Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 483
Temps de recherche: 0.0367s

variété

Il y avait là des illustrations, semblables à des joyaux de vie florale et aviaire, et on voyait de minuscules personnages lancés, sur des montures aux formes rebondies, à la poursuite de lions ou de gazelles, ou bien agenouillés devant des saints barbus dans des grottes de montagne. J'entrevis un couple de grues effectuant une parade nuptiale sur un tertre verdoyant, avant de passer à une jeune fille conversant avec son perroquet en cage et une autre écrivant une lettre à son bien-aimé lointain, puis à l'image d'un jeune homme épiant de derrière un arbre un groupe de jouvencelles se baignant dans une rivière, vêtues mais d'une manière transparente. Ici des éléphants, un howdah doré sur le dos, transportait des nobles vers un fort crénelé au sommet d'une colline, et là de menaçants nuages bleus apparaissaient, chassant les aigrettes blanches devant eux ; une jeune bayadère dansait dans une cour entourée de murs, un prince posait, une rose à la main, un autre montrait fièrement un faucon posé sur son poignet. Des chiens de chasse traquaient un cerf dans une forêt, suivis d'un chasseur armé d'un arc et de flèches. Un grand voilier appareillait. La foudre frappait. Des lignes d'exquise calligraphie couraient le long des bords, nommant, racontant.

Auteur: Desai Anita

Info: L'art de l'effacement, Le musée des ultimes voyages

[ littérature ] [ nature ]

 

Commentaires: 0

massacre

Alors imaginez la calme fin d’une journée de printemps où tout semble comme verni, frais, émaillé, les rayons du soleil déclinant qui percent en oblique les feuillages des arbres bordant la côte que monte maintenant au pas l’escadron, et à part toujours le bruit des sabots c’est le silence, personne ne parle, vous regardez seulement les premiers groupes de réfugiés qui cheminent en sens inverse, et tout à coup, sans que rien ne se soit encore produit, sans raison apparente, vous les entendez crier, ou plutôt criailler, les piaillements aigus des femmes, trop aigus, presque indécents, au point que vous vous demandez avec une sorte de condescendance apitoyée Qu’est-ce qui leur prend, qu’est-ce qui leur prend ? en même temps que vous les voyez tous, femmes, hommes, enfants abandonner les chariots, les bicyclettes ou les poussettes qu’ils traînaient et se jeter dans le fossé et alors, sans que vous ayez seulement entendu venir les trois avions qui volent haut, tout à coup cette espèce de buisson de poussière dans le champ, à quelques mètres de vous, crépitant d’étincelles dans un bruit ou plutôt un fracas assourdissant, et le souffle de la bombe qui vous frappe sur le côté comme des coups de poing, et alors, puisque c’est ça que vous me demandez, ça y est : la peur

Auteur: Simon Claude

Info: Le jardin des plantes p 81

[ contraste ] [ machine ] [ nature ] [ guerre ] [ débâcle ] [ ww2 ]

 
Commentaires: 3
Ajouté à la BD par Plouin

spectre

Sans doute, avec les progrès de la science, avait-on remis les fantômes à leur véritable place. Ce n’était plus, comme on le croyait jadis, des êtres malfaisants, extra-terrestres et mystérieux, mais de simples émanations de personnes vivantes, faisant partie de leur personnalité et, par conséquent, infiniment inférieures à elles.

Quelques observations habilement faites, dès le début, avaient prouvé qu’en ces matières les animaux, doués avant tout d’instinct, se montraient plus clairvoyants que les hommes intelligents, et que ces manifestations de dédoublement très simples, leur étaient plus facilement sensibles qu’à leurs maîtres.

On citait même l’anecdote de cette dame clairvoyante qui, se promenant dans la campagne avec une amie qui n’était point douée de seconde vue, avait déclaré qu’elle voyait un fantôme de chien marcher devant elles. On avait mis sa parole en doute, jusqu’au moment où, passant devant une ferme, on avait vu un chat sortir d’une grange, se disposer à traverser la route libre et s’arrêter brusquement au moment où il avait rencontré le fantôme du chien qui venait en travers de son chemin. Brusquement, il s’était hérissé, avait sorti ses griffes, soufflé bruyamment, et, affolé, était retourné à toute vitesse vers la grange d’où il sortait.

Ainsi donc, les animaux, mieux que les hommes, discernaient parfaitement les émanations fantomnales éparses dans l’univers.

Auteur: Pawlowski Gaston de

Info: Voyage au pays de la quatrième dimension, Flatland éditeur, 2023, page 189

[ invisible ] [ véritable nature ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

rapports humains

Lundi. Comme chaque lundi, je descends l’escalier pour partir travailler. Au rez-de-chaussée, Bernard, le concierge, m’attend comme d’habitude de pied ferme. Des choses immuables rythment notre vie et c’est rassurant. "Alors Bernard, comment ça va ce matin ? Et votre dos ? Toujours pareil… mais que dit votre médecin ? Ah, il vous a changé d’anti-inflammatoires. Bon je vais vous redonner les coordonnées de mon acupunctrice, Véronique, mais cette fois vous y allez, je vous jure qu’elle fait des miracles."

Mardi. Même rituel. Bernard guette mon passage, prêt à dégainer son "ça va ?", Comme s’il attendait vraiment des informations sur ma santé. Ce matin, il n’aura de moi qu’un "ça va, ça va…" supersonique : on dirait que j’ai un rendez-vous capital.

Mercredi. Je m’arrête au premier étage, en entendant Dupont, du troisième, ouvrir la porte. Il s’arrête tous les jours pour discuter avec Bernard. Faisant semblant de chercher je ne sais quoi dans mon sac, j’attends qu’il passe et je me glisse derrière lui pour sortir de l’immeuble sans parler à personne.

Jeudi. Je n’en reviens pas, ma fille Yasmin a eu 17 en politique internationale. Heureusement, Bernard est à son poste, il faut vraiment que je le dise à quelqu’un. Échanger avec lui quelques mots le matin, c’est bien agréable. Si les concierges n’existaient pas, il faudrait les inventer.

Auteur: Piazza Piervi

Info: Homo biologicus

[ nécessaires ] [ naturels ] [ essentiels ] [ routine ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

remémoration

Dehors le soleil de mars était clair, des branches verdissaient et Filangeri sentit sa propre vie aussi fragile que ces minuscules bourgeons. Toute son existence il l'avait consacrée au culte de la beauté et il avait oublié qu'un rien suffisait à réveiller dans l'épaisseur de la conscience humaine la cruauté du temps des hordes. Sa mère avait été servante et son père carrier. Il pensa à eux, morts depuis tant d'années et les vit dans le décor de sa jeunesse, sur les contreforts onduleux des Apennins. Alors, tout sollicitait son amour : un renard tapi dans les herbes, un arbre gonflé de vent, un oiseau dans les nappes de soleil, la roue de la noria et son eau cascadeuse, et la lampe de porcelaine, le soir, protectrice et apaisante. Il ne s'attendrissait pas à évoquer l'enfant ébloui qu'il avait été mais trouvait dans ces souvenirs un remède contre la haine et la désespérance, car l'essentiel, devant ce corps torturé et ce regard millénaire de la douleur, était de ne pas se désunir, de ne pas glisser hors de soi, de demeurer fidèle à l'être qu'il avait construit en lui-même dans la passion de vivre et d'admirer. "Soif", gémit l'inconnu. De nouveau Filangeri se leva, se rendit au robinet et revint, les mains dans l'attitude de l'offrande, semant des gouttes qui étincelaient comme des diamants.

Auteur: Roblès Emmanuel

Info: Un printemps d'Italie

[ nature ] [ priméité ] [ équilibre ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

harmonie cosmique

Il était allé un jour dans la montagne, c’était une journée claire, ensoleillée. Il avait rôdé pendant longtemps, tourmenté par une pensée qui n’arrivait pas à prendre forme. Il voyait devant lui un ciel éclatant, un lac tout en bas, et tout autour un horizon clair, sans limite. Il avait contemplé tout cela avec souffrance. Il se rappela maintenant comment il avait tendu ses mains en pleurant vers ces espaces azurés. Il se tourmentait de se sentir étranger à tout cela. Qu’était-ce donc que ce festin, immense et éternel, qui ne se termine jamais, et vers lequel il se sentait attiré depuis son enfance, sans réussir à y prendre part : chaque matin, on voit se lever un soleil tout aussi éblouissant ; chaque matin, on aperçoit un arc-en-ciel au-dessus de la chute d’eau ; chaque soir, une montagne, la plus haute de toutes, couverte de neige, située très loin, là-bas, aux confins du ciel et de la terre, prend des reflets pourpres ; chaque "mouche qui bourdonne autour de lui dans un chaud rayon de soleil prend part à ce chœur, connaît sa place, l’aime et se sent heureuse". Chaque brin d’herbe pousse et trouve son bonheur. Et tous, tous connaissent leur chemin, tous viennent et repartent en chantant. Lui seul ne sait rien, ne comprend rien, ni aux hommes, ni aux sons, étranger pour tous, pauvre avorton qu’il est !

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'idiot", traduit par Nicolas Poltavtzev Presses de la renaissance, Paris, 1974, page 346

[ ordre naturel ] [ exclusion ] [ souffrance ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

rêverie

De hautes fougères flambent doucement, comme suspendues, portant leurs graines sous l’aile avant de les prodiguer autour d’elles. Les plantes s’élèvent-elles pour autre chose que ce don léger ? Ainsi voit-on des jeunes filles répandre le pollen de leurs regards. Mais le bois est désert. Je m’entends à peine avancer. Des pierres se sont éboulées parmi les aiguilles pourpres. Un ramier glisse du haut d’un arbre, descend obliquement, se pose : éventail de plumes grises qui s’ouvre sur le sol ; ou plutôt, morceau de silence détaché de l’espace. À moins que ce ne soit, sur mon cœur, un battement de paupières ? Que rien ne s’éloigne plus ! Les fougères, les roseaux tremblent.

Un grand serpent disparaît dans les hautes herbes jaunâtres.

Le silence pèse. Vais-je imaginer qu’une femme le dérange, qui approche entourée de ses cheveux, vais-je apprendre que ce sont des yeux qui ignorent le temps, et comment on marche quand on n’a ni regrets, ni désirs ? A-t-elle, pas plus liée par ses pieds au sol que la flamme à la bougie, le regard opaque (ou trop transparent) des bêtes ? Est-ce pourquoi elle aurait prêté l’oreille à l’une d’elles ? Le serpent nous répugne peut-être parce que nous savons son histoire. Elle, le voyait-elle seulement ? Ce n’était qu’un éclair paresseux ou une eau lente. Elle était encore prise dans le globe clos du jour : lequel de nos mots aurait-il eu un sens pour elle ? Sûrement pas danger, faute, mensonge…

Auteur: Jaccottet Philippe

Info: Paysages avec figures absentes

[ épiphanie ] [ Eurydice ] [ mirage ] [ nature ] [ femmes-par-homme ] [ question ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Plouin

anecdote

Une autre fois, dans les Dolomites, ces cathédrales de la terre, nous gravissions un couloir au spigolo del Velo. J'arrivais sur un léger replat, quand une pierre tomba à mes côtés. Je levais la tête : vingt mètres au-dessus de moi, il y avait deux chamois, la mère et son petit. Nos chemins se croisaient. Un instant, nous restâmes figés de part et d'autre, puis, décision vite prise, dans une harmonie de sauts, les deux bêtes plongèrent dans le couloir et me frôlèrent. Bien sûr, la mère allait devant, et le petit suivait. En dessous du replat se creusait brutalement le ressaut, mais la mère devait savoir que pour l'éviter, cinq mètres sur la droite, il y avait une vire ; elle se détendit et dans une envolée se retrouva sur l'autre bord. Le petit, qui la suivait de trop près orienta mal son élan et se lança d'abord droit vers le vide, mais immédiatement après le début de son bond, par une merveilleuse cambrure en plein vol, il rectifia sa direction. La mère l'attendait, il atterrit à ses côtés et, avant qu'ils ne poursuivissent, il y eut entre eux deux un regard échangé.
Les ballets imaginés par les hommes sont beaux ; ils ne sont pas plus beaux. Le spigolo del Velo - l'arête du Voile - est une très belle escalade, mais ce jour-là, vous vous en doutez, après ce que nous avions vu, l'escalade était secondaire.

Auteur: Rébuffat Gaston

Info: La montagne est mon domaine

[ animal ] [ alpinisme ] [ nature ] [ émotion ] [ émerveillement ]

 

Commentaires: 0

isolement

J’étais alors seul la plupart du temps, la vie conjugale et la vie dans les bois n’ayant pas fait bon ménage. Outre ma propre personne, je disposais de quatre chiens, de deux traîneaux, d’un harnais et de raquettes, de quelques livres et j’avais ma passion pour cette région. J’étais bien décidé à apprendre tout ce que je pouvais afin de me préparer à une longue vie dans les bois.
Pendant un temps, je posai mes pièges le long de la Tanana et sur les anciens chemins jouxtant Richardson et Tenderfoot, pas trop loin de chez moi. Sur le moment, j’en fus pour mes peines, malgré toutes ces expéditions et toutes ces recherches, tous ces regards perplexes scrutant la neige. Malgré tout, j’en tirai une leçon. J’appris à lire une piste animale, l’empreinte laissée sur la neige par la patte, l’aile ou la queue. D’une certaine façon, étrange et intuitive, c’était comme si je m’initiais à une langue étrangère où le moindre détail, le moindre accent avait une signification particulière. Cette langue m’amenait pas à pas dans un monde que j’avais, me semblait-il, connu naguère avant de l’oublier – un monde rempli d’ombres, hanté par les visions encore à moitié présentes du passé. J’y trouvais mes marques, plus ou moins certain – même si j’étais seul, loin de tout ce qui avait entouré mon enfance – que j’étais là où je devais être, à faire ce que je devais faire.

Auteur: Haines John Meade

Info: Vingt-cinq ans de solitude : Mémoires du Grand Nord

[ chasse ] [ nature ]

 

Commentaires: 0

signes sonores

Pour nos ancêtres indigènes, et pour les nombreux peuples autochtones qui s'accrochent encore à leurs traditions orales, la langue est moins une possession humaine qu'une propriété de la terre animée elle-même, un pouvoir expressif et tellurique auquel nous participons tous, de même que les coyotes et les grillons. Chaque créature met en œuvre cette magie expressive à sa manière, l'abeille mellifère avec sa danse ondulatoire, tout comme l'otarie belliqueuse et harrumphante.

Ce pouvoir n'est pas non plus réservé aux seuls animaux. Le chuchotement des herbes non coupées à l'aube, le gémissement plaintif des troncs qui se frottent les uns aux autres dans les forêts profondes, ou le rire des feuilles de bouleau lorsque le vent s'engouffre dans leurs branches, tous ces sons sont porteurs d'une multitude de significations à plusieurs niveaux pour ceux qui les écoutent attentivement. Dans le nord-ouest du Pacifique, j'ai rencontré un homme qui avait appris le langage des conifères à aiguilles ; par une journée de brise, vous pouviez le conduire, les yeux bandés, dans n'importe quelle parcelle de la forêt côtière et le placer, toujours aveugle, sous un arbre particulier ; après quelques instants, il vous dirait, en écoutant, quelle espèce de pin, d'épicéa ou de sapin se trouvait au-dessus de lui (s'il se trouvait sous un sapin de Douglas ou un grand sapin, un épicéa de Sitka ou un cèdre rouge de l'Ouest). Ses oreilles s'accordaient, disait-il, aux différents dialectes des arbres.

Auteur: Abram David

Info: Becoming Animal: An Earthly Cosmology

[ nature ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste