiter.
Peut-être avait-il choisi d’en finir avec sa propre existence, ne supportant pas la vieillesse ou une maladie grave. Mais avant, Paddock voulait assouvir sa haine envers les jeunes bienheureux.
Cette hypothèse serait terrifiante si on la prenait non pas comme l’explication de l’acte isolé d’un homme mais comme une nouvelle manière d’appréhender nos rapports aux normes. En effet, que se passerait-il si la seule contrainte que nous ressentions était celle de la loi, si nous nous détachions complètement de celle de la morale ? Celle-ci était la grande obsession de la romancière américaine Patricia Highsmith. Dans son roman Ripley s’amuse, elle avait imaginé les comportements d’un homme, au bord de la mort, à qui l’on proposait de tuer pour sauver sa famille de la misère.
Bien sûr, la plupart de ceux qui arrivent à la fin de leur vie ne commettent pas des actes aussi graves, même si ces derniers restent impunis, parce que des contraintes morales les en empêchent justement.
Mais notre société ne cesse de saper ce rapport que nous entretenons avec la morale.
Depuis quelques décennies, l’Etat cherche à régler l’ensemble de nos comportements, ceux qui atteignent les autres, mais aussi ceux qui ne portent atteinte qu’à nous-mêmes, et cela commence de plus en plus tôt dans la vie. Il est vrai que les instances dites intermédiaires, comme la famille, l’école ou le travail, sont si fragilisées qu’elles peinent à imposer des normes. Désormais, ces institutions semblent incapables de fonctionner sans que les comportements, y compris les plus anodins, soient réglés par le droit. Ce nouveau travers de nos sociétés n’a-t-il pas comme conséquence l’incroyable cynisme que l’on peut attribuer à Paddock ? Ce travers permet, en effet, d’éviter les comportements antisociaux les plus graves, seulement si l’on risque d’être pris et puni.
Dans un tel monde, le groupe le plus redouté serait celui constitué par les personnes très âgées ou très malades, celles qui n’ont plus rien à perdre, et non plus par les jeunes. Complètement indifférentes à leur réputation post-mortem, elles formeraient des bandes se livrant aux pires turpitudes et suscitant la peur autour d’elles. Leur cynisme sera tel qu’elles devront être l’objet d’une surveillance constante et envahissante.
Des dispositifs techniques de contrôle viendront combler l’absence de sentiment de culpabilité des citoyens, celui-ci n’étant plus intérieur mais extérieur. Sauf à faire marche arrière sur cette bêtise qu’est le tout juridique, sauf à redonner du pouvoir aux instances intermédiaires, lesquelles devront être repensées à leur tour.
Mais quels efforts ne serions-nous pas prêts à faire pour éviter que des tueries comme celles de Sin City (Frank Miller et Robert Rodriguez, 2005), la ville du vice et du péché, ne deviennent aussi banales que les divorces ou les vols ? Pour empêcher que des salauds comme Paddock ne deviennent demain le type le plus courant du papy.

Auteur: Iacub Marcela

Info: Le nouvel observateur, 6 octobre 2017, 18:56

[ normalisation ] [ désenchantement ] [ tueur de masse ] [ amoralité ]

 

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