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idiome

C’était bien plus que cela. Au-delà des frontières établies de façon artificielle par des hommes, il restait quelque chose de plus fondamental : une terre qui ne se préoccupait que très rarement des échelles supérieures de la géopolitique, et que personne, pas même des autocrates, ne pourrait enlever.

Il n'y avait qu'à voir comment une culture bafouée dormait en chacun des êtres, attendant d'être délivrée de son supplice et libre au grand jour. Dans chaque foyer, alors que la langue ukrainienne avait été interdite, on s’échangeait des histoires de cosaques, on riait en ukrainien, on rêvait en ukrainien.

L'autre langue était celle de l'administration, l'officielle. On gardait l'officieuse pour les échanges importants, nos joies, l'intime.

On faisait l'amour en ukrainien. Quand une langue permet à deux êtres de s’aimer, toutes celles qui n'ont pas reçu ce rôle peuvent s'en aller un jour.

Auteur: Koszelyk Alexandra

Info: L'Archiviste

[ rassembleur ] [ refuge ] [ communautaire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mère-fille

Maman adorait faire des achats. Elle n'avait pas beaucoup d'argent, mais elle se cramponnait à ce menu plaisir. Une boîte à musique avec un carrousel et une poupée occidentale avec son ombrelle, qu'une ancienne camarade de classe avait achetée pour elle au magasin d'export en gros ; un vase arraché de haute lutte à la sortie de la verrerie où l'on bradait les pièces défectueuses ; un vieux poste de radio aphone rapporté d'une brocante... Elle était comme une hirondelle qui construit son nid en rapportant des petites choses dans son bec. Toutes ces babioles inutiles étaient disposées bien en évidence dans la maison, tandis que les objets usuels, qui ne procuraient aucun plaisir esthétique, étaient soigneusement cachés. Nous vivions reclus dans une boîte de conserve hermétiquement fermée, nous avions repoussé le temps à l'extérieur, si bien que cette période de ma vie s'est écoulée avec une lenteur toute particulière.

Auteur: Yueran Zhang

Info: Le clou

[ foyer ] [ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

question

Les gens qui éprouvent le besoin impérieux de lire lorsqu'ils se trouvent au coeur d'une foule ou dans les transports en commun ne savent pas qu'ils adoptent un parangon de l'attitude autistique.

La lecture est un repli sur le monde intérieur de l'imagination et de la représentation mentale ; en lisant un livre en public, on se coupe de la réalité qui nous entoure parce qu'elle nous agresse par ses bruits, ses odeurs, ses images, ses mouvements spasmodiques ; lire en public, c'est refuser le contact avec autrui. Bien sûr, lire un livre permet de passer le temps tout en se distrayant ou se cultivant. Mais au coeur de la masse mouvante du peuple, lire un livre équivaut souvent à protéger sa bulle individuelle, à fermer les frontières, à ériger des barrières et à tenir à distance les quidams indésirables. Et pourtant qui osera dire que lire est un comportement pathologique ?

Auteur: Vall David

Info: De chair et de marbre

[ bouquiner ] [ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

diversion

L’homme mûr s’absorbe dans son métier, la mère s’engloutit dans l’éducation de ses enfants ; mais cette "vie de sacrifice" n’est que le sacrifice d’une vie : un suicide, parfois presque conscient. En obéissant au "devoir" nous cédons souvent à la facilité, car l’être social est le fond de l’homme. Nous refusons l’impératif le plus dur : l’existence personnelle. Mais avec elle nous perdons la vertu qui les crée toutes : l’aptitude à se dépasser soi-même. La morale par excellence, celle qui ne va pas de soi, c’est d’accepter d’être seul. Ce n’est pas de donner mais de donner seul : quand tous donnent c’est parfois ne pas donner.

L’homme vertueux est sauvé par ses œuvres. Mais elles seront de plus en plus faciles, s’il est vrai que leur raison est dans le déchirement qu’elles nous évitent. La vertu dégénère en moralisme, mais le rite est encore plus commode : un simple geste et voici exorcisée l’angoisse de vivre.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Je fus", R&N Éditions, 2021, page 235

[ moralité refuge ] [ par-delà le bien et le mal ] [ souffrance ] [ solitude ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

musique

À côté de cela, nous avons, dans cette lettre d'un jeune homme de vingt et un ans, un aveu qui restera valable jusqu'à la fin de sa vire : "Je serai plus heureux, puisque j'aurai à composer", et, plus loin : "Il suffit que j'entende parler d'opéra, que je sois au théâtre, écoute des voix - oh, je suis complètement hors de moi." Toute l'existence sociale s'est concentrée, dès cet âge relativement précoce, avec toute sa passion et son intensité, sur le besoin d'entendre et de créer de la musique : "Ce qui est mon bonheur et ma passion."
C'est très étrange pour un jeune homme qui porte en même temps, et ne cessera de porter, un vif intérêt aux femmes. Mais peut-être s'expose-t-il avec la musique à moins de déceptions. Il écrit dans ce sens encore peu de temps avant sa mort, sa situation étant désespérée : "Je travaille encore, parce que composer me fatigue moins que de m'en abstenir."

Auteur: Norbert Elias

Info: Mozart, sociologie d'un génie

[ travail ] [ thérapie ] [ refuge ]

 

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détachement

Ce n'est pas fréquemment que le mot "camarade" se retrouve chez Mallarmé. Aussi est-ce sans aucun doute à dessein (entre respect et malice) qu'il a été placé, et avec une majuscule de surcroît, dès l'entame de "Quant au livre", à la première ligne de "L'action restreinte", ce qui donne : "Plusieurs fois vint un Camarade, le même, cet autre, me confier le besoin d'agir." S'ensuit, comme on pouvait le prévoir, le lent et subtil écartement de ce besoin, avec pour motif central la défense du Livre et de sa solitude nécessaire, quand bien même elle serait subie. Cette action "restreinte" est pour Mallarmé la plus grande, elle agit souverainement, pour autant le puisse le texte qui la porte, et elle est sans espoir : ni le suffrage ni la gloire ni le pouvoir d'influer sur le cours du monde ne sont de son domaine, c'est envers le seul langage, en lui et pour lui qu'elle rayonne, sauvant malgré tout l'outil ou, tout autant, son ouvrier, du naufrage.

Auteur: Bailly Jean-Christophe

Info: Début du texte : "L'action solitaire du poème", in "Toi aussi, tu as des armes", éd. La Fabrique, p. 9

[ politique ] [ poésie ] [ efficacité ] [ isolement ] [ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

ignorance

Le moi de l’homme moderne a pris sa forme - nous l’avons indiqué ailleurs - dans l’impasse dialectique de la belle âme qui ne reconnaît pas la raison même de son être dans le désordre qu’elle dénonce dans le monde.

Mais une issue s’offre au sujet pour la résolution de cette impasse où délire son discours.

La communication peut s’établir pour lui valablement dans l’œuvre commune de la science et dans les emplois qu’elle commande dans la civilisation universelle ; cette communication sera effective à l’intérieur de l’énorme objectivation constituée par cette science et elle lui permettra d’oublier sa subjectivité.

Il collaborera efficacement à l’œuvre commune dans son travail quotidien et meublera ses loisirs de tous les agréments d’une culture profuse qui, du roman policier aux mémoires historiques, des conférences éducatives à l’orthopédie des relations de groupe, lui donnera matière à oublier son existence et sa mort, en même temps qu’à méconnaître dans une fausse communication le sens particulier de sa vie.

Auteur: Lacan Jacques

Info:

[ refoulement ] [ système dérivé fonctionnel ] [ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

foyer

Oui, c'était bien là ma mère. Tout se déroulait comme si rien ne s'était passé, comme si je ne rentrais pas tout juste de la guerre, comme si le monde n'était pas en ruine, la monarchie détruite, comme si notre vieille patrie continuait d'exister avec ses lois multiples incompréhensibles, mais immuables, ses us et coutumes, ses tendances, ses habitudes, ses vertus et ses vices. Dans la maison maternelle, on se levait à sept heures même après quatre nuits blanches. J'étais arrivé aux environs de minuit, la pendule de la cheminée, avec son visage de jeune fille las et délicat, frappa trois coups. Trois heures de tendre épanchements suffisaient à ma mère. Lui suffisaient-elles ? En tout cas, elle ne s'accorda pas un quart d'heure de plus. Elle avait raison. Je m'endormis bientôt, dans la pensée consolante de me trouver chez nous. Au milieu d'une patrie détruite, je m'endormais dans une forteresse inexpugnable. De sa vieille canne noire, ma veille maman écartait de moi tout ce qui aurait pu me troubler.

Auteur: Roth Joseph

Info: La crypte des Capucins

[ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

coteries

[...] à la fin des années 20, le mensonge envahit tout. Les mots abstraits tirent à eux toute la vie. On ne circule plus que parmi les paroles gelées, propices aux tyrans.
D'abord, elles ne nous inquiétèrent pas. On les sentait creuses: elles l'étaient, effectivement. Et Paris se refusait à l'inquiétude. Il avait vu passer bien des gens, bien des modes. On montrait encore à Montparnasse, les tables voisines, les ardoises fraternelles de Lénine et de Mussolini. Bolcheviste, fascisme, freudisme, cubisme, expressionnisme, populisme, tout cela rentrait dans les tiroirs multiples d'une tradition rassurante. Les affiches, fussent-elles criardes, se détachaient toutes sur un même fond neutre de compromis anciens. On trouvait très commode de se dire, les uns aux autres : "moi je suis ceci, toi tu es cela." "Vieil anarchiste, vieux communiste, vieux socialiste, vieux radical, cher vieux sale réac…", c'était sans conséquence et satisfaisait le goût de l'uniforme. On "prenait donc des positions". On ne s'apercevait pas que c'était au contraire la position qui venait de vous prendre.

Auteur: Berl Emmanuel

Info: Sylvia

[ possession ] [ pensée calcifiée ] [ rattachement identitaire ] [ chapelles ] [ clans ] [ labels refuges ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

tradition

Il semble que la maîtrise d'un système symbolique peut sauver la vie d'un individu ou d'un groupe. C'est ainsi qu'on explique le fait que l'Islande, par exemple, compte le plus grand nombre de poètes per capita au monde. L'apprentissage et la récitation des sagas sont devenus pour eux des moyens de conserver l'ordre dans leur conscience dans un environnement hostile. Depuis des siècles, les Islandais ont conservé et ont ajouté des vers aux épopées racontant les hauts faits de leurs ancêtres. Isolés dans leur longue nuit d'hiver, ils chantent leurs poèmes groupés auprès du feu pendant que les vents de l'Arctique hurlent à l'extérieur. S'ils avaient passé tout ce temps à écouter les sifflements du vent en silence, leur esprit se serait sans doute rempli de terreur et de désespoir. En revanche, en récitant leurs vers cadencés, ils ont maîtrisé le cours de leur existence et ont gardé le contrôle sur l'expérience vécue. Dans quelle mesure les sagas ont-elles aidé les Islandais à survivre ? Il n'y a pas de réponse certaine à cette question.

Auteur: Csikszentmihalyi Mihaly

Info: Vivre : La psychologie du bonheur

[ refuge ] [ thérapie ]

 

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