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femmes-hommes

- Tu sais qui je suis? Ironique. - Une débauchée. Son mouvement lascif. - Débauchée, luxurieuse, corrompue, déréglée, voluptueuse, immorale, libertine, dissolue, sensuelle, polissonne, baiseuse, dépravée, impudique, vicieuse. Me baisant la main avec une feinte dévotion. - Et malgré tout ça, je veux qu'on m'aime.

Auteur: Calaferte Louis

Info: La Mécanique des femmes, p.21

[ sexe ] [ jeu ]

 

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décliner

Rien ne change autant qu'on croit; en soi-même moins encore. Cette distance du vieillissement sert à nous enseigner qu'il ne va jamais dans notre moule que ce qu'il est en mesure de contenir. Ce n'est point tant : "Fidèle à soi-même", que : "Réduit à soi-même".

Auteur: Calaferte Louis

Info: Rosa mystica

[ vivre ] [ épurer ]

 

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condition humaine

L'âge ne nous donne pas de droits, bien plutôt des devoirs.

C'est à nous, qui sommes les initiés de la vie, de faire preuve de clémence, de compréhension envers ceux qui n'en sont encore qu'à leur première traversée ; car nous savons que chacun de nous n'est rien de plus qu'impuissance anxieuse dans les remous de son destin.


Auteur: Calaferte Louis

Info: Carnets, tome 7 - 1983 : Etapes

[ vieillesse ] [ empathie ] [ tolérance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

prier

Sans le recours à la prière, je suis un homme perdu. Quelque chose en moi tend à sombrer dans les ténèbres extérieures qui, à ce jour, n'ont pas réussi à m'engloutir, grâce à cette étincelle de la foi et du désir de salut qui persiste dans la partie la mieux sauvegardée de ma personne morale - mais je sais ce qu'est la proximité du naufrage.

Auteur: Calaferte Louis

Info: Carnets, tome 10 - 1987-1988 : Bilan

[ réconfort ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

bonheur inconscient

Simple, mais vrai contentement, que d'entrer au moment du coucher, dans la chambre agréablement aménagée et décorée. L'odeur de lessive des draps propres. Tiédeur de la pièce chauffée par le soleil de la journée, où flottent comme en traces légères les saveurs de la campagne.

Ce sont des sensations de cette nature, des minutes aussi fugaces, mais profondément ressenties, qui sont le bonheur; qu'il faut s'appliquer à savourer.

Ce sont ces instants, ces détails infimes que, plus tard, l'on regrette, qui vous bouleversent aux larmes lorsqu'ils sont à jamais disparus.

Auteur: Calaferte Louis

Info: Rosa mystica

[ confort zen ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

grégaire

Haïssez celui qui n'est pas de votre race
Haïssez celui qui n'a pas votre foi
Haïssez celui qui n'est pas de votre rang social
Haïssez, haïssez, vous serez haï.
De la haine, on passera à la croisade,
Vous tuerez ou vous serez tué
Quoi qu'il en soit, vous serez les victimes de votre haine
La loi est ainsi :
Vous ne pouvez être heureux seul
Si l'autre n'est pas heureux, vous ne le serez pas non plus,
Si l'autre n'a pas d'avenir, vous n'en aurez pas non plus,
Si l'autre vit d'amertume, vous en vivrez aussi,
Si l'autre est sans amour, vous le serez aussi.
Le monde est nous tous, ou rien.
L'abri de votre égoïsme est sans effet dans l'éternité.
Si l'autre n'existe pas, vous n'existez pas non plus.

Auteur: Calaferte Louis

Info:

[ humanisme ] [ rapports humains ]

 

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fugace inspiration

C'est toujours dans des circonstances impraticables que l'envie d'écrire vous tombe dessus sans prévenir. Je crois que c'est l'une des nombreuses raisons pour lesquelles on n'écrit jamais exactement le livre qu'on avait initialement projeté. Mettons qu'une idée somptueuse vous assaille dans la rue ou dans l'autobus ou encore pendant que vous faites le tour du marché aux légumes. Idée incendiaire en général. De quoi tirer un développement de plusieurs pages. Tout à fait la piste d'envol qui vous manquait pour faire ronfler les moteurs pleins gaz. Sur le moment, c'est comme si l'on avait déjà décollé et pris de l'altitude, mais le temps de rentrer chez soi, de tourner la clef dans la serrure et de se jeter à sa table, l'idée s'est modifiée au point de n'être plus qu'une vague écorce sèche. On aura beau ensuite claquer de la langue le reste de la journée, on ne retrouvera plus le parfum insolite qui annonce le seuil de la caverne aux trésors.

Auteur: Calaferte Louis

Info: Septentrion

[ écriture ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

érotisme

Marbre de Carrare. Esquisse des deux traits déclinants du slip sur le haut des cuisses. Mieux que si elle était carrément à poil. Impossible de ne pas évoquer, comme malgré soi, le petit chat qui dort à la jonction légère de ces lignes de lingerie. Cette putain de femelle est fabriquée pour attirer les queues aussi sûrement que l'aimant pour l'acier. Amplement charnelle. Carnée. Friande. Opale de chair pleine. Générosité du corps embouti d'une seule pièce de la tête aux pieds. Un temple moussu. Luxe de la peau. Ensemble de courbes planes, d'inflexions douces, chaînes de lentes spirales. S'allonger sur elle et le lui mettre doit vous laisser la sensation d'une descente en luge sur les contreforts lustrés. Elle est elle-même le centre d'une circonférence accomplie. Remplie. Bombée. Fait songer à un flux de vie bien portante. Aux images de toutes les bonnes choses de la volupté. Viande appétissante quand on a une faim de loup. Verre de vin moiré rubis fauve sur la nappe immaculée d'une table dressée en plein air au soleil qui rissole le liquide. Somnolence insouciante dans l'herbe fraîchement coupée, un brin d'érection qui se dessine à l'arrière-plan sur la corde des aigus...

Auteur: Calaferte Louis

Info: No man's land, 4e de couverture

[ littérature ] [ obsédé ] [ femmes-par-hommes ]

 

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univers miroir

Le monde est notre désir.

Le monde est notre vouloir.

Il n'y a rien à dire du monde - sauf qu'il nous ressemble trait pour trait.

Si nous le trouvons médiocre - c'est que nous sommes médiocres.

Si nous le trouvons vain - c'est que nous sommes vains.

Si nous le trouvons affreux - c'est que nous sommes affreux.

Si nous le trouvons dur - c'est que nous sommes durs.

Si nous le trouvons morne - c'est que nous sommes mornes.

Si nous le trouvons petit - c’est que nous sommes petits.

Si nous le trouvons écœurant - c’est que nous sommes écœurants.

Si nous le trouvons hostile - c’est que nous sommes hostiles.

Il ne changera que quand nous changerons.

Il est nous - et indéfiniment il nous ressemblera.

Pour l'instant - c'est un monde de terre sèche.

Il y aura un brin d'herbe quand vous serez devenus brin d'herbe.

Ou alors - laissez tout crever.

Les démoniaques des pouvoirs ont ce qu'il faut dans l'arsenal pour une gigantesque épouvante.

Une gigantesque Mort.

Auteur: Calaferte Louis

Info: L’homme vivant

[ poème ] [ solipsisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

lecture

Dès que j’avais un livre, mon premier soin était de m’enfermer avec dans ma chambre d’hôtel comme pour une séance d’initiation, et je ne décrochais pas avant d’en avoir terminé, qu’il eût deux cents ou mille pages. Lire les paroles qu’un homme, dont on ne connaît généralement ni le visage ni la vie, a écrites tout spécialement à votre intention sans oser espérer que vous les liriez un jour, vous qui êtes si loin, si loin sur d’autres continents, d’une autre langue. Peut-être habite-t-il une grande maison de campagne au bord du Tibre ou un quarante-septième étage dans New York illuminé, peut-être est-il en train de pêcher l’écrevisse, de piler la glace pour le whisky de cinq heures, de caresser sa femme sur le divan, de jouer avec ses enfants ou de se réveiller d’une sieste en songeant à tout ce qu’il voulait mettre de vérité dans ses livres, sincèrement persuadé de n’avoir pas réussi bien que tout y soit quand même, presque malgré lui. Il a écrit pour vous. Pour vous tous. Parce qu’il est venu au monde avec ce besoin de vider son sac qui le reprend périodiquement. Parce qu’il a vécu ce que nous vivons tous, qu’il a fait dans ses langes et bu au sein, il y a de cela trente ou cinquante ans, a épousé et trompé sa femme, a eu son compte d’emmerdements, a peiné et rigolé de bons coups dans sa vie, parce qu’il a eu faim de corps jeunes et de plats savoureux, et aussi de Dieu de temps à autre et qu’il n’a pas su concilier le tout de manière à être en règle avec lui-même. Il s’est mis à sa machine à écrire le jour où il était malheureux comme les pierres à cause d’un incident ridicule ou d’une vraie tragédie qu’il ne révèlera jamais sous son aspect authentique parce que cela lui est impossible. Mais il ne tient qu’à vous de reconstituer le drame à la lumière de votre propre expérience et tant pis si vous vous trompez du tout au tout sur cet homme qui n’est peut-être qu’un joyeux luron mythomane ou un saligaud de la pire espèce toujours prêt à baiser en douce la femme de son voisin. Qu’il ait pu écrire les deux cents pages que vous avez sous les yeux doit vous suffire. Qu’il soit l’auteur d’une seule petite phrase du genre : "A quoi vous tracasser pour si peu, allez donc faire un somme en attendant", le désigne déjà à nous comme un miracle vivant. Même si vous deviez oublier cette phrase aussitôt lue et n’y repenser que le jour où tout va de travers, à commencer par le réchaud à gaz ou la matrice de votre femme. Et si par hasard vous avez la prétention de devenir écrivain à votre tour, ce que je ne vous souhaite pas, lisez attentivement et sans relâche. Le Littré, les articles de dernière heure, les insertions nécrologiques, le bulletin des menstrues de Queen Lisbeth, lisez, lisez, lisez tout ce qui passe à votre portée. A moins que, comme ce fut souvent mon cas, vous n’ayez même pas de quoi vous achetez le journal du matin. Alors descendez dans le métro, asseyez-vous au chaud sur un banc poisseux --- et lisez ! Lisez les avis, les affiches, lisez les pancartes émaillées ou les papiers froissés dans la corbeille, lisez par-dessus l’épaule du voisin, mais lisez !...

Auteur: Calaferte Louis

Info: Le septentrion, N’OUBLIEZ PAS DE LIRE

[ injonction ] [ drogue ] [ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel