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résistants

Ils avaient, chacun, une famille : un matelas sur lequel ils avaient envie de dormir, des assiettes et des couverts avec lesquels ils avaient envie de manger, une femme avec qui ils avaient envie d’habiter ; et leurs préoccupations ne dépassaient pas beaucoup cela, elles étaient comme leurs propos.

Pourquoi, maintenant, luttaient-ils ?

Pourquoi vivaient-ils comme des bêtes traquées et exposaient-ils ainsi tous les jours leur vie ? Pourquoi dormaient-ils avec un revolver sous l’oreiller ? Pourquoi lançaient-ils des grenades ? Pourquoi tuaient-ils ?


Auteur: Vittorini Elio

Info: Dans "Les hommes et les autres", éd. Gallimard, Paris, 1947, page 59

[ raisons de l'engagement ] [ profondeur inapparente ] [ questions ] [ ultime pourquoi ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

érotisme

Le moine n’hésita pas à adopter ce plan infâme. Ses désirs, qui n’étaient déjà que trop fougueux, avaient acquis une vigueur nouvelle à la vue d’Antonia. Assis près de son lit, le hasard lui avait dévoilé des charmes inaperçus jusqu’alors : il les trouva plus parfaits que son ardente imagination ne les lui avait dépeints. Parfois un bras blanc et poli se montrait en arrangeant l’oreiller ; parfois un mouvement soudain découvrait une partie d’un sein arrondi : mais partout où s’offrait un nouveau charme, là se fixait l’œil luxurieux du moine ; à peine était-il assez maître de lui pour cacher sa convoitise à Antonia et à la vigilante duègne.

Auteur: Matthew Gregory Lewis

Info: Le Moine

[ femmes-hommes ] [ attractives ]

 

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triangle amoureux

Le troisième être était surtout le lapin en peluche, posé sur l’oreiller contre la tête de Solange ; fort pelé et poussiéreux, […] avec une de ses oreilles lui retombant sur le museau, et un de ses yeux remplacé par un bouton de bottine. Souvent Costals le baisait au lieu de Solange, à moins qu’ils n’unissent leurs trois bouches : Costals, qui connaissait son génie, savait bien pourquoi il l’avait priée de s’adjoindre de ce lapin. (D’autres fois, il lui arrivait de faire porter à ses amis, durant les caresses, des têtes de carnaval représentant des têtes d’animaux. Combien alors il les dépassait ! bondissait hors des limites étroites de ce sexe !) Il le mêla si fort à leurs jeux qu’un moment vint où le lapin envahit complètement son imagination, en chassant Solange. Sa volupté prit alors un caractère religieux […].

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Les jeunes filles, tome 3 : Le démon du bien

[ fétiche ] [ doudou ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

écriture

J’écris souvent dans l’épaisseur d’un mur. Mes bras, alors tendus à l’horizontale, dépassent. D’un côté, un froid sidéral, de l’autre, un souffle brûlant, mais impossible de savoir lequel de ces deux espaces borgnes signifie la liberté, ou la prison.

Ces messages quotidiens furent adressés à deux amis, l’un alité dans un proche hôpital, l’autre veillant à mon chevet. Témoignant de la fusion d’un corps et d’une machine, ils sont l’exacte traduction électronique d’une blessure qui m’a gardé sur le flanc, en chien de fusil, incapable de m’allonger ou de m’asseoir, et qui m’a imposé l’usage exclusif du téléphone portable pour écrire.

L’écran basculé sur l’oreiller, à vingt centimètres du visage, épouse parfaitement le champ visuel, et l’ongle qui frappe quelques caractères par ligne, invoque la guérison comme à coups de poinçon. Cette psalmodie sur fond pâle traverse le ciment.

La parole vient de l’outil.

Auteur: Rahmy Philippe

Info: SMS de la cloison

[ hôpital ] [ téléphone portable ] [ handicap ]

 

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défunte grand-mère

Je regardais Baba dans son lit. Son visage reposait sur l’oreiller blanc et diffusait une douce beauté. Je la retrouvais vivante dans chacun des plis. Là, au bord de sa bouche, les sourires et, dans l’arrondi plus marqué, les éclats de rire ; le trait profond qui traversait son front concentrait les inquiétudes ; les rides en aigrettes autour des yeux, les efforts. Et l’ourlet sur son menton venait de la moue qu’elle faisait quand je la contrariais. J’ai caressé ses traits figés sur sa peau froide. Il me semblait que je devais le faire. Une caresse pour une vie. Mes doigts parcouraient son visage et je pouvais sentir tout ce qu’elle avait été. Avec ma main, je lui disais Je prends. Elle me donnait sa droiture et sa fatigue, je lui disais Je prends. Son passé et ses blessures, je lui disais Je prends. Elle me donnait sa beauté et les rares joies arrachées à la vie. Je prenais. Son courage et sa vertu. Je prenais tout. C’était tout ce qui me restait. Longtemps ce serait mes seuls bagages.

Auteur: Roux Laurine

Info: Une immense sensation de calme

[ dépouille ] [ héritage ] [ grand-maman ] [ amour ] [ femme-par-femme ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

désoeuvrement

Tantôt, il y restait à l’état végétatif, songeant : "A cette heure, les gens sont à leurs affaires, doivent faire des choses à heure fixe", et il gardait la bouche entr’ouverte, comme pour manifester mieux encore son relâchement. Mais à présent, ainsi étendu, il s’endormait, et c’était devenu son rêve : dormir le plus longtemps possible durant l’après-midi. Même il en vint à commander à Mélanie, de préférence, des plats lourds, des haricots, des purées, pour que la digestion sûrement l’endormît. Il s’éveillait vers les quatre heures, bâillant comme si le sommeil lui avait donné sommeil, les yeux pleins d’eau, les plis de l’oreiller imprimés sur ses joues, et se disant : "Eh ! bien, encore une de tirée !" Car, depuis la décision prise de quitter Arago, "tirer" les journées était devenu son grand bonheur. Chaque jour, il effaçait la journée sur son calendrier de portefeuille, dans sa hâte d’arriver à la date du départ. Parfois même si impatient que, vers midi, il effaçait la journée en cours comme si déjà elle était close. Et puis, vers six heures, il avait un renouveau de contentement, parce que la fin de la journée approchait. A neuf heures, il était au lit.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, page 162

[ ennui ] [ interminables ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

parricide

Mon père est à la genèse de mon histoire. Je l’ai tué en l’étouffant avec un oreiller, cet homme qui frappait ma mère et ma petite sœur Yeong-suk dès qu’il était saoul. Pendant que j’appuyais sur sa tête, ma mère maintenait son corps et ma sœur lui bloquait les jambes. Elle avait à peine douze ans. L’oreiller s’est déchiré en deux, déversant du son de riz. Ma mère l’a raccommodé l’air de rien pendant que Yeong-suk balayait et ramassait les grains éparpillés. J’avais quinze ans. A l’époque, juste après la guerre de Corée, la mort était omniprésente, aussi personne ne s’est penché sur le cas de cet homme mort chez lui dans son sommeil. Nous n’avons même pas eu de visite de la police. Nous avons dressé une tente dans la cour pour recevoir les condoléances des voisins et de la famille.

A quatorze ans, j’étais déjà assez fort pour porter sur le dos un sac de riz de quatre-vingts kilos. Et dans mon village, lorsqu’un garçon parvenait à porter cette lourde charge, plus personne n’avait le droit de lever la main sur lui, pas même son père. En revanche, ma mère et ma petite sœur étaient constamment victimes de la violence de mon père. Il lui est arrivé de les chasser de la maison, toutes nues, dans le froid glacial du plein hiver. Le tuer était la seule solution. La seule chose que je regrette, c’est d’avoir impliqué ma mère et ma sœur dans ce meurtre, alors que j’aurais très bien pu me débrouiller tout seul.

Auteur: Kim Young-Ha

Info: Ma mémoire assassine

[ familial ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sexe

La serviette-éponge tomba de ses reins. Marc commença de se raser avec la lame enveloppée d’un côté dans du papier journal. Il me vit dans le miroir.

-Ne regarde pas ! dit Marc.

[…] Je regardai. J’espérais que je le ranimerais et que je l’intéresserais à distance ; j’espérais que Marc me dirait : "Je ne pars plus, viens." Je le regardai longtemps, je réchauffai sans le toucher le petit tombé du nid. Je levai les yeux. Nos regards se croisèrent encore dans le miroir. Marc voyait ce que je faisais avec mes yeux. Il s’éclaircit la voix, il faillit se couper. Je baissais toujours les yeux. Je le ranimai, je le réchauffai, je le flattai encore plus bas. Marc jeta se lame de rasoir sur la tablette de verre. Il saisit mes poignets :

-Non, Thérèse, non ! Avec ton régime nous serons cinglés avant six mois.

-Nous serons cinglés, dis-je sans lever les yeux.

Je sentis que Marc aussi baissait les yeux et se regardait. Il serra les poings, il reprit sa lame de rasoir sur la tablette.

-Nus à dix heures du matin dans ce trou, dit Marc.

Je regardai : il se rasait et il regardait dans le miroir si je baissais les yeux pour voir plus bas. Je vins dans son dos, je lui frôlai lentement les hanches. Il ne me repoussa pas.

Nos regards se croisaient toujours dans le miroir, nos yeux brillaient. La main de Marc trembla, la lame de rasoir tomba dans l’évier. Je la pris, je l’essuyai et la rendis à Marc. Il haussa les épaules, il s’approcha du miroir. Je revins derrière lui, je l’enlaçai. Ma main suivit le chemin rêvé depuis le transparent de cheveux argent jusqu’à l’aine.

-Je te le donne, je te le donne ! dit Marc avec désespoir.

Le bouton d’iris que j’enfermais dans ma main avait une douceur d’apôtre.

La main de Marc trembla plus fort. Il cessa de se raser.

-Il n’y a pas que cela au monde, dit Marc.

Je le serrais, je le fortifiais, mon âme remerciait, les murs ruisselaient. Marc lança la lame dans l’évier, il enleva ma main avec des doigts contractés.

Je le suivis dans la chambre.

Il se jeta à plat ventre sur le lit, il serra l’oreiller dans ses bras.

Il souffre : j’ai la paix. Il souffre : je vais et je viens dans la chambre. Il souffre : je ne suis plus la vague qui se brise contre le rocher. 

Auteur: Leduc Violette

Info: Dans "Ravages", éd. Gallimard, Paris, 1955, pages 334-335

[ marchandage ] [ consentement forcé ] [ vengeance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson