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parasites

Horaires libres, je peux me lever à midi et bosser jusqu’à 3 heures du matin. Mon seul problème, c’est le quidam qui radine, à l’improviste. Et qui ne comprend pas ce que je fabrique entre ces quatre murs. Il s’assied sur un fauteuil et me regarde, il n’est là que pour capter mon énergie et me refiler du vent en échange. Il arrive qu’ils soient plusieurs, et qu’ils s’accrochent. Dans ces moments-là, à moins d’accepter de se laisser submerger par cette équipe de bons à rien, il me faut être cruel – eux aussi, cela dit, le sont en ne respectant pas mon travail. Je les fous donc à la porte à coups de pied dans le cul. Mais, parmi ces visiteurs imprévus, il en est, je le reconnais, qui me donnent le meilleur d’eux-mêmes, qui m’offrent sans compter leur force et leurs lumières, sinon tous les autres se contentent de faire rejaillir sur moi leur propre inutilité. Je ne vois pas ce qu’il y aurait d’humain à tolérer à ses côtés la présence de morts, au contraire je contribue par ma seule présence à l’accélération de leur décomposition, et d’ailleurs, lorsqu’ils me quittent pour regagner leurs cercueils, ils laissent toujours sur le plancher quelques lambeaux de leurs chairs méphitiques.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Un carnet taché de vin", pages 233-234 - A propos de son "métier" d'écrivain

[ vampirisme ] [ mort-vivant ] [ solitude ] [ casse-pieds ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

relire

Moi aussi, je ressens le besoin de lire à nouveau les livres que j'ai déjà lus, dit un troisième lecteur, mais à chaque relecture, il me semble que je lis un nouveau livre, pour la première fois. Est-ce moi qui change sans cesse et qui vois de nouvelles choses dont je n'avais pas conscience auparavant ? Ou bien la lecture est-elle une construction qui prend forme, assemblant un grand nombre de variables, et donc quelque chose qui ne peut être répété deux fois selon le même schéma ? Chaque fois que je cherche à revivre l'émotion d'une lecture antérieure, je ressens des impressions différentes et inattendues, et ne retrouve pas celles d'avant. À certains moments, il me semble qu'entre une lecture et la suivante il y a une progression : au sens, par exemple une meilleure pénétration de l'esprit du texte, ou l'accoissement de mon détachement critique. A d'autres moments, au contraire, j'ai l'impression de conserver  le souvenir des lectures d'un même livre comme séparées les des autres, enthousiastes ou froides ou hostiles, éparpillées dans le temps, sans perspective, sans fil conducteur. La conclusion à laquelle je suis arrivé est que la lecture est une opération sans objet ; ou que son véritable objet est lui-même. Le livre est une aide accessoire, voire un prétexte.

Auteur: Calvino Italo

Info: Si par une nuit d'hiver un voyageur

[ instable secondéité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

divorce

Que sont, auprès de ces raisons naturelles en faveur de l’indissolubilité du lien conjugal, tous les motifs humains qu’on peut alléguer pour justifier la faculté de le dissoudre ! Qu’importe, après tout, que quelques individus souffrent dans le cours de cette vie passagère, pourvu que la raison, la nature, la société ne soient pas en souffrance ? Et si l’homme porte quelquefois avec regret une chaîne qu’il ne peut rompre, ne souffre-t-il pas à tous les moments de sa vie, de ses passions qu’ils ne peut dompter, de son inconstance qu’il ne peut fixer ; et la vie entière de l’homme de bien est-elle autre chose qu’un combat continuel contre ses penchants ? C’est à l’homme à assortir dans le mariage les humeurs et les caractères, et à prévenir les désordres dans la famille, par l’égalité de son humeur et la sagesse de sa conduite. Mais, lorsqu’il s’est décidé dans son choix contre toutes les lois de la raison, et uniquement par des motifs de caprice ou d’intérêt, lorsqu’il a fondé le bonheur de sa vie sur ce qui en fait le plaisir de quelques instants, lorsqu’il a empoisonné lui-même les douceurs d’une union raisonnable, par une conduite faible ou injuste ; malheureux par sa faute, a-t-il le droit de demander à la société compte de ses erreurs ou de ses torts ?

Auteur: Bonald Louis-Ambroise de

Info:

[ éviter ] [ travail sur soi ] [ efforts ] [ remise en question ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

extrapolation

Ce qui m'intéresse, ce n'est pas l'impossibilité de communiquer, mais plutôt une difficulté mais qui ne vient pas justement du langage. Qui, à certains moments, peut avoir l'air de venir du langage ou des mots, mais ce n'est pas du tout ça puisque les mots sont ce qu'ils sont, comme vous l'expliquera Brice Parain dans Vivre sa vie. Ce qu'il faut, c'est bien se comporter vis-à-vis d'eux et c'est ça qui est difficile justement... Qu'il n'y ait pas de malentendu. Parce que, dans Le Mépris, il y a un malentendu, cela devient vite la catastrophe et c'est irrattrapable, alors au fond c'est une morale très candide et c'est la morale du Candide de Voltaire. A un moment du reste, Le Petit Soldat, j'avais pensé l'appeler Candide 62. Il y a pire dans Le Mépris que la mauvaise interprétation... il y a le désir d'interpréter. Je veux dire que quand quelqu'un parle allemand et que vous ne comprenez pas, là il y a besoin d'interpréter ; mais quand quelqu'un parle français et qu'il vous dit : "Bonjour !" il n'y a pas besoin d'interpréter ; "Ah !, il me dit bonjour, mais est-ce qu'il ne voudrait pas me dire au revoir ?" Or, c'est ce que nous faisons beaucoup et c'est de là que viennent souvent les malentendus.

Auteur: Godard Jean-Luc

Info: Cinéma 65, n°94, mars 1965

[ souci de clarté ] [ référence littéraire ] [ références cinématographiques ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

déprime

quand on est au plus mal, il n’y a rien à

faire, à part en rire, enfiler ses vêtements

une fois de plus, sortir, voir des visages, des machines,

des rues, des immeubles, le déploiement du

monde.



j’esquisse des gestes, échange des sommes d’argent, réponds

à des questions, en pose quelques-unes, tandis que les heures s’enlisent,

dans mon sillage, elles ne sont pas toujours continuellement

horribles – par moments je suis traversé par une joie

sauvage et je ris, en sachant à peine

pourquoi.

c’est peut-être le pire tour que j’aie appris :

endurer ; je dois apprendre à lâcher prise, ça n’est pas un

truc suspect.



on est bien trop sérieux, on doit apprendre à jongler

avec nos enfers et nos paradis – la vie s’amuse avec

nous, on doit lui renvoyer la balle.



nos chaussures battent le pavé, en nous

traînant derrière elles.



quand on est au plus mal, il faudrait ne rien

faire.



l’exactitude est la liberté : une centaine

de milliers de murs ou toujours

plus de néant, tes os en savent plus que ta

raison.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Tempête pour les morts et les vivants", au diable vauvert, trad. Romain Monnery, 2019, " être là"

[ remède ] [ action méditative ] [ s'en foutre ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

rencontre

"Quel est votre prénom demanda Thérèse.

- Carol. Surtout ne dîtes pas Carôle, comme les Américains prononcent ce qu'ils croient être français.

- Eh bien ne m'appelez pas Thiriise, à l'américaine.

- Comment dois-je dire ? Thérèse ?

- Oui. Comme ça." Carol avait accentué à la française. Thérèse avait l'habitude d'entendre son prénom écorché de toutes les manières et elle-même ne savait pas toujours comment le présenter. Elle aimait la façon dont Carol le prononçait, elle aimait voir les lèvres de Carol dire son nom. Un désir ancien, dont elle n'avait que vaguement conscience par moments, se réveilla, un désir si embarrassant qu'elle l'écarta de son esprit.

"Que faîtes-vous le dimanche ? demanda Carol.

- Je ne sais pas toujours quoi faire. Rien de particulier. Et vous ?

- Récemment, rien. Si vous voulez venir me voir, à l'occasion, vous êtes la bienvenue. Au moins, c'est la campagne, là où je vis. Aimeriez-vous venir dimanche ?" Les yeux gris la regardèrent en face, et pour la première fois Thérèse soutint leur regard. Elle y vit une pointe d'humour. Et encore : de la curiosité. Et peut-être du défi.

"Oui, dit Thérèse.

- Vous êtes une drôle de fille.

- Pourquoi ?

- Tombée d'une autre planète, on dirait ", dit Carol.

Auteur: Highsmith Patricia

Info: Carol - Les Eaux dérobées

[ femmes-entre-elles ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

lecture

Ceux qui ne connaissent pas ce penchant doivent trouver bizarre qu'on ait sans cesse le nez plongé dans un bouquin, qu'on ne voit pas passer la vie avec toutes ses merveilles, qu'on gaspille ses années de jeunesse insouciante sans profiter de ses joies et de la dépense physique. Ils y discernent sans doute quelque chose de triste, voire de tragique, ils se demandent ce qui peut bien pousser un gamin à se comporter ainsi. Mais on ne voit les merveilles de la vie que quand on est heureux; l'insouciance ne va de pair qu'avec le bonheur; et les joies de la pensée, de l'imagination, sont bien supérieures à celles des muscles et de l'effort. Laissez-moi vous dire, si vous ne le savez pas par expérience, que certaines personnes (moi, par exemple) trouvent dans un bon livre, dans l'immersion dans les mots et les idées, un bonheur d'une intensité insoupçonnée. Quand je veux invoquer des souvenirs de paix, de sérénité, de plaisir, je repense à ces paresseux après-midi d'été, je me revois en équilibre sur ma chaise, un livre sur les genoux; j'entends encore le bruissement des pages tournées tout doucement. Peut-être ai-je connu, à d'autres époques de ma vie, de plus hauts sommets d'extase, de grands moments de soulagement ou de triomphe, mais sur le chapitre du bonheur tranquille, paisible, je n'ai jamais rien vécu de comparable.

Auteur: Asimov Isaac

Info: Moi, Asimov

[ nostalgie ] [ volupté ]

 

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écoute

EXTASE MUSICALE
Je sens que je perds de la matière, que mes résistances physiques tombent et que je me dissous dans l'harmonie et la montée des mélodies intérieures. Une sensation diffuse, un sentiment ineffable me réduisent à une somme indéterminée de vibrations, de résonnances intimes et de sonorités envoutantes.
Tout ce que j'ai cru singulier en moi, isolé dans la solitude matérielle, fixé dans une consistance physique et déterminé par une structure rigide, semble s'être résolu dans un rythme d'une fascination séduisante et d'une fluidité insaisissable. Comment pourrais-je décrire avec des mots la façon dont les mélodies se déploient, et celle qu'à mon corps de vibrer, intégré à la vibration universelle, évoluant dans des sinuosités fascinantes dont l'irréalité aérienne me transporte ? Dans les moments de musicalisation intérieure je perdais le goût des matérialités pesantes, je perdais ma substance minérale, cette pétrification qui me reliait à une fatalité cosmique, et je m'élançais dans l'espace, bercé de mirages, oublieux de leur illusion, et de rêves indifférent à leur réalité. Nul ne comprendra le sortilège irrésistible des mélodies intérieures, nul ne ressentira l'exaltation et la béatitude s'il ne se réjouit pas de cette irréalité et n'aime le rêve plus que l'évidence. L'état musical n'est pas une illusion parce qu'aucune illusion ne peut donner ni certitude d'une telle ampleur, ni sensation organique d'absolu, de vécu incomparable, significative par elle-même et expressive dans son essence.

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Le livre des leurres

[ fuite ] [ onirisme ] [ musique ]

 

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modernité

Le temps pseudo-cyclique consommable est le temps spectaculaire, à la fois comme temps de la consommation des images, au sens restreint, et comme image de la consommation du temps, dans toute son extension. Le temps de la consommation des images, médium de toutes les marchandises, est inséparablement le champ où s'exercent pleinement les instruments du spectacle, et le but que ceux-ci présentent globalement, comme lieu et comme figure centrale de toutes les consommations particulières : on sait que les gains de temps constamment recherchés par la société moderne - qu'il s'agisse de la vitesse des transports ou de l'usage des potages en sachets - se traduisent positivement pour la population des Etats-Unis dans ce fait que la seule contemplation de la télévision l'occupe en moyenne entre trois et six heures par jour. L'image sociale de la consommation du temps, de son côté, est exclusivement dominée par les moments de loisirs et de vacances, moments représentés à distance et désirables par postulat, comme toute marchandise spectaculaire. Cette marchandise est ici explicitement donnée comme le moment de la vie réelle, dont il s'agit d'attendre le retour cyclique. Mais dans ces moments même assignés à la vie, c'est encore le spectacle qui se donne à voir et à reproduire, en atteignant un degré plus intense. Ce qui a été représenté comme la vie réelle se révèle simplement comme la vie plus réellement spectaculaire.

Auteur: Debord Guy

Info: La société du spectacle, 153.

[ accélération ] [ imprégnation publicitaire ]

 

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Ajouté à la BD par Bandini

vieillarde

...un appartement au deuxième étage sans ascenseur qui sentait presque comme ma grand-mère, autrement dit qui sentait la vieille lavande des coffres, pour aller lui rendre visite il fallait descendre quelques marches, on traversait une espèce de petit tunnel, on arrivait dans une cour avec un bac à laver le linge dont l'un des pieds avait été remplacé par une brique, un vélo appuyé contre le mur, les pneus à plat, qui n'appartenait à personne et deux petits immeubles à la peinture écaillée, on choisissait celui de droite et on montant dans le noir jusqu'à un palier où un sourire enveloppé de lavande, plus petit que moi, nous attendait dans le salon désignant une paire de souliers cirés dans un coin, et le sourire si léger qu'il entrait et sortait par la fenêtre comme ces petites graines avec des poils m'appelant

- Gamin

et moi mourant d'envie qu'il me frôle, encore aujourd'hui, par moments, bon ça suffit les mièvreries, mes parents ne m'ont pas emmené à l'hôpital pour que je lui fasse mes adieux et effectivement à quoi bon si chaque printemps elle entre par la fenêtre, je la distingue immédiatement au milieu des autres graines car c'est la seule qui sourit, elle se pose sur le guéridon, elle se pose sur le cadre du tableau, elle sort entre les rideaux, revient, ressort, ne revient plus, disparait au-dehors...

Auteur: Lobo Antunes António

Info: La dernière porte avant la nuit

[ enfance ] [ omniprésence ] [ souvenir ] [ nostalgie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel