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pop art

...L'efficacité des psychédéliques en matière d'art tient à leur capacité à rendre le langage sans poids, aussi fluide et éphémère que ces fameuses "lettres bulles" des années soixante. Je crois que ces psychotropes déconnectent à la fois le signifiant et le signifié de leurs prétendus référents du monde phénoménal - nous conférant simultanément un aperçu viscéral de la mécanique culturelle du langage, parallèlement à l'écrasante déduction d'une nature tumultueuse qui tourbillonne au-delà ou en deça de celui-ci.

De ma propre expérience, j'ai toujours senti que la langue était une nappe posée sur la table, jusqu'à ce qu'un serveur céleste la secoue d'un coup, la fasse flotter et la laisse retomber sur le monde dans une position différente de celle qu'elle avait avant, donnant ainsi un aperçu vertigineux de l'abîme qui sépare le monde véritable de la connaissance que nous en avons de lui.

Et c'est dans cet abîme que l'horror vacui de l'art psychédélique se déploie tel un pont incandescent. Car si c'est une chose de croire, sur base de preuves théoriques, que nous vivons dans une prison du langage, c'en est une autre de le réaliser après avoir jeté un coup d'oeil dans le vide insondable et glissant de cette Bastille en train de se démantibuler autour de nous. Pourtant, l'art psychédélique use de cette apparente occasion de perdre espoir en célébrant cette fuite du contrôle verbal par un débordement fluide qui emplit tout d'une profusion pleine de sens de rires et de lumières.

Auteur: Hickey Dave

Info: Air Guitar :  Essays on Art and Democracy. Trad Mg

[ dépassement cognitif ] [ art pictural ] [ lsd ]

 
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drogue

Se transporter dans un autre plan d’existence, c’est donc d’abord effacer progressivement le lien aux perceptions corporelles par les effets de l’anesthésie, très précisément les "éteindre" et ce, selon le mode d’absorption, le dosage, le "set & setting", l’acceptation du laisser-aller. Tout cela dure une heure environ. Après la première prise, c’est la "montée" des effets du produit : le corps devient comme mou, parfois semble se liquéfier, ou alors "s’enfoncer" sur place ; la perception du temps et de l’espace se transforme. Viennent ensuite des "dissos". Légères d’abord : les membres s’autonomisent, la vision se "pixelise" ou se " fractalise", la réalité se démantelant. Le ressenti est plutôt plaisant voire hilarant et se compare souvent à l’ivresse alcoolique. La "dissociation" devient ensuite plus profonde et c’est l’entrée dans une séquence hallucinatoire psychédélique propre à chaque sujet. Quelques constantes s’y retrouvent néanmoins. Les plus récurrentes, non sans rapport avec le monde des jeux vidéo, sont le transport ultra rapide dans un univers parallèle aux dimensions géométriques, métalliques et aux couleurs très vives, la perception d’un tunnel avec une lumière attirante à son extrémité, la compréhension immédiate de l’unité du Tout et la dissolution du moi. Et encore : la sérénité et la jouissance. Comme l’écrivent eux-mêmes les psychonautes sous kétamine, ils sont alors "perchés", haut, très haut ! Et puis, la plus caractéristique, la décorporation : sensation de "quitter son corps", de le voir à distance, d’en haut le plus souvent, comme si le sujet était devenu un "pur esprit" et le corps une "chose lointaine".

Auteur: Le Maléfan Pascal

Info: Dans "Être decorporé sous kétamine : clinique et coïncidences"

[ trip ] [ hallucinogène dissociatif ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

attitude religieuse

Si donc quelqu’un, obéissant au besoin intime de son cœur, ou se sentant en accord avec les sagesses les plus anciennes de l’humanité, ou encore s’appuyant sur le fait psychologique qu’il existe des perceptions "télépathiques", voulait conclure que la psyché participe dans son tréfonds à une entité sans temps ni espace et qu’elle appartient ainsi à ce que nous appelons maladroitement et symboliquement "éternité", le raisonnement critique ne pourrait lui opposer d’autre argument que le non liquet de la science. Il aurait en outre l’avantage non méprisable de se trouver en harmonie avec un "penchant" de l’âme humaine, qui existe depuis des temps immémoriaux et est universellement répandu. Qui n’aboutit pas à cette conclusion, par scepticisme ou par rébellion contre la tradition, par manque de courage, par manque d’ampleur de son expérience psychologique, ou par une ignorance irréfléchie, aura très peu de chance de devenir un pionnier de l’esprit ; il aura par contre l’indubitable certitude de se trouver en contradiction avec les vérités de son sang. Que celles-ci soient des vérités absolues ou non, on ne pourra jamais le démontrer. Il suffit qu’elles existent comme "penchant" ; nous savons assez ce que c’est que de s’engager à la légère dans un conflit avec ces "vérités" ; c’est comme si l’on voulait se mettre consciemment au-dessus des instincts, c’est le déracinement, la désorientation, l’absurdité de la vie, quel que soit le nom donné à tous ces symptômes d’infériorité. […] S’écarter des vérités du sang conduit à l’agitation névrotique que nous connaissons aujourd’hui plus que suffisamment. 

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "L'énergétique psychique", trad. Yves Le Lay, Librairie de l'Université, Genève, 1956, pages 230-231

[ valorisation ] [ guide spirituel ] [ argumentation rationnelle ] [ bénéfices ] [ croyance personnelle ] [ inclination mystique ]

 
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création du monde

Pour les Aborigènes d’Australie, le monde physique est toujours en perpétuelle création, en mutation, et ce, à partir d’une dimension de conscience intemporelle qu’ils nomment "le temps du rêve", ou Alcheringa. Depuis de nombreuses années, je m’intéresse à ce dreamtime aborigène, car il me semble qu’il détient les clés de la compréhension du lien entre psyché et matière. Les mythes de création des Aborigènes nous parlent d’un lointain passé qu’il est d’ailleurs également possible de lier au futur. Les êtres du temps du rêve vivaient en dehors du temps et de l’espace dans une dimension spirituelle et psychique ; de cet univers de conscience, ils ont conçu la réalité par le biais de leurs intentions. Les Aranda du centre de l’Australie les appellent les êtres Numbakulla, terme signifiant "issus de rien", existant par soi-même. Il est dit de ces êtres fondateurs qu’ils avaient préalablement rêvé leur état et leur devenir. Comment ne pas voir ici la marque de la rétrocausalité ! De leur dimension de conscience atemporelle, les ancêtres fondateurs de toute vie sur Terre observaient le monde. Cependant, de ce point de vue extérieur au réel, l’espace et le temps avaient une tout autre apparence. Les mythes décrivent un monde mouvant, une Terre molle indifférenciée, un espace-temps flexible que seule la conscience de ces êtres était capable de modeler. Car c’est par le biais de leurs intentions de création que les héros originels du temps du rêve ont façonné l’espace. Cette période créative est décrite comme une expérience d’excitation dynamique, d’intentions liées à des mouvements et des déplacements.

Auteur: Leterrier Romuald

Info: Dans "Se souvenir du futur", page 131

[ légende ] [ performativité ]

 

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naissance

Patricio avait de nombreuses expériences psychédéliques à son actif, mais là il est allé bien plus loin : "J'ai rapidement quitté le stade émotionnel, parce que les émotions ne peuvent rendre compte que d'une partie de la réalité." Il s'est vu allongé sur son lit d'hôpital, entouré du docteur et de son assistante, et parlait de lui à la troisième personne : "Il se trouvait là pour être soigné, parce qu'il était mort de stress après la prise de DMT. Les guides et les protecteurs ne se sont pas montrés. Il a été guéri de la mort, mais bien au-delà : il est né de nouveau. Puis il est devenu le créateur de tout un univers." Il ajoute : "Je me suis peu à peu densifié jusqu'à incarner mon apparence d'aujourd'hui. J'ai assisté à la création de l'univers à partir de l'énergie fondamentale de l'esprit, et en changeant de taux vibratoire j'ai vu apparaître tous les objets matériels. J'ai réalisé que j'avais recréé cet hôpital et cette chambre. Alors que le monde s'opacifiait toujours davantage, j'ai souhaité pouvoir mieux l'observer et j'ai demandé à l'assistante de m'enlever les caches qui protégeaient mes yeux. J'ai commencé à contempler mes propres doigts, comme un nouveau-né."
En fin de la vidéo, il conte son incrédulité - au sortir d'un périple onirique qui lui semble avoir duré des milliers et des milliers d'années -, (15 minutes en réalité) de constater que sa réalité de départ était toujours valide.
Finalement réaliste, il s'en veut d'avoir recréé le même univers, sans en corriger les défauts, par simple nostalgie.

Ici le témoignage complet de Patricio Dominguez.

Auteur: Internet

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[ drogue ] [ mystique ] [ corrélationnisme philosophique ]

 
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psychologie

La régression du point de vue jungien se confond parfois avec la dépression dont il faut rappeler l’étymologie deprimere ("presser de haut en bas") pour mieux comprendre le rapprochement. Dans les deux cas, il y a bien un mouvement de descente, de reflux vers la source. La dépression se produit lorsque la libido, c’est-à-dire l’énergie psychique de l’âme, se détourne du conscient pour se réfugier vers l’inconscient. Elle perd son intérêt pour le monde extérieur et se replie dans l’obscurité de l’âme.
Selon Jung, la dépression se produit lors d’un déséquilibre psychique prolongé causé par l’unilatéralité du fonctionnement conscient, par son refus de prendre en compte les manifestations que lui adresse l’inconscient. Ce mouvement irait croissant chez l’homme occidental qui, après deux millénaires de christianisme et plusieurs siècles de capitalisme, de scientisme et d’industrialisation, continue à nourrir le mythe d’une richesse de l’avoir plutôt que de l’être, de l’extériorité plutôt que de l’intériorité (Jung considère que le socle chrétien sur lequel s’est constituée notre société repose sur des principes qui réfèrent au type de l’extraversion - la relation du sujet avec l’objet est primordiale - alors que les sociétés fondées sur le socle hindouiste par exemple reposent sur des principes qui sont plus majoritairement ceux de l’introversion - exclure la relation du sujet avec le monde pour éviter la souffrance et le malheur). Seul le conscient est reconnu d’autorité, le conscient qui calcule, qui prévoit et qui organise. "La conscience est impensable sans un moi"*, pense l’esprit occidental ; il n’empêche que la dynamique inconsciente de la psyché n’en existe pas moins mais elle est projetée sur un dieu extérieur dont la forme varie au cours du temps.

Auteur: Arcé Alexandra

Info: Expérience de mort imminente : L'approche jungienne, pp 44,45. *JUNG C. G., Psychologie et orientalisme, trad. Par Paul Kessler, Josette Rigal, Rainer Rochlitz, Paris, Albin Michel, 1984, p. 140.

[ Asie-Occident ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

différenciation

C’est une phase essentielle du processus d’individuation. Elle a pour but de détacher la conscience de l’objet de sorte que l’individu cesse de placer l’assurance de son bonheur, voire de sa vie, dans des facteurs qui lui sont extrinsèques, qu’il s’agisse de personnes, d’idées ou de circonstances, et qu’à la place, il prenne conscience du fait que tout dépend de lui et que le trésor est ou n’est pas en sa possession. S’il parvient à s’approprier cet or, alors le centre de gravité de l’individu va se situer à l’intérieur de lui et non plus dans un objet extérieur dont il dépend. Atteindre un tel état de détachement est le but des pratiques orientales, et c’est également celui de tous les enseignements de l’Eglise. Dans les différentes religions, le trésor est projeté sur des figures sacrées mais aujourd’hui cette hypostase n’est plus possible pour un esprit éclairé. Les valeurs impersonnelles d’un grand nombre d’individus ne peuvent plus désormais s’exprimer dans des symboles historiques.

On se trouve donc face à la nécessité de trouver une méthode individuelle par laquelle on puisse donner forme aux images impersonnelles. Car elles doivent absolument prendre forme, elles doivent vivre la vie qui leur incombe, sans quoi l’individu est amputé d’une fonction fondamentale de sa psyché et devient alors névrosé, perdu et en conflit avec lui-même. En revanche, s’il est capable d’objectiver les images impersonnelles et de s’y relier, il sera en contact avec cette fonction psychique vitale à laquelle la religion s’est consacrée depuis l’aube de la conscience. […]

La seule façon rationnelle de présenter cet état de détachement, c’est d’en donner une définition : il s’agit d’une sorte de centre qui n’est pas situé dans le moi, mais dans la psyché de chacun. C’est le centre d’un non-moi.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: "Sur les fondements de la psychologie analytique", trad. Cyrille Bonamy et Viviane Thibaudier, éd. Albin Michel, Paris, 2011, pages 234-235

[ universel-singulier ] [ inconscient collectif ] [ devoir psychologique ]

 

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parapsychologie

- Il y a-t'il un cas qui marque un tournant dans votre pensée ?
- Il y en a beaucoup, par exemple je suis allé à Washington pour étudier des noirs dans une clinique psychiatrique afin de voir s'ils avaient le même genre de rêves que nous. Un cas qui m'a amené à penser qu'il y a dans notre psyché un stratum impersonnel. Par exemple nous avions un patient, calme mais complètement dissocié, un schizophrène, qui était dans la clinique depuis 20 ans. Un petit employé, sans éducation particulière. Un jour il m'a attrapé par le bras, tout excité, et m'a conduit vers la fenêtre en me disant :
"- Docteur, vous allez voir. Maintenant, regardez-le soleil, voyez comme il bouge... Vous devez aussi bouger votre tête comme ceci et vous alors verrez le phallus du soleil et ça, c'est l'origine du vent... Et regardez comment ça bouge si vous déplacez votre tête..."
Bien sûr je n'y comprenais rien et pensais : voilà, il est fou.
Cet épisode est resté dans ma tête et quatre ans plus tard je suis tombé sur l'article d'un historien allemand, Dieterich, qui s'était occupé de la Lyturgie de Mithra, une partie du grand papyrus magique de Paris*. Dieterich y présentait cet extrait :
"Après la seconde prière tu verras le disque solaire se déployer et tu verras pendre de lui le phallus, l'origine du vent : et si tu tournes le visage vers l'orient il ira ici, et si tu tournes le visage vers l'occident il te suivra."
Immédiatement j'ai su : c'était la vision de mon patient !
- Comment pouvez-vous être sûr que ce n'était pas un souvenir inconscient du cet homme ?
- C'est hors de question, cette histoire était inconnue, issue du codex de Paris qui n'avait pas même été publié, si ce n'est quatre ans après la vision de mon patient.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Lors de sa dernière interview par la BBC deux ans avant sa mort.*Papyrus 574 de la Bibliothèque Nationale

[ inconscient collectif ]

 
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indifférenciation

Les liaisons internationales croissantes et la faiblesse des religions ont déjà effacé ou surmonté ces limitations [exogames], et le feront encore plus à l’avenir, engendrant une masse amorphe dont nous apercevons déjà les prodromes dans les phénomènes modernes de la psyché de masse. Ainsi l’ordre exogame originel se rapproche progressivement de l’état de chaos qui avait été péniblement maîtrisé. Face à ce péril, il n’est qu’un remède : l’affermissement intérieur de l’individu, lequel est menacé d’abrutissement et de dissolution dans la psyché de masse. Ce qu’il faut entendre par là, le passé le plus récent nous l’a montré avec la plus grande netteté. Aucune religion n’a su nous en préserver, et notre facteur d’ordre, l’Etat, s’est finalement révélé le pionnier le plus efficace de la massification. Dans de telles conditions, le seul recours possible semble bien être l’immunisation de l’individu contre le poison de la psyché de masse. […]
Mais il est de la plus haute importance que ce processus s’accomplisse consciemment, sinon les conséquences psychiques de la massification s’installeront inévitablement. En effet, si l’affermissement intérieur de l’individu ne se produit pas consciemment, il se manifeste spontanément dans ce phénomène d’ores et déjà connu : l’endurcissement inimaginable de l’homme de masse à l’égard de ses semblables. Il se transforme en un animal grégaire et sans âme, que seuls régissent encore la panique et les appétits. Son âme, qui ne vit que de la relation humaine, se perd. […] ce quelque chose en quoi l’union intérieure s’accomplit n’est rien de personnel ou d’égotique, mais une réalité supérieure à ce domaine, car il signifie, en tant que Soi, une synthèse du moi et de l’inconscient suprapersonnel. L’affermissement intérieur de l’individu n’a donc absolument rien à voir avec la forme que pourrait prendre, à un autre niveau, l’endurcissement de l’homme de masse, ni avec une attitude d’isolement spirituel et d’inaccessibilité, par exemple ; tout au contraire, elle inclut le prochain.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Psychologie du transfert" pages 94-95

[ individuation ] [ grégarisme inhumain ]

 

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cognition

Cependant, des questions se posent. Existe-t-il des gens qui ne soient pas de naïfs réalistes, ou des situations particulières lors desquelles le réalisme naïf disparaît ?
Ma théorie - celle de l'auto-modélisation de la subjectivité - prédit que dès qu'une représentation consciente devient opaque (c'est-à-dire dès qu'on la vit comme une représentation), on perd le réalisme naïf. Cela se produit chaque fois qu'à l'aide d'autres représentations de second ordre nous prenons conscience du processus de construction - de toutes les ambiguïtés et étapes dynamiques précédant l'état stable qui émerge à la fin.
Ou autrement, si cette fenêtre est sale ou fissurée, nous nous rendons immédiatement compte que la perception consciente n'est qu'une interface et prenons conscience du médium lui-même.
En clair, si le livre entre vos mains devient moins transparent, vous le ressentirez comme un état d'esprit plutôt que comme un élément du monde extérieur. Vous douterez même de son existence indépendante. Ce sera plus comme une pensée de livre qu'une perception de livre. C'est précisément ce qui se produit dans diverses situations - par exemple lors d'hallucinations visuelles au cours desquelles le patient est conscient d'halluciner, ou lors d'illusions d'optique ordinaires lorsque nous réalisons que nous ne sommes pas en contact véritable avec la réalité.
Si on pouvait consciemment faire l'expérience des premières étapes du traitement de la représentation du livre qu'on a entre les mains l'image deviendrait probablement instable et ambiguë, elle commencerait à respirer et à bouger légèrement. Sa surface deviendrait irisée, scintillant simultanément de couleurs différentes. Immédiatement on se demandera si ça peut être un rêve, si nos yeux ont un problème, ou si quelqu'un a mélangé un puissant hallucinogène à notre boisson.
Un segment du mur du tunnel de l'Ego a perdu sa transparence et la nature auto-construite du flux global de l'expérience a surgi. De manière non conceptuelle et entièrement non théorique, on comprend soudain, mieux que jamais, le fait que ce monde, en ce moment même, n'apparaît qu'à nous.

Auteur: Metzinger Thomas

Info: Le Tunnel de l'Ego : Science de l'esprit et mythe du moi

[ psyché ]

 

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