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disparition

Autre chose encore, parallèle au miroir, a disparu : c'est le portrait de famille, la photo de mariage dans la chambre à coucher, le portrait en pied ou en buste du propriétaire dans le salon, le visage encadré des enfants un peu partout. Tout ceci constituant en quelque sorte le miroir diachronique de la famille, disparaît avec les miroirs réels à un certain niveau de modernité (dont la diffusion est encore relativement modeste) Même l'œuvre d'art, original ou reproduite, n'y entre plus comme valeur absolue, mais sur un mode combinatoire. Le succès de la gravure dans la décoration, de préférence au tableau, s'explique entre autres par sa moins grande valeur associative. Pas plus que la lampe ou le miroir, nul objet ne doit redevenir un foyer trop intense

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Le système des objets (1968, Gallimard, 288 p.)

[ évolution ] [ destruction de l'image familiale ]

 

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collectivisme

Après avoir vaincu la Faim (ce qui algébriquement, nous assure la totalité des biens physiques), l'État Unique mena une campagne contre l'autre souverain du monde, contre l'Amour. Cet élément fut enfin vaincu, c'est-à-dire qu'il fut organisé, mathématisé, et, il y a environ neuf cents ans, notre "Lex Sexualis" fut proclamée : "N'importe quel numéro a le droit d'utiliser n'importe quel autre numéro à des fins sexuelles."

Le reste n'est qu'une question de technique. Chacun est soigneusement examiné dans les laboratoires du Bureau Sexuel. On détermine avec précision le nombre des hormones de votre sang et on établit pour vous un tableau de jours sexuels. Vous faites ensuite une demande, dans laquelle vous déclarez vouloir utiliser tel numéro, ou tels numéros. On vous délivre un petit carnet rose à souche et c'est tout.

Note 5.

Auteur: Zamiatine Evgueni

Info: Nous autres

[ futur-ancien ] [ planning familial ] [ rationalisation ] [ contrôle d'Etat ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

sagesse

Lorsque l'ombre de la voûte atteignit les rideaux, on était entre sept et huit heures et je fus alors ré-intégré dans le temps par le bruit de la pendule. C'était celle de Grand-père et quand Père me l'avait donnée, il avait dit, je t'offre la tombe de tous les espoirs et de tous les désirs, c'est un peu atroce - mais tout à fait approprié - que tu l'utilise pour rapporter ce réducto ab absurdum de toute expérience humaine à tes besoins individuels tout comme ce fut le cas pour moi ou pour mon père. Je te l'offre non pour que tu te souvienne du temps, mais pour que tu puisse à l'occasion  l'oublier un court instant afin de ne pas dépenser tout ton souffle à tenter de le conquérir. Parce qu'aucune bataille ne se gagne en aucun cas dit-il. Elles n'ont même jamais existé. Le terrain des combats ne fait que révéler à l'homme sa propre folie et son propre désespoir, et la victoire une illusion pour crétins et philosophes. 

Auteur: Faulkner William

Info: The Sound and the Fury. Trad Mg

[ cadeau familial ] [ abandon ] [ lâcher prise ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mère-fille

Et ses doigts rendus croches d'être si fort rongés, ses doigts tordus de ne servir à rien, il faut dire que ma mère ne se ronge pas les ongles avec la bouche, tout occupée à n'être qu'une fente, mais avec ses doigts qui se mangent les uns les autres, ça fait tac lorsque l'ongle écorche un doigt, un tac qui laisse des gouttelettes de sang sur quoi elle tac encore, des points rouges dont elle ne se préoccupe pas, ma mère et ses mains qui s'affrontent sur ses cuisses comme si elles avaient une vie propre, comme si de rien n'était, comme si tout le reste du corps, jusque-là resté dans une torpeur de vieille folle, n'existait que pour assister à leur agitation, et elle fait ça tout le temps et sans rien dire car elle ne parle pas, elle crie ou elle se tait, elle garde le silence avec le tac de ses doigts qui envahit la pièce, une horloge à pendule qui se fait remarquer dans les temps morts, le dimanche après-midi, lorsque les enfants jouent dehors, et ce silence me rend folle, nous somme deux folles qui gardons le silence pour mieux nous détester.

Auteur: Arcan Nelly

Info: Putain

[ femme-par-femme ] [ rancoeur ] [ huis clos familial ] [ folie ] [ automutilation ] [ littérature ] [ souffrance ]

 

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père-fils

Je ne m’aime pas. Je n’éprouve que peu de sympathie, encore moins d’estime pour moi-même ; de plus, je ne m’intéresse pas beaucoup. Je connais mes caractéristiques principales depuis longtemps, et j’ai fini par m’en dégoûter. Adolescent, encore jeune homme, je parlais de moi, je pensais à moi, j’étais comme empli de ma propre personne ; ce n’est plus le cas. Je me suis absenté de mes pensées, et la seule perspective d’avoir à raconter une anecdote personnelle me plonge dans un ennui voisin de la catalepsie. Lorsque j’y suis absolument obligé, je mens.

Paradoxalement, pourtant, je n’ai jamais regretté de m’être reproduit. On peut même dire que j’aime mon fils, et que je l’aime davantage à chaque fois que je reconnais en lui la trace de mes propres défauts. Je les vois se manifester dans le temps, avec un déterminisme implacable, et je m’en réjouis. Je me réjouis sans pudeur de voir se répéter, et par là même s’éterniser, des caractéristiques personnelles qui n’ont rien de spécialement estimable ; qui sont même, assez souvent, méprisables ; qui n’ont, en réalité, d’autre mérité que d’être les miennes. D’ailleurs, ce ne sont pas exactement les miennes ; je me rends bien compte que certains sont recopiées telles quelles sur la personnalité de mon père, ce con ignoble ; mais, chose étrange, cela n’enlève rien à ma joie. Cette joie est plus que de l’égoïsme : elle est plus profonde, plus indiscutable.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: "Lanzarote", Librio, 2021, page 87

[ ressemblances ] [ répétition ] [ fatalité familiale ] [ transmission ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

parricide

Mon père est à la genèse de mon histoire. Je l’ai tué en l’étouffant avec un oreiller, cet homme qui frappait ma mère et ma petite sœur Yeong-suk dès qu’il était saoul. Pendant que j’appuyais sur sa tête, ma mère maintenait son corps et ma sœur lui bloquait les jambes. Elle avait à peine douze ans. L’oreiller s’est déchiré en deux, déversant du son de riz. Ma mère l’a raccommodé l’air de rien pendant que Yeong-suk balayait et ramassait les grains éparpillés. J’avais quinze ans. A l’époque, juste après la guerre de Corée, la mort était omniprésente, aussi personne ne s’est penché sur le cas de cet homme mort chez lui dans son sommeil. Nous n’avons même pas eu de visite de la police. Nous avons dressé une tente dans la cour pour recevoir les condoléances des voisins et de la famille.

A quatorze ans, j’étais déjà assez fort pour porter sur le dos un sac de riz de quatre-vingts kilos. Et dans mon village, lorsqu’un garçon parvenait à porter cette lourde charge, plus personne n’avait le droit de lever la main sur lui, pas même son père. En revanche, ma mère et ma petite sœur étaient constamment victimes de la violence de mon père. Il lui est arrivé de les chasser de la maison, toutes nues, dans le froid glacial du plein hiver. Le tuer était la seule solution. La seule chose que je regrette, c’est d’avoir impliqué ma mère et ma sœur dans ce meurtre, alors que j’aurais très bien pu me débrouiller tout seul.

Auteur: Kim Young-Ha

Info: Ma mémoire assassine

[ familial ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

parents-enfants

Il y a encore une autre raison pour laquelle les enfants orientés vers leurs pairs sont insatiables. Pour atteindre le tournant décisif, l'enfant doit non seulement être comblé, mais cette satisfaction doit être assimilée. Il faut que le cerveau de l'enfant enregistre d'une manière ou d'une autre que son désir de proximité et de connexion est satisfait. Cet enregistrement n'est pas cognitif ni même conscient, mais profondément émotionnel. C'est l'émotion qui fait bouger l'enfant et fait passer l'énergie d'un programme de développement à un autre, de l'attachement à l'individuation.

Le problème est que, pour que l'épanouissement s'installe, l'enfant doit être capable de se sentir profondément vulnérable - une expérience à laquelle la plupart des enfants peer-oriented ne seront pas exposés. Les enfants orientés vers leurs pairs ne peuvent pas se permettre de ressentir leur vulnérabilité. Il peut sembler étrange que les sentiments d'épanouissement exigent une ouverture aux sensations de vulnérabilité. L'épanouissement n'implique ni douleur ni souffrance, bien au contraire. Pourtant, il existe une logique émotionnelle sous-jacente au phénomène. Pour que l'enfant se sente plein, il doit d'abord se sentir vide ; pour se sentir aidé, il doit d'abord sentir qu'il a besoin d'aide ; pour se sentir complet, il doit s'être senti incomplet. Pour éprouver la joie des retrouvailles, il doit d'abord éprouver la douleur de la perte, pour être réconforté, il doit d'abord se sentir blessé.

La sensation de satiété peut être une expérience très agréable, mais la condition préalable est d'être capable de ressentir un sentiment de manque. Lorsqu'un enfant perd la capacité de ressentir ses vides d'attachement, il perd également la capacité de se sentir nourri et épanoui. L'une des premières choses que je vérifie dans mon évaluation des enfants est l'existence de sentiments de manque et de perte.  C'est révélateur de la santé émotionnelle d'un enfant, la capacité de sentir ce qui lui manque et de savoir à quoi correspond ce vide. Dès qu'ils sont capables de formuler, ils devraient pouvoir dire des choses comme "Papa me manque", "Ça m'a fait mal que grand-mère ne m'ait pas remarqué", "Tu n'avais pas l'air de t'intéresser à mon histoire", "Je ne crois pas qu'untel m'aime".

De nos jours, de nombreux enfants sont trop protégés, trop fermés sur le plan émotionnel, pour éprouver de telles émotions de vulnérabilité. Les enfants sont affectés par ce qui manque, qu'ils le ressentent ou non, mais ce n'est que lorsqu'ils peuvent sentir et savoir ce qui manque qu'ils peuvent être libérés de leur quête d'attachement. Les parents de tels enfants ne sont pas en mesure de les amener à ce genre de seuil décisif ou vers un lieu d'apaisement. Si un enfant se protège de la vulnérabilité parce que peer oriented, il devient également insatiable vis-à-vis de ses parents. Telle est la tragédie de l'orientation vers les pairs - elle rend notre amour et notre affection inutiles et insatisfaisants.

Pour les enfants insatiables, rien n'est jamais suffisant. Peu importe ce que l'on fait, combien on essaie d'arranger les choses, combien d'attention et d'approbation on donne, le point de rupture n'est jamais atteint. Pour les parents, cette situation est extrêmement décourageante et épuisante. Rien n'est plus satisfaisant pour un parent que le sentiment d'être la source d'épanouissement de son enfant. Des millions de parents sont privés d'une telle expérience parce que leurs enfants cherchent à être nourris ailleurs ou sont trop protégés de la vulnérabilité pour être capables de se rassasier.

L'insatiabilité maintient nos enfants dans leur première phase de développement, dans l'immaturité, incapables de transcender leurs instincts de base. Ils ne trouvent jamais le repos et restent toujours dépendants de quelqu'un ou de quelque chose d'extérieur à eux pour être satisfaits. Ni la discipline imposée par les parents ni l'amour qu'ils leur portent ne peuvent guérir cette condition. Le seul espoir est de ramener les enfants dans le giron d'affection auquel ils appartiennent, pour ensuite les adoucir afin que notre amour puisse réellement pénétrer et nourrir.

Auteur: Mate Gabor

Info: Hold On to Your Kids: Why Parents Need to Matter More Than Peers

[ réseaux sociaux ] [ déconnexion familiale ] [ risque zéro ] [ surprotection enfantine ]

 
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Ajouté à la BD par miguel