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explosion de Tchernobyl

A part ça, il y a eu autre chose. Une autre peur. On ne l’entend pas, on ne la voit pas, elle n'a ni odeur ni couleur, mais nous change physiquement et psychologiquement. Notre formule sanguine change, notre code génétique change, le paysage change... Quoi que nous pensions, quoi que nous fassions… Je me lève le matin, je bois du thé, je vais aux répétitions, je rencontre mes élèves… Et cela est suspendu au-dessus de moi. Comme un signe. Comme une question. Je ne peux comparer cela à rien.

Auteur: Alexievitch Svetlana

Info: Témoignage de Lilia Mikhaïlovna Kouzmenkova, metteur en scène, enseignante au conservatoire théâtral de Moguilev, dans La supplication, Editions Jean-Claude Lattès, 1998, traduit du russe par Galia Ackerman et Pierre Lorrain, page 197

[ épée de Damoclès ] [ radioactivité ] [ menace ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

radiations

L’usage des armes à l’uranium appauvri par les Etats-Unis, défiant tous les traités internationaux, va lentement annihiler toutes les espèces vivantes de la Terre, y compris l’espèce humaine, et ce pays continue de les utiliser en pleine connaissance de leur potentiel destructeur. […] Le but profond se révèle lorsque l’on compare les régions désormais contaminées par l’uranium appauvri – Egypte, Moyen-Orient, Asie centrale et la moitié nord de l’Inde – aux impératifs géostratégiques énoncés par Zbiniew Brzezinski dans son ouvrage de 1997, Le Grand Echiquier. […] Les aérosols d’uranium appauvri vont contaminer de façon permanente de vastes régions et détruire lentement l’héritage génétique des populations qui vivent dans ces contrées que les USA doivent contrôler pour établir et maintenir la suprématie américaine.

Auteur: Moret Leuren

Info: " Depleted uranium : the Trojan Horse of nuclear war”, Voltaire Network, Berkeley, 16 avril 2011

[ radioactivité résiduelle ] [ guerre nucléaire ] [ syndrome de la guerre du Golfe ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

accoutumance

Près de Tchernobyl, les chiens développent des superpouvoirs génétiques contre les radiations.   

Près 40 ans après la catastrophe de Tchernobyl dans le nord de l'Ukraine, il n'est toujours pas recommandé de vivre dans la région. Mais les chiens n'ont pas eu le choix, ils ont été abandonnés lorsque les habitants ont fui. Et aujourd'hui, ce sont leurs descendants vivant toujours à proximité de la centrale nucléaire qui intriguent les chercheurs. 

Une étude de l'Université de Columbia a révélé qu'après plusieurs générations, les toutous se sont acclimatés à leur environnement toxique. Ils ont développé des superpouvoirs génétiques leur permettant d'être immunisés contre les radiations, les métaux lourds et la pollution, rapporte le «Daily Mail», mardi 10 décembre. Et cette découverte pourrait être bénéfique pour les humains. 

Pas que les chiens

Sur les 116 chiens analysés, les experts ont identifié 52 gènes potentiellement liés à l'exposition à la contamination de la centrale nucléaire. En d'autres termes, l'environnement toxique a entrainé chez les chiens des mutations génétiques héréditaires, leur permettant de s'adapter à des conditions hostiles. 

Mais les chiens, ne sont pas les seuls à avoir développé de superpouvoirs. Une autre recherche publiée en janvier a mis en avant la résistance des loups aux radiations cancérigènes. Et en mai, une étude a révélé que les rainettes noires, vivant à proximité du site, présentaient une longévité comparable à celle de leurs congénères. Le journal anglais va même jusqu'à dire que " cela suggère que la zone d'exclusion pourrait à nouveau être adaptée à l'habitation humaine ".

Quoiqu'il en soit, ces découvertes contribuent à une meilleure compréhension des effets des conditions extrêmes sur la santé, tant animale qu'humaine. Elles fournissent également des perspectives intéressantes pour analyser ces impacts et concevoir des stratégies efficaces afin de réduire les risques associés aux environnements toxiques.



 

Auteur: Internet

Info: https://www.blick.ch/, 11 déc 2024 - Solène MonneyJ

[ post-atomique ] [ radioactivité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

Tchernobyl

Là-bas, on entrait dans un monde fantastique, un mélange de fin du monde et d’âge de pierre. Je percevais tout d’une manière particulièrement aiguë, épidermique… Nous vivions dans des tentes, au milieu de la forêt, à vingt bornes du réacteur. Comme des partisans. On appelait d’ailleurs ainsi les réservistes qui avaient été convoqués comme moi. Des hommes entre vingt-cinq et quarante ans, beaucoup avec une éducation supérieure ou technique. Moi, j’enseigne l’histoire. En guise de fusil, nous avions des pelles. Nous retournions les décharges, les potagers. Dans les villages, les femmes nous regardaient et se signaient. Nous portions des gants, des masques, des tenues de camouflage... Le soleil était chaud... Nous apparaissions dans leurs potagers, comme des diables. Elles ne comprenaient pas pourquoi nous retournions leurs parcelles, arrachant les plants d’ail et les choux alors qu’ils semblaient parfaitement normaux. Les grand-mères se signaient et criaient : “Petits soldats, est-ce la fin du monde ?”

Dans une maison, le four était allumé et une bonne femme y faisait frire du lard. On a approché le dosimètre : ce n’était pas un four, mais un véritable petit réacteur. Ils nous ont invités : "Restez manger un morceau, les gars !" Nous avons refusé. Mais eux : "Nous allons trouver de la vodka ! Asseyez-vous ! Racontez !" Mais que pouvions-nous bien raconter ? Près du réacteur, les pompiers marchaient directement sur le combustible mou. Il luisait et ils ne savaient même pas ce que c’était. Alors, nous autres, que pouvions-nous savoir ?

Nous y allions. Nous avions un seul dosimètre pour une unité entière. Et la radiation n’était jamais la même à des endroits différents : l’un de nous travaillait là où il n’y avait que deux röntgens, et un autre là où il y en avait dix. D’un côté régnait l’arbitraire, comme dans les camps, et de l’autre la peur. Moi, je voyais tout comme de l’extérieur.

Un groupe de scientifiques est arrivé en hélicoptère. Ils portaient des vêtements spéciaux de caoutchouc, des bottes hautes, des lunettes de protection. Comme pour un débarquement sur la Lune… Une vieille femme s’est approchée de l’un d’eux. 

- Qui es-tu ?

- Un scientifique.

- Un scientifique ? Voyez comment il est affublé. Et nous alors ?

[…] J’ai vu un homme dont on enterrait la maison devant ses yeux… (Il s’arrête.) On enterrait des maisons, des puits, des arbres… On enterrait la terre… On la découpait, on en enroulait des couches… Je vous ai prévenue… Rien d’héroïque.

[…] Nous enterrions la forêt. Nous sciions les arbres par tronçons d’un mètre et demi, les entourions de plastique et les balancions dans une énorme fosse. Je ne pouvais pas dormir, la nuit. Dès que je fermais les yeux, quelque chose de noir bougeait et tournait, comme si la matière était vivante. Des couches de terre vivantes… Avec des insectes, des scarabées, des araignées, des vers… Je ne savais rien sur eux, je ne savais même pas le nom de leurs espèces… Ce n’étaient que des insectes, des fourmis, mais ils étaient grands et petits, jaunes et noirs. Multicolores. Un poète a dit que les animaux constituaient un peuple à part. Je les tuais par dizaines, centaines, milliers, sans savoir même le nom de leurs espèces. Je détruisais leurs autres, leurs secrets. Et je les enterrais…

Auteur: Alexievitch Svetlana

Info: Témoignage d'Arkadi Filine dans La supplication, Editions Jean-Claude Lattès, 1998, traduit du russe par Galia Ackerman et Pierre Lorrain, pages 94 à 97

[ liquidateur ] [ chair à canon ] [ radioactivité ]

 
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gestion de crise

Des milliers de tonnes de césium, d’iode, de plomb, de zirconium, de cadmium, de béryllium, de bore et une quantité inconnue de plutonium (dans les réacteurs de type RBMK à uranium-graphite du type de Tchernobyl on enrichissait du plutonium militaire qui servait à la production des bombes atomiques) étaient déjà retombées sur notre terre. Au total, quatre cent cinquante types de radionucléides différents. Leur quantité était égale à trois cent cinquante bombes de Hiroshima. Il fallait parler de physique, des lois de la physique. Et eux, ils parlaient d’ennemis. Ils cherchaient des ennemis !

[…] Un physicien quelconque osait donner des leçons au Comité central ? Non, ce n’étaient pas des criminels, mais des ignorants. Un complot de l’ignorance et du corporatisme. […] On devait justement promouvoir Sliounkov à un poste important, à Moscou. C’était cela. Je pense qu’il a dû recevoir un coup de fil du Kremlin, de Gorbatchev : Surtout pas de bagues, ne semez pas la panique, il y a déjà assez de bruit autour de cela en Occident. Les règles du jeu étaient simples : si vous ne répondez pas aux exigences de vos supérieurs, vous ne serez pas promu, on ne vous accordera pas le séjour souhaité dans une villégiature privilégiée ou la datcha que vous voulez… […]

Dans les instructions de sécurité nucléaire, on prescrit la distribution préventive de doses d’iode pour l’ensemble de la population en cas de menace d’accident ou d’attaque atomique. En cas de menace ! Et là, trois mille microröntgens à l’heure... Mais les responsables ne se faisaient pas du souci pour les gens, ils s’en faisaient pour leur pouvoir. Nous vivons dans un pays de pouvoir et non un pays d’êtres humains. L’État bénéficie d’une priorité absolue. Et la valeur de la vie humaine est réduite à zéro. On aurait pourtant bien pu trouver des moyens d’agir ! Sans rien annoncer et sans semer la panique... Simplement en introduisant des préparations à l’iode dans les réservoirs d’eau potable, en les ajoutant dans le lait. Les gens auraient peut-être senti que l’eau et le lait avaient un goût légèrement différent, mais cela se serait arrêté là. La ville était en possession de sept cents kilogrammes de ces préparations qui sont restées dans les entrepôts... Nos responsables avaient plus peur de la colère de leurs supérieurs que de l’atome. Chacun attendait un coup de fil, un ordre, mais n’entreprenait rien de lui-même. Moi, j’avais toujours un dosimètre dans ma serviette. Lorsqu’on ne me laissait pas entrer quelque part (les grands chefs finissaient par en avoir marre de moi !), j’apposais le dosimètre sur la thyroïde des secrétaires ou des membres du personnel qui attendaient dans l’antichambre. Ils s’effrayaient et, parfois, ils me laissaient entrer.

— Mais à quoi bon ces crises d’hystérie, professeur ? me disait-on alors. Vous n’êtes pas le seul à prendre soin du peuple biélorusse. De toute manière, l’homme doit bien mourir de quelque chose : le tabac, les accidents de la route, le suicide...

[...]

Je sais bien que les chefs, eux, prenaient de l’iode. Lorsque les gars de notre Institut les examinaient, ils avaient tous la thyroïde en parfait état. Cela n’est pas possible sans iode. Et ils ont envoyé leurs enfants bien loin, en catimini. Lorsqu’ils se rendaient en inspection dans les régions contaminées, ils portaient des masques et des vêtements de protection. Tout ce dont les autres ne disposaient pas. Et aujourd’hui on sait même qu’un troupeau de vaches spécial paissait aux environs de Minsk. Chaque animal était numéroté et affecté à une famille donnée. À titre personnel. Il y avait aussi des terres spéciales, des serres spéciales... Un contrôle spécial... C’est le plus dégoûtant... (Après un silence.) Et personne n’a encore répondu de cela...

Auteur: Alexievitch Svetlana

Info: Témoignage de Vassili Borissovitch Nesterenko, ancien directeur de l’Institut de l’énergie nucléaire de l’Académie des sciences de Biélorussie dans La supplication, Editions Jean-Claude Lattès, 1998, traduit du russe par Galia Ackerman et Pierre Lorrain, pages 213-216

[ intérêts politiques ] [ désinformation ] [ privilégiés ] [ radioactivité ] [ inaction étatique ]

 

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