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pouvoir

La Fontaine, dans sa fable "Le loup et l'agneau" concluait que la raison du plus fort est toujours la meilleure. A l'épreuve des faits, peut-on conclure qu'il y a une rationalité du droit ? Malgré les apparences, oui, répondra Platon. Car s'il est vrai que les violents qui mènent le monde ont le pouvoir d'édicter les lois qui leur conviennent, le fait même qu'ils éprouvent le besoin d'édicter ainsi une loi et de recourir à une règle devrait nous alerter. N'y a-t-il pas là une contradiction. Soyons cohérents. Quand on est violent, le règle étant la violence, pas besoin d'autre règle, ou bien, comme on dit, c'est qu'il y a un problème. On n'est pas si sûr que cela de la règle de violence que l'on s'est donnée, puisque l'on éprouve le besoin de recourir à une autre règle. Un violent qui est violent ne cherche pas à légiférer et, s'il le fait, c'est qu'il ne se tient déjà plus dans l'ordre de la violence.

Auteur: Cassirer Ernst

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[ justice ] [ paradoxe ]

 

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logique

Un après-midi, nous effectuions une série d'opérations plus ou moins difficiles. L'enfaon, lui, observait toujours la sombre forêt à travers la fenêtre. Soudain la maîtresse lui a demandé :
- L'enfaon, si tu n'apprends pas à calculer, comment feras-tu pour trouver un jour un travail ?
Il a soupiré :
- Je ne comprends pas vos calculs, maîtresse. Pour vous, par exemple, 1 + 1 font 2. Pour moi, 1 + 1 font 1. Ça fera toujours 1.
- Tu te trompes, a répondu la maîtresse. 1 + 1 font 2.
L'enfaon a pivoté sur sa chaise et a répliqué :
- Je suis un mélange d'humain et de cerf, deux espèces différentes. Et pourtant je suis 1. Vous voyez bien que 1 + 1 font 1. Je sais que c'est difficile pour vous, maîtresse, de comprendre. Vous essayez de m'aimer tel que je suis. C'est pour ça que je reste ici. Uniquement pour ça. Mais si vous m'obligez à voir le monde comme vous le voyez, je partirai.

Auteur: Simard Eric

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[ paradoxe ] [ arithmétique ] [ métissage ]

 

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transcendance

Je crois que tout ce qui est dans un film est ce qu'on n'y a pas mis. Il faut arriver à mettre des choses sans les mettre, c'est-à-dire qu'il faut que tout ce qui est important n'y soit pas au départ et y soit à l'arrivée. Alors, ce que vous venez d'appeler mysticisme doit venir de ce que, moi, je sens dans une prison, c'est-à-dire, comme le second titre Le Vent souffle où il veut l'indique, ces courants extraordinaires, la présence de quelque chose ou de quelqu'un, appelez cela comme vous voudrez, qui fait qu'il y a une main qui dirige tout. Les prisonniers sont très sensibles à cette atmosphère curieuse, qui n'est d'ailleurs pas du tout une atmosphère dramatique : cela se passe à un niveau plus haut. Il n'y a pas de drame dans une prison : on entend fusiller les gens, mais on ne fait pas de grimaces pour cela : c'est normal, cela fait partie de la vie de la prison. Tout le drame est à l'intérieur.

Auteur: Bresson Robert

Info: Entretien paru dans les "Cahiers du cinéma", n°75, oct. 1957 (à propos de "Un condamné à mort s'est échappé") - cité dans "Passage du cinéma", éd. Ansedonia, p. 752

[ cinéma ] [ paradoxe ] [ confinement ] [ pénitencier ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

superstitions

Dans la certitude de sa fin prochaine, il ne sortait pas d’une pièce, ne fermait pas un livre, ne se servait pas d’un objet, sans croire que c’était son dernier acte, qu’il ne reverrait ni l’objet, ni le livre, ni la pièce ; et il avait alors contracté l’habitude d’un continuel adieu aux choses, un besoin maladif de reprendre les choses, de les voir encore. Cela se mêlait à des idées de symétrie : trois pas à gauche et trois pas à droite ; les meubles, aux deux côtés d’une cheminée ou d’une porte touchés chacun un nombre égal de fois ; sans compter qu’il y avait, au fond, l’idée superstitieuse qu’un certain nombre d’attouchements, cinq et sept par exemple, distribués d’une façon particulière, empêchaient l’adieu d’être définitif. Malgré sa vive intelligence, sa négation du surnaturel, il pratiquait avec une docilité de brute cette religion imbécile, qu’il dissimulait comme une maladie honteuse. C’était la revanche du détraquement nerveux, chez le pessimiste et le positiviste, qui déclarait croire uniquement au fait, à l’expérience.

Auteur: Zola Emile

Info: Les Rougon-Macquart, tome 12 : La Joie de vivre

[ rationalistes ] [ paradoxe ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

société consumériste

Tout le monde est d’une certaine manière occupé et employé comme travailleur à domicile.

Un travailleur à domicile d’un genre pourtant très particulier.

Car c’est en consommant la marchandise de masse – c’est-à-dire grâce à ses loisirs – qu’il accomplit sa tâche, qui consiste à se transformer lui-même en homme de masse.

Alors que le travailleur à domicile classique fabriquait des produits pour s’assurer un minimum de biens de consommation et de loisirs, celui d’aujourd’hui consomme au cours de ses loisirs un maximum de produits pour, ce faisant, collaborer à la production des hommes de masse.

Le processus tourne même résolument au paradoxe puisque le travailleur à domicile, au lieu d’être rémunéré pour sa collaboration, doit au contraire lui-même la payer, c’est-à-dire payer les moyens de production dont l’usage fait de lui un homme de masse. [...] Il paie donc pour se vendre.

Sa propre servitude, celle-là même qu’il contribue à produire, il doit l’acquérir en l’achetant puisqu’elle est, elle aussi, devenue une marchandise.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: "Le monde comme fantôme et comme matrice",in L’obsolescence de l’homme (Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle), 1956

[ asservissement continu ] [ paradoxe ] [ réseaux sociaux ] [ métadonnées ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

au-delà

S’il existe un "paradis", au sens d’un état d’esprit post-mortem de bonheur complet définitif destiné aux personnes bienveillantes, et si ce paradis n’est pas vide, alors il me semble qu’on peut démontrer simplement que l’"enfer", défini comme le contraire du paradis (c’est-à-dire un état d’esprit post mortem de malheur complet définitif destiné aux personnes malveillantes) ne peut pas exister ; ou alors, s’il existe, il est vide. En effet une personne bienveillante ne peut pas être pleinement heureuse en sachant que d’autres personnes (dont certaines peuvent être des proches) expérimentent un état de malheur complet définitif. Supposons qu’une personne au paradis s’accommode sans aucune souffrance de la présence d’un enfer. Cette personne ne peut pas être bienveillante (ou alors je ne sais pas ce qu’est la bienveillance…). Par définition de l’enfer, elle devrait donc être en enfer, ce qui est incompatible avec l’hypothèse de sa présence au paradis. Quant aux personnes bienveillantes admises à séjourner au paradis, elles ne peuvent pas être pleinement heureuses s’il existe un enfer peuplé, ce qui est incompatible avec la définition du paradis.

Auteur: Santarini Gérard

Info: Extrait de "Croire ou savoir ? Petites graines de réflexion pour un monde meilleur", Librinova, 2019

[ feu éternel ] [ Eden ] [ paradoxe ]

 

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Ajouté à la BD par SANTARINI

bienveillance

L'amour ne cherche pas ce qui est sien ; car il préfère donner, de manière que le don apparaisse comme la propriété du bénéficiaire.

Lorsque je dis : "Grâce à mon aide, cet homme a acquis son indépendance", s'il en est véritablement ainsi, ai-je alors fait pour lui le maximum ?

Voyons un peu !

Que dis-je par là ?

Je dis : "Il a acquis son indépendance, et ce, grâce à mon aide" ; oui, mais ainsi il n'est nullement indépendant, il n'est nullement devenu son propre maître, il doit ce qu'il est à mon aide, et ne l'ignore point.

Aider un homme de cette manière s'appelle tout bonnement le tromper.

Pourtant dans le monde c'est de cette manière (impossible !) qu'on accorde le plus grand bienfait ; pourtant c'est précisément cette manière d'agir qui est universellement appréciée dans le monde.

Naturellement : car la véritable manière de procéder se rend invisible, n'est donc point vue et épargne ainsi au monde — aussi bien qu'à l'intéressé — toute dépendance.

Auteur: Kierkegaard Søren Aabye

Info:

[ satisfaction narcissique ] [ paradoxe ] [ hypocrisie ] [ fausses bonnes intentions ] [ altruisme secret ] [ bonté cachée ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

hygiène

Robb Dunn, de l’université de Raleigh, en Caroline du Nord, s’est fait une spécialité de récolter les bactéries qui fourmillent à la surface des pommeaux de douche (des milliards de milliards), la flore des aisselles, les mites du visage et autres sympathiques commensaux de notre corps et de notre domicile. Il en tire des enseignements paradoxaux. Plus l’eau est traitée avec des produits chimiques destinés à tuer les microbes, plus les biofilms des pommeaux de douche contiennent de mycobactéries pathogènes. Plus notre foyer abrite d’espèces, plus notre système immunitaire est efficace. Et plus ces espèces occupent pleinement les niches où elles prolifèrent, mieux notre domicile est protégé contre l’invasion d’espèces pathogènes. Plus curieux encore : le nombre de plantes et de papillons présents dans votre jardin (si vous en avez un) est corrélé à la robustesse de la communauté de microbes qui habitent votre peau. Il est grand temps de considérer notre foyer et notre corps comme d’authentiques écosystèmes, au même titre qu’une lagune ou une forêt. Notre conseil : ne vous lavez pas trop à fond ni trop souvent et faites le ménage avec modération.

Auteur: Postel-Vinay Olivier

Info: "Le Books du jour", 7 janvier 2019

[ écosystème ] [ complémentarité ] [ Gaïa ] [ stabilité ] [ équilibre ] [ bactéries ] [ paradoxe ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

dilemme

Ce qui m'a un peu détruit la tête, c'est que je vénérais Nietzsche et Marx à la fois ; or d'après le peu que j'en savais, leurs idées n'étaient pas trop compatibles. Marx était à fond pour le travailleur, le gars qui bosse sur un chantier de construction comme un malade pour l'enfoiré de riche ; Marx, il était pour tous les gars de chez Dick, il était pour moi. (...) Nietzsche pensait que les minables n'avaient que ce qu'ils méritaient, parce que les forts finissaient toujours par se relever, par conquérir et par se retrouver tout en haut de l'échelle, devenant ainsi les maîtres de la basse-cour. (...) le fait de lire ces deux Schleus m'a donc un peu détraqué. Je n'arrivais pas à décider si je voulais devenir le leader du plus grand syndicat international de l'histoire de l'humanité, ou bien le dictateur d'Oakland, Monsieur le Boss. Parce que, si je devenais un jour Monsieur le Boss, qu'est-ce que je penserais des travailleurs ? Et si je restais un simple travailleur, qu'est-ce que je penserais du Boss ? Lire des bouquins, bordel, c'était pas simple.

Auteur: Williamson Eric Miles

Info: Bienvenue à Oakland

[ perdu ] [ philosophie ] [ paradoxe ] [ politique ] [ complexité ] [ littérature ]

 

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philosophe-sur-philosophe

Quand Nietzsche croit [...] accomplir ce dépassement [du nihilisme] en disant "oui" à l’ "éternel retour", cette acceptation n’est en réalité rien d’autre que l’affirmation de la souveraineté d’une nature dénuée de sens et qui ne recèle en elle aucun "Tu dois" - lecture d’autant plus plausible que le concept d’ "éternel retour" a été inventé sous l’influence de la conception de l’être qui est celle de la physique et sur le modèle de la répétitivité propre à l’expérience physique. La solution violente que propose Nietzsche est d’entrer dans cette ronde, de sauter dans le "grand midi" de ce qui tourne sans fin d’une façon absurde. Cette solution, si l’on fait abstraction du ton hymnique qui lui est propre, ne diffère pourtant absolument pas de la situation qui plongeait le nihiliste dans le désespoir (parce qu’il ne pouvait pas contester ou croyait ne pas pouvoir contester qu’il n’était, lui aussi, qu’un fragment de ce monde absurde où il n’y a pas de devoirs). Être "par-delà le bien et le mal" est un caractère incontestable de la nature. Nietzsche opère un court-circuit en en faisant aussi un devoir.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, page 334

[ critique ] [ monisme ] [ paradoxe ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson