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imagination

Je me suis étendue sur la couchette pour regarder le plafond. Ne rien faire est aussi une occupation que j'ai prévue. Elle est importante. Et difficile. Allongée les yeux ouverts, je me suis efforcée de seulement percevoir le courant d'air qui passait par l’œil-de-bœuf comme un visiteur délicat. Il était à peine plus froid que le mélange dans lequel j'évolue tous les jours quand je suis à l'intérieur, mais il avait quelque chose de plus vif, de plus fringuant, de salé. Il faisait vibrer très bas une corde de mon violoncelle en passant. Je l'entendais, loin au bout de la pièce, un son très doux, infime, un son qui n'aurait pas été audible sans la caisse de l'instrument. Je croyais l'entendre.

Auteur: Minard Céline

Info: Le Grand Jeu

[ passe-temps ] [ invention ] [ rêverie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

imagination

"Ne pourrions-nous admettre que le but de la vie consiste tout simplement à voir ?" John Gray
...dans les croyances primitives du Nord, les yeux étaient le germe de ce que les religions ultérieures il est convenu d'appeler l'âme. En eux s'allumait la force de l'esprit. Regarder était synonyme d'être.
Pour les animistes, chaque pierre, arbre, montagne ou rivière est doté d'une âme. Rien d'étonnant à ce que toute la nature nous regarde en silence. Combien de fois, roulant ma bosse sur les sentiers du Nord, ai-je eu l'impression d'être observé, comme si quelqu'un me regardait sans cesse, m'épiant d'un fourré, scrutant depuis les montagnes, regardant du fond d'un lac. Cette impression est encore renforcée par le silence exceptionnel de la nature du Nord, par son mutisme.

Auteur: Wilk Mariusz

Info: Dans les pas du renne

[ se sentir épié ]

 

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imagination

Oh! c'est elle, la bête qui n'existe pas.
Eux, ils n'en savaient rien, et de toute façon
- son allure et son port, son col et même la lumière
calme de son regard - ils l'ont aimée.

Elle, c'est vrai, n'existait point. Mais parce qu'ils l'aimaient
bête pure, elle fut. Toujours ils lui laissaient l'espace.
Et dans ce clair d'espace épargné, doucement,
elle leva la tête, ayant à peine besoin d'être.

Ce ne fut pas de grain qu'ils la nourrirent, mais
rien que, toujours, de la possibilité d'être.
Et cela lui donna, à elle, tant de force.

qu'elle s'en fit une corne à son front. L'unicorne.
Et puis s'en vint de là, blanche, vers une vierge,
et fut dans le miroir d'argent et puis en elle.

Auteur: Rilke Rainer Maria

Info: les Sonnets à Orphée

[ création ] [ poème ]

 

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Je suis allée chez Marta pour lui rendre service en fauchant les orties du sentier qui conduit au ruisseau. Elle piétinait derrière moi, les bras croisés, et elle prétendait que Dieu avait oublié de créer un tas d'animaux.
"Le pataugeur, dis-je. Il serait dur comme une tortue, mais muni de longues jambes et de dents broyeuses. Il se baladerait dans le ruisseau, boufferait toutes les saletés, la vase, les branches mortes, même les ordures que l'eau apporte du village."
C'est ainsi que nous commençâmes à évoquer tous les animaux que Dieu avait omis de créer pour des raisons connues de lui seul. Il a oublié tant d'oiseaux, tant d'animaux qui vivent sous terre. A la fin, Marta déclara que l'animal qui lui manquait le plus, c'était ce grand lourdaud qui vient s'assoir, la nuit, à la croisée des chemins. Elle ne mentionna pas son nom.

Auteur: Tokarczuk Olga

Info: Maison de jour, maison de nuit

[ nature ]

 

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imagination

La pensée qui conçut lumière, lourd, gris, jaune, immobile, rapide, imagina aussi une magie qui rendrait les choses lourdes, légères, et capables de voler, qui changerait le plomb gris en or jaune et le rocher immobile en eaux courantes. Si elle pouvait faire l'un, elle pouvait aussi faire l'autre ; elle fit inévitablement les deux. Dès lors que l'on peut emprunter le vert à l'herbe, le bleu au ciel et le rouge au sang, on a déjà un pouvoir d'enchanteur - sur un certain plan ; et le désir d'exercer ce pouvoir dans le monde extérieur à notre pensée s'éveille. Il ne s'ensuit pas que l'on usera bien de ce pouvoir sur tous les plans. On peut mettre un vert cadavérique sur le visage d'un homme et produire une horreur ; on peut faire briller la rare et terrible lune bleue ; ou l'on peut amener les forêts à pousser un feuillage d'argent et les béliers à porter des toisons d'or, et mettre un feu flambant dans le ventre du dragon froid. Mais dans pareille "fantaisie", comme on dit, une nouvelle forme est créée ; la Faërie commence...

Auteur: Tolkien John Ronald Reuel

Info: Faërie

[ création ] [ couleurs ] [ mélanges ] [ écriture ]

 

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Le Necronomicon est un ouvrage fictif inventé par Lovecraft qui apparaît dans le Mythe de Cthulhu et qui a été repris par une multitude d’écrivains à travers le monde : August Derleth, Robert E. Howard, Robert Bloch, Koaru Kurimoto, Manta Misora. Parmi tous les livres occultes de l’univers de Lovecraft, le Necronomicon est le plus rare, il est même surnommé " le roi des grimoires ". Un grimoire maléfique…

Douce consonance à mes oreilles. Un manuscrit ancien qui contiendrait tous les secrets du monde et qui en octroieraient à son lecteur une sagesse sacrilèges tout en le condamnant à une existence maudite. Si j’éprouve une étrange fascination pour ce type d’ouvrages, c’est certainement à cause des romans de Lovecraft que j’ai lus à l’adolescence. […]

J’ai donc adapté le Necronomicon à ma façon pour en faire Le Grimoire des Clés. Très vite, il est devenu un élément central de mon intrigue. La perpétuelle opposition entre les armes et la littérature. En somme, je ne suis pas persuadé que la plume soit plus forte que l’épée, mais je ne pense pas non plus que les armes ont forcément un avantage écrasant sur la littérature.

Auteur: Kyoichi Nanatsuki

Info:

[ écriture ] [ inspiration ]

 

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imagination

La raison d’être fondamentale de la littérature romanesque, c’est que l’homme a en général un cerveau beaucoup trop compliqué, beaucoup trop riche pour l’existence qu’il est appelé à mener. La fiction, pour lui, n’est pas seulement un plaisir ; c’est un besoin. Il a besoin d’autres vies, différentes de la sienne, simplement parce que la sienne ne lui suffit pas. Ces autres vies n’ont pas forcément besoin d’être intéressantes ; elles peuvent être parfaitement mornes. Elles peuvent comporter beaucoup d’événements, de grande ampleur ; elles peuvent n’en comporter aucun. Elles n’ont pas forcément besoin d’être exotiques ; elles peuvent se dérouler il y a cinq siècles, dans un continent différent ; elles peuvent se dérouler dans l’immeuble d’à côté. La seule chose importante, c’est qu’elles soient autres.

Ce besoin d’autres vies est peut-être politique, au sens large ; mais aucune solution politique valable ne semble, jusqu’à présent, avoir été proposée. Je crois plus probable qu’il soit, avant tout, intime, physique, émotionnel ; mais, là non plus, aucune solution pertinente ne semble s’être dégagée. Je ne crois pas du tout qu’il passe par le virtuel ni les métavers ; tout ça, c’est du flan. La vérité est que la littérature reste la seule, jusqu’à présent, à faire le travail.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Discours prononcé le 15 juin 2022 à l’université Kore d’Enna (Sicile)

[ nécessaire ] [ curiosité ] [ mise en perspective ] [ éloge ] [ lecture ] [ ouverture ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

imagination

Chaque fois que je découvre une île sur la carte, je sens naître en moi des amitiés, des amours, comme un fourmillement. Il me semble voir immédiatement un chien qui fixe ses yeux dans les miens, un pêcheur vêtu de bure, aux gestes lents et aux mains agiles, qui parle peu, une barque lente et pesante au bois noirci et aux couleurs passées, qui sent fort la toile cirée, un oiseau qui suit la barque, des filets, des poissons, des écailles, des enfants merveilleusement beaux sur le quai, des cabanes honnêtes, du grondin ou du zée bouilli, une odeur de céleri, une marmite noire qui fume, une mer brumeuse aux horizons étroits...

J'ai toujours une carte sur le mur de ma chambre. C'est pour la regarder lorsque je ne crois plus au livre que je lis, la nuit quand il commence à m'ennuyer. Et quand je regarde la carte, j'y repère tout de suite une île minuscule comme un point et j'imagine les vents, les tempêtes, les grondements, les requins, et puis les hommes. Parfois je vois sur la carte des îles aux formes tortueuses sur lesquelles je me penche avec l'intuition d'un vieux sorcier pour en découvrir les secrets, mais ce qui m'attire le plus, ce sont les îles qui n'ont pas de forme et qui figurent comme des points.

Auteur: Sait Faik Abasiyanik

Info: Un point sur la carte

[ évasion ] [ déclencheur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

imagination

Il y a cinquante mille ans, trois hommes étaient dispersés dans la plaine et chacun d'eux a entendu quelque chose bruire dans l'herbe. Le premier a cru qu'il s'agissait d'un tigre et il a couru comme un diable, et c'était bien un tigre, mais il s'est enfui. Le deuxième pensa que le bruissement était celui d'un tigre et il courut comme un fou, mais ce n'était que le vent et ses amis se moquèrent tous de lui pour avoir été pareille poule mouillée. Mais le troisième a cru que ce n'était que le vent, il a fait comme si de rien n'était et le tigre l'a mangé. Et la même chose s'est produite un million de fois sur dix mille générations - et au bout d'un moment, tout le monde voyait des tigres dans l'herbe même quand il n'y avait pas de tigres, parce que même les poules mouillées ont plus d'enfants que les cadavres. Et depuis ces humbles débuts, nous apprenons à voir des visages dans les nuages et des présages dans les étoiles, à voir une agence dans le hasard, parce que la sélection naturelle favorise les paranoïaques. Même ici, au XXIe siècle, nous pouvons rendre les gens plus honnêtes simplement en griffonnant une paire d'yeux sur le mur avec un marqueur. Même aujourd'hui, nous sommes prêts à croire que des choses invisibles nous observent.

Auteur: Watts Peter

Info: Echopraxia

[ peur ] [ croyance ] [ superstition ] [ prévoyance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

imagination

Plus nous avançons dans la vie, et plus nous nous convainquons de deux vérités qui, cependant, se contredisent. L'une est que, face à la réalité de la vie, on trouve bien pâles toutes les fictions de l'art et de la littérature. Elles procurent, c'est certain, un plaisir plus noble que ceux de la vie réelle; malgré tout, elles sont comme les rêves au cours desquels nous éprouvons des sentiments qu'on ne connaît pas dans la vie, et nous voyons se conjuguer des formes qui, dans la vie, ne sauraient se rencontrer; elles sont malgré tout des rêves, dont on s'éveille et qui ne nous laissent ni ces souvenirs, ni ces regrets qui pourraient nous faire vivre ensuite une seconde vie.

L'autre vérité est que, puisque toute âme noble aspire à parcourir la vie en son entier, à faire l'expérience de toutes les choses, de tous les lieux et de tous les sentiments susceptibles d'être vécus, et que cela est impossible -alors la vie en totalité ne peut être vécue que subjectivement, et n'être vécue dans toute sa substance que si nous la nions.

Ces deux vérités sont irréductibles l'une à l'autre. Le sage s'abstiendra de vouloir les conjuguer, tout autant que de rejeter l'une ou l'autre. Il lui faudra cependant en choisir une, tout en regrettant l'autre; ou les rejeter toutes les deux, en s'élevant au-dessus de lui-même jusqu'à un nirvana privé.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info:

[ catégories antagonistes ] [ source de déception ] [ solution ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson