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nosologie psychologique

Comment se présente la maladie créatrice ? Souvent comme une névrose banale, qualifiée de "neurasthénie" ou de tout autre diagnostic conforme aux théories psychiatriques du jour. On observe des symptômes de dépression, d'épuisement, d'irritabilité, de l'insomnie, des maux de tête, des névralgies. Plus rarement, la maladie créatrice prend l'allure d'une psychose plus ou moins grave, ou encore revêt le caractère d'une maladie psychosomatique. Dans tous les cas, cependant, elle se distingue par quelques traits caractéristiques. Généra­lement, le début succède à une période de travail intellectuel intense, à de longues réflexions, à des méditations, peut-être encore à un travail plus technique tel que la recherche et l'accumulation du matériel intellectuel.

Pendant la maladie, le sujet est généralement obsédé par une préoccupation dominante qu'il laisse parfois apparaître mais cache souvent. Il est préoccupé par la recherche d'une chose, d'une idée qui lui importe par-dessus tout et qu'il ne perd jamais complètement de vue.

La terminaison est vécue non seulement comme libération d'une longue période de souffrances, mais comme une illumination. L'esprit du sujet est alors envahi par une idée nouvelle qui lui apparaît comme une révélation ou un ensemble de révélations. La guérison est souvent brusque, à tel point que le sujet peut en donner la date exacte. Elle est généralement suivie d'un sentiment d'exaltation, d'euphorie et d'enthousiasme si intenses que le sujet peut arriver à se sentir dédommagé d'un seul coup de toutes ses souffrances passées.

Auteur: Ellenberger Henry F.

Info: Traité d'anthropologie médicale

[ autoguérison spontanée ] [ obsession ]

 

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étymologie

Ceux qui furent nos ancêtres, par exemple, ont très bien su nommer les leurs par l'union partielle du mot Ancien avec celui d'ÊTRE, comme ils firent beffroi de BEL EFFROI. Voyez comment ils opérèrent jadis sur les deux mots latins DUO et IRE, dont ils firent DUIRE, aller deux ensemble, et par une extension très naturelle, mener, conduire. Du pronom personnel SE, de l'adverbe relatif de lieu HORS, et d'une terminaison verbale TIR, ils ont fait S-OR TIR, c'est-à-dire SEHORSTIR, ou mettre sa propre personne hors de l'endroit où elle étoit, ce qui me paroît merveilleux. Etes-vous curieux de savoir comment ils unissoient les mots à la manière des Grecs ? Je vous citerai celui de COURAGE, formé de COR et de RAGE, c'est-à-dire rage du cœur ; ou, pour mieux dire, exaltation, enthousiasme du cœur (dans le sens anglois de RAGE). Ce mot fut dans son principe une traduction très heureuse du thymos grec qui n'a plus aujourd'hui de synonyme en français. Faites avec moi l'anatomie du mot INCONTESTABLE : vous y trouverez la négation IN, le signe du moyen et de la simultanéité CUM , la racine antique TEST, commune, si je ne me trompe, aux Latins et aux Celtes, et le signe de la capacité ABLE, du latin HABILIS, si l'un et l'autre ne viennent pas encore d'une racine commune et antérieure. Ainsi le mot incontestable signifie exactement une chose si claire qu'elle n'admet pas la preuve contraire. 

Auteur: Maistre Joseph de

Info: Dans "Les soirées de Saint Petersbourg", Deuxième entretien, 1836, pages 91-92

[ fusion ] [ néologismes antiques ]

 

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exaltation

Dans "passion" nous ne sentons plus "ce qui souffre" mais "ce qui est passionnant". Et pourtant, la passion d'amour signifie, de fait, un malheur. La société où nous vivons et dont les mœurs n'ont guère changé, sous ce rapport, depuis des siècles, réduit l'amour-passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme de l'adultère. Et j'entends bien que les amants invoqueront tous les cas d'exception, mais la statistique est cruelle : elle réfute notre poésie.
Vivons-nous dans une telle illusion, dans une telle "mystification" que nous ayons vraiment oublié ce malheur ? Ou faut-il croire qu'en secret nous préférons ce qui nous blesse et nous exalte à ce qui semblerait combler notre idéal de vie harmonieuse ?
Serrons de plus près cette contradiction, par un effort qui doit paraître déplaisant, puisqu'il tend à détruire une illusion. Affirmer que l'amour-passion signifie, de fait, l'adultère, c'est insister sur la réalité que notre culte de l'amour masque et transfigure à la fois ; c'est mettre au jour ce que ce culte dissimule, refoule, et refuse de nommer pour nous permettre un abandon ardent à ce que nous n'osons pas revendiquer. La résistance même qu'éprouvera le lecteur à reconnaître que passion et adultère se confondent le plus souvent dans la société qui est la nôtre, n'est-ce pas une première preuve de ce fait paradoxal : que nous voulons la passion et le malheur à condition de ne jamais avouer que nous les voulons en tant que tels ?

Auteur: Rougemont Denis de

Info: L'amour et l'Occident

[ autodestruction ] [ transgression ]

 

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quête intellectuelle

Le calme et le silence nécessaires au savant ont je ne sais quoi de doux, d’enivrant comme l’amour. L’exercice de la pensée, la recherche des idées, les contemplations tranquilles de la science nous prodiguent d’ineffables délices, indescriptibles comme tout ce qui participe de l’intelligence, dont les phénomènes sont invisibles à nos sens extérieurs. Aussi sommes-nous toujours forcés d’expliquer les mystères de l’esprit par des comparaisons matérielles. Le plaisir de nager dans un lac d’eau pure, au milieu des rochers, des bois et des fleurs, seul et caressé par une brise tiède, donnerait aux ignorants une bien faible image du bonheur que j’éprouvais quand mon âme était baignée dans les lueurs de je ne sais quelle lumière, quand j’écoutais les voix terribles et confuses de l’inspiration, quand d’une source inconnue les images ruisselaient dans mon cerveau palpitant. Voir une idée qui pointe dans le champ des abstractions humaines comme le lever du soleil au matin et s’élève comme lui, qui, mieux encore, grandit comme un enfant, arrive à la puberté, se fait lentement virile, est une joie supérieure aux autres joies terrestres, ou plutôt c’est un divin plaisir. L’étude prête une sorte de magie à tout ce qui nous environne. Le bureau chétif sur lequel j’écrivais, et la basane brune qui le couvrait, mon piano, mon lit, mon fauteuil, les bizarreries de mon papier de tenture, mes meubles, toutes ces choses s’animèrent, et devinrent pour moi d’humbles amis, les complices silencieux de mon avenir. Combien de fois ne leur ai-je pas communiqué mon âme, en les regardant ?

Auteur: Balzac Honoré de

Info: Dans "La peau de chagrin", Librairie générale française, 1984, pages 132-133

[ travail ] [ rêverie ] [ familiarité des choses ] [ exaltation ]

 

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ésotérisme

(...) Tous les être font partie de la dynamique de l'horloge universelle et, pour fonctionner avec précision, ils doivent compter à leur tour sur d'autres horloges internes dont les plus connues sont les horloges physique, émotionnelle et intellectuelle ; cependant, il en existe de nombreuses autres chez tous les êtres vivants. Il s'agit d'ondes bien définies. Le cycle physique est une vague qui va et vient tous les vingt-huit jours, le cycle émotionnel est, lui aussi, de vingt-huit jours et le cycle intellectuel de trente-trois jours ; ces cycles ne sont pas déterminés par la chance, mais par la nature de cette règle vitale qui active le flux et le reflux, la systole et la diastole, qui commence dès la naissance et produisent la marée intime de l'individu pendant toute son existence.
Afin de mieux nous connaître et obtenir le meilleur de nous-même dans le cadre des réalisations à caractères extra-sensoriel, il est idéal de savoir ce que nous pouvons attendre de notre corps, de notre âme et de notre esprit à une date donnée. On doit partir du principe selon lequel les points les plus élevés sont aussi défavorables que les plus bas, sauf en ce qui concerne les pratiques de magie noire ; pour ces dernières, l'exaltation convient et il faut chercher à ce qu'elles coïncident avec les points élevés du cycle intellectuel pour les invocations, ceux du cycle psychique pour les travaux particuliers et ceux du cycle physique pour la suggestion à distance qui est, en fait, une forme particulière de télépathie.

Auteur: Nitos Laure

Info: Savoir lire l'aura

[ périodes ] [ fréquences ] [ synchronismes ] [ métaphysique ]

 

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éloge

La critique littéraire sur Dostoïevski a été, jusqu'à ces derniers temps, une réaction idéologique aux voix de ses héros, trop directe pour percevoir objectivement l'originalité artistique de sa nouvelle structure romanesque. De plus, en essayant de formuler une théorie sur ce nouvel univers plurivocal, elle n'a pas trouvé d'autre moyen que de le transformer en un univers du type habituel, autrement dit : interpréter une oeuvre inspirée par une volonté artistique essentiellement nouvelle, dans l'optique d'une volonté ancienne et routinière. Les uns, subjugués par le contenu même des conceptions idéologiques de certains héros, essayaient de les réduire à une unité systématique, monologique, négligeant la pluralité des consciences distinctes qui est un élément essentiel dans la conception artistique de l'auteur ; d'autres, sans succomber à la tentation d'une idéologie directe, transformaient les consciences (pleinement posées comme telles) des héros, en des psychismes perçus comme des objets, réifiés, et considéraient l'univers de Dostoïevski au même titre que l'univers habituel du roman socio-psychologique européen. Au lieu de l'événement que représente l'interaction de deux consciences autonomes, nous avions, dans le premier cas, un monologue philosophique et dans le second, un monde compris monologiquement, un monde objectivé, en corrélation avec la seule conscience de l'auteur. Ni la discussion philosophique enthousiaste avec le héros, ni l'analyse psychologique ou psychopathologique réifiante et impartiale, ne sont capables de saisir l'architectonique même des oeuvres dostoïevskiennes. L'exaltation des uns les empêche d'avoir une vision objective, authentiquement réaliste, d'un univers de consciences différentes de la leur ; le réalisme des autres "vole trop bas". On comprend parfaitement que les uns et les autres aient évité les problèmes artistiques à proprement parler ou les aient abordés occasionnellement et en surface.

Auteur: Bakhtine Mikhaïl

Info: La Poétique de Dostoïevski, Le Seuil, pp. 35-36

[ personnages ] [ profondeur ]

 

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éthologie

Que ces animaux dans leur état sauvage aiment, ainsi que beaucoup d'autres, la solitude pour se livrer paisiblement et sans risque d'être troublé, à l'acte régénérateur ! cela peut être ; mais c'est un goût qu'ils se passent aisément de satisfaire, et quand, privés, ils sont sous les yeux des hommes, ce goût ne l'emporte pas, et ce serait en vain qu'on chercheroit en eux les effets de la pudeur ! Eh ! quelle notion d'indécence trouveroient-ils donc à se reproduire ? Quelle seroit cette perfection ou cette exaltation de l'intelligence, qui leur feroit distinguer l'honnête du malhonnête dans un acte auquel les pousse la nature. Ah ! que l'homme civilisé, pour le maintien de ce que l'on appelle les moeurs publiques, pour multiplier les liens des familles, et ne point détruire les rapports sociaux, se soit fait des loix de pudeur, j'y consens ; mais que l'Eléphant soit plus scrupuleux que ne l'est le cheval, cet utile compagnon de nos travaux ; que ne l'est le taureau vigoureux qui, sous les yeux de l'innocente pastourelle, saille la vache qu'elle conduit ; que l'âne qui, dans le milieu des villes, offre à tous les regards les symptômes étonnans de sa passion qu'il assouvit ; que le chien qui, dans les rues, dispute à vingt rivaux la proie de son amour, et long-temps laisse apercevoir la preuve de son union ; que le coq qui, voltigeant de belle en belle, chante à chaque fois sa victoire, sans que les crêtes de ses poulettes acquièrent un rouge plus foncé ; que la simple et timide colombe qui roucoule tout haut ses amour et bat des ailes en signe du plaisir qu'elle a de se reproduire... ; cela paroît une erreur. 

Auteur: Houël Jean-Pierre

Info: A propos de la prétendue pudeur des éléphants - in "Histoire naturelle des deux éléphants mâle et femelle du muséum de Paris", p. 106-107 - disponible sur Gallica

[ moralité ] [ zoologie ] [ sexualité ] [ homme-animal ] [ copulation ]

 

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Islam

L'âme bédouine est essentiellement mélomane ; ses aspirations, ses mouvements, ses élans, se traduisent dans une expression musicale rythmée : le vers arabe dont le mètre sera le pas précipité ou long du chameau. La prosodie arabe est elle-même d'essence bédouine et le génie littéraire arabe trouvera naturellement son expression dans la poésie.
(...)
Cette langue mélodieuse, à travers laquelle fusent les hennissements des coursiers, se répercute le cliquetis des armes "en acier hindou", et où tonne, ici et là, le cri de guerre des Futyân, exprimera surtout l'exaltation épique d'un Antar ou l'ivresse lyrique d'un Imrou' El-Qays.
(...)
Elle n'exprime aucune hantise mystique ou métaphysique. Elle ignore les subtilités de la dialectique et les abstractions de la pensée philosophique, scientifique ou religieuse. Sa terminologie est celle qui correspond aux besoins simples de la vie extérieure et intérieure d'un Bédouin, non pas d'un sédentaire.
(...)
Tels sont les caractères généraux de cette langue djahilienne*, idolâtre, nomade et continentale, que le Coran va plier néanmoins à son génie propre pour exprimer une pensée universelle. Et d'abord, il adoptera pour l'expression de cette pensée une forme nouvelle : la phrase. Le verset coranique va reléguer le vers bédouin ; mais le rythme va y subsister quand même : il s'est libéré seulement du mètre, il s'est amplifié.
(...)
Naturellement, cette langue arabe, qui n'avait exprimé jusque-là que le génie des primitifs du désert, doit notablement s'enrichir pour répondre aux exigences d'un esprit placé désormais - et d'un seul coup - devant les problèmes métaphysique, juridique, social et même scientifique.
(...)
Or, un tel phénomène physiologique est unique dans l'histoire des langues : il n'y a pas eu pour la langue arabe une évolution progressive, mais quelque chose comme une explosion révolutionnaire aussi soudaine que l'était le phénomène coranique. La langue arabe est passée d'un seul bond du stade dialectal primitif à celui d'une langue techniquement organisée pour véhiculer la pensée d'une nouvelle culture et d'une nouvelle civilisation.

Auteur: Bennabi Malek

Info: pp. 217-219,*de l'époque pre-coranique

[ sémantique ] [ évolution ] [ désert ] [ littérature ]

 

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femmes-hommes

Il ouvre un oeil, glisse la main sur sa cuisse et dit, sa plaisanterie habituelle, quand je pense que cette belle bouche, qui me dit des mots si doux, si raffinés me fait des choses si, si... Elle lui décoche une grimace. - Comment peux-tu faire ces choses ? Dit-il avec un sourire de ravissement. Explique. - Elle se défend, c'est le jeu, il joue, il la provoque, elle se défend et le traite d'affreux menteur avec des accents de menteuse qui joue, il hausse les yeux comme dans l'extase d'une réminiscence, elle dit d'accord, la main droite posée cérémonieusement sur l'épaule gauche, image de la sainteté même, mais alors écoute bien... et pardonne, si tu peux.
D'abord, si l'on se penche sur la verge, c'est qu'il y a envie de l'emboucher. L'envie générale.
Il faudrait pouvoir expliquer ce que c'est que cette envie générale d'emboucher la verge et tout ce qui s'ensuit. Non, ce qui s'ensuit n'apparaît pas encore. D'abord l'envie générale. On se frotte un peu contre le corps de l'autre pour qu'elle bande ; "elle", c'est l'objet du désir. Pas une femme. Ça n'est pas une histoire de femmes. Encore que la douceur de la peau de la verge a quelque chose qui rappelle la douceur des peaux de femmes, des lèvres de femmes.
Elle vient de donner ces dernières précisions en se tournant vers un public imaginaire.
- Le membre est peut-être déjà prêt. L'envie générale cependant ne permet pas à coup sûr de commencer avec enthousiasme. Il y a d'abord un instant de lassitude qui suit le premier contact. Comment, se dit-on, tenir plus de quelques minutes, ne pas se lasser, à répéter toujours le même geste lent, la même langue allant, le même mouvement ?
Il y a, c'est certain, un premier instant d'inquiétude que seuls les ans permettent d'adoucir : on finit par savoir que le plaisir viendra. Mais il y a cet instant. Parce qu'on passe consciencieusement ses lèvres et sa langue sur quelques centimètres de peau, douce, certes, mais quelques centimètres, et - vers le public - quels centimètres ! Si contraignants, loin d'être page blanche dont la surface plane se prête à tous les desseins, ce sont centimètres définitifs et imposants. Rien de moins propice, semble-t-il, aux jeux de l'imagination que ces centimètres-là. Pourtant, diras-tu, il pourrait bien exister certains rapports... décisifs, entre la forme de la bouche et celle de l'objet... Certes, certes. Mais ici l'affaire, sais-tu bien, n'est pas conditionnée par la facilité ou par le plus ou moins d'aisance que la bouche trouve à emboucher.
A cet instant de lassitude, cet instant d'inquiétude que les ans permettent d'adoucir, on pensait encore. On se préoccupait de l'axe, de la profondeur de la langue. Technique. Non qu'il faille proscrire la technique, rien de plus funeste que le romantisme, en toutes choses et en celle-là, mais l'enthousiasme...
- Je bande.
- Mais l'enthousiasme ne vient que plus tard, qu'après l'instant de lassitude. Instant qui peut être, note bien, fort court. Le passage se fait très vite ; soudain les lèvres sont prises d'un feu sacré. Exaltation, joie, enthousiasme ! Enfin lis les vieux Grecs et tu sauras ce qu'il en est de l'enthousiasme. La chose a été largement décrite, rien de neuf là-dessous, une histoire de Muses, l'enthousiasme enfin !
Ponctué d'un hochement sec et doctoral du menton. Rien à ajouter.
- Maintenant il faudrait pourtant dire ce que c'est que cet enthousiasme des lèvres autour de la verge, cet état, rien de romantique, qui permet de dépasser la technique, ce pur plaisir des lèvres et des mains, l'assurance du plaisir donné, l'intime communication avec la jouissance de quelqu'un d'autre.
- Je bande.

Auteur: Cannone Belinda

Info: L'adieu à Stefan Zweig

[ fellation ] [ excitation ] [ sensualité ]

 

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philosophie

Cet avènement de l'ego s'accompagne de nos jours, de manière lancinante et généralisée dans la psyché de nos contemporains, du sentiment que pour exister il est indispensable de faire quelque chose de notable, et si possible d’y exceller. Exister: ex - sistere. Se tenir debout hors de soi, à l'extérieur, pour l'extérieur. Jean-Paul Sartre, dans "Les mots", raconte que petit garçon il considérait, fasciné, dans la bibliothèque de son grand-père, les énormes volumes au dos desquels figurait un nom - celui de l'auteur. Il avoue avoir décidé alors, plus ou moins in petto, qu'un jour un ou plusieurs volumes semblables porteraient également un nom: le sien.

Quel sens tout ceci peut-il bien avoir? Platon a-t-il écrit le Phédon, la République et les Lois pour que figure sur la tranche de leur édition son nom? Jean-Sébastien Bach écrivait-il ses cantates et passions pour que l'on parle de lui? Bouddha a-t-il dispensé son enseignement pour que sa renommée s'étende au monde entier et que l'on ait son nom constamment à l'esprit? Soyons sérieux: Bouddha, Bach et Platon, et avec eux tous les authentiques grands esprits n'ont produit ce qu'ils ont produit que parce qu'ils étaient habités profondément par un propos qui devait impérativement s'exprimer, propos qui ne tenait sa validité que d'être adressé à leurs semblables, dans l'urgence de transmettre une nourriture vitale au sein de ce qui s'établit en dernier ressort comme une co-institution intersubjective. La posture de Sartre, très symptomatique de la nécrose relationnelle moderne et contemporaine, ressortit à une économie relationnelle objectivante.

Que signifie le fait de vouloir accoler son nom au dos d'un in quarto, sans même qu'ait été mentionné le propos ou le titre de l'ouvrage? Rien d'autre que le fait de remettre à autrui le soin d'attester notre existence, si possible de manière positive, en se plaçant face à lui en situation d'objet: objet de son attention, objet de son admiration, objet de sa considération. Objet, position humiliante s'il en est, qui nous renvoie aux tout premiers moments infantiles de notre inscription dans le monde, lorsque nous étions l'objet des soins de nos parents, l'objet de leurs réprimandes (mauvais objet), l'objet de leurs encouragements (bon objet). L'objet.

Or nous n'avons pas vocation à en rester à ce stade immature et matriciel, certes condition incontournable de notre incarnation et croissance en ce monde. Nous sommes appelés à devenir ce que nous sommes fondamentalement: des sujets. Or, objet et sujet sont des catégories qui s'excluent mutuellement. Il faut donc choisir entre la tentation objectivante et l'appel subjectivant, qui, lorsque le problème n'est pas posé dans les termes adéquats nous soumettent à des forces de marées qui nous écartèlent littéralement. La vieille antienne du Diable 6 , que l'on retrouve notamment dans les trois tentations du Christ au désert (Marc 1 12-13; Matthieu 4 1-11; Luc 4 1-13) est sans surprise, avec une répétitivité qui en devient lassante et en fait un horizon anthropologique universel, celle-là: vivre dans le regard - si possible admiratif - d'autrui, comme objet, donc, et non en soi-même, comme sujet.

En nous proposant l'exaltation extériorisée de notre personne - qui repose au passage sur l'abaissement et l'instrumentalisation de celle des autres (plus grand que, plus petit que, superstructure de toute perversion...), le Diable se moque de nous, et c'est sur la toile de fond de son rire que nous consentons à abdiquer le sujet qui est en nous et qui nous constitue de la manière la plus éminente, pour nous abaisser au statut d'objet. Consentir à ce statut n'est pas seulement offenser la part la plus éminente de nous-même, c'est également se servir d'autrui et de son regard, en l'instrumentalisant à notre profit, puisqu'il n'est là que pour nous servir à nous rassurer sur notre existence (d'objet) et sa validité. Ainsi se placer soi-même en position d'objet conduit mécaniquement à instrumentaliser autrui, soit donc le transformer lui-même en objet, loin de l'impératif pratique préconisé par Kant: "Agis de telle sorte que tu traites l'humanité comme une fin, et jamais simplement comme un moyen". La phrase plus correcte, moins contaminée par les tendances essentialistes héritées de la Révolution française et de l'esprit du temps serait d'ailleurs: "Agis de telle sorte que tu traites ton prochain - ou ton semblable - comme une fin, et jamais simplement comme un moyen".

A rebours, lorsque l'on consent à établir ses quartiers sur la rive subjectale, de l'autre côté du Styx, toute parole que l'on profère, tout écrit que l'on produit, toute action que l'on pose, visent à aider ces autres nous-mêmes, autres sujets en devenir, à parvenir à la complétude de leur être. Ce qui compte dès lors n'est pas tant ce que l'on est que ce que l'on dit, écrit ou pose, en vertu du fait qu'on ne cherche plus qu'à servir cette vie merveilleuse qui nous traverse et qu'il importe tant de donner. On se fait alors cuisinier, afin, tant bien que mal, de contribuer à nourrir ceux qui ont faim, avec les moyens dont on dispose. Vivre, c'est aimer. Et, comme disait Victor Hugo, "aimer, c'est agir".

Auteur: Farago Pierre

Info: Une proposition pour l'autisme

[ ontologie individuelle ]

 

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