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périple

A quoi bon voyager ? [. .. ] Nous verrons en tout lieu la contrefaçon de l'Europe, les monuments aux morts, l'adoration plus ou moins perpétuelle du drapeau, les foules qui se donnent en spectacle et qui défilent devant elles-mêmes, le labyrinthe des bureaux emplis de bureaucrates soucieux de compliquer la vie pour légitimer leur présence, nous verrons en tout lieu des hommes avortés, moins hommes que nos singes, Européens de pacotille et qui nous dégouteront de nous-mêmes. A quoi bon voyager ?

Auteur: Caraco Albert

Info: Ma confession, L'Âge d'Homme, 1975, p. 62

[ désillusion ] [ pessimisme ]

 

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théologie

L'esprit tragique naît de l'inégalité, de l'injustice et de l'absurdité, que nous voyons presque partout et que nous professons irréparables, leur cause renaissant à chaque génération avec la génération qui naît. L'espèce humaine, prise en gros, est malheureuse et l'ordre n'a pas intérêt à ce que la félicité soit générale, la Gnose traduisait ce paradoxe en l'enveloppant de fantasmes, l'ordre est toujours un mal et comme nous ne nous passons de lui, l'ordre se plaît à nous remémorer cette relation de dépendance.

Auteur: Caraco Albert

Info: Ma confession, édition l'age d'homme, 1975, p. 69

[ enfumage ]

 

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pouvoir

Nous sommes ici-bas les dupes de nos écorcheurs
et quand nous croyons obéir à Dieu, nous obéissons
à des hommes, des hommes qui nous mènent au
chaos et qui ne nous préservent de la mort, des
hommes ignorants, des hommes impuissants, mais
qui nous en imposent, au nom de ces traditions qu'ils
nous imposent. Car nos autorités ne savent rien, ne
peuvent rien, ne valent rien, ne nous évitent rien et ne
s'entendent plus qu'à nous bercer de menteries, à
seule fin de maintenir l'acquis des privilèges et de
perpétuer leur établissement.

Auteur: Caraco Albert

Info: Amers, tome 1 : Le Bréviaire du chaos

[ conservation ]

 

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pessimisme

Nous sommes ici-bas les dupes de nos écorcheurs et quand nous croyons obéir à Dieu, nous obéissons à des hommes, des hommes qui nous mènent au chaos et qui ne nous préservent de la mort, des hommes ignorants, des hommes impuissants, mais qui nous en imposent, au nom de ces traditions qu'ils nous imposent. Car nos autorités ne savent rien, ne peuvent rien, ne valent rien, ne nous évitent rien et ne s'entendent plus qu'à nous bercer de menteries, à seule fin de maintenir l'acquis des privilèges et de perpétuer leur établissement.

Auteur: Caraco Albert

Info: Amers, tome 1 : Le Bréviaire du chaos

[ société ] [ pouvoir ] [ oppression ]

 

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triade

Car la nature de ce monde est l'absolue indifférence et c'est encore le devoir du philosophe que de ressembler à la nature de ce monde, sans laisser d'être l'homme qu'il ne pourra cesser d'être : la cohérence, la mesure et l'objectivité sont à ce prix. Tous les problèmes seraient résolus par l'objectivité, la mesure et la cohérence, mais comme la plupart des hommes en sont incapables, tous les problèmes sont insolubles, la catastrophe est à jamais la seule école où les indignes recevront l'enseignement que la sottise et que la folie leur méritent.

Auteur: Caraco Albert

Info: Amers, tome 1 : Le Bréviaire du chaos

[ lucidité ] [ pondération ] [ pessimisme ]

 

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procréation

Je nomme sage qui discerne par avance en une motion l'entier déroulement de sommeil implicite et de puissance contenue. Que s'il prend femme et qu'il engendre des enfants, le sage se renonce de propos délibéré, vu qu'il résigne d'un tenant les privilèges les plus enviables, savoir : le droit de penser jusqu'au bout, de souffrir pour soi-même et de mourir quand il lui semble bon. [...] Le lot du sage est de se prémunir contre les multitudes serves du chaos et d'assumer le meilleur de l'espèce, et de la trahir quelquefois pour l'amour d'elle et de ses fins dernières.

Auteur: Caraco Albert

Info: Le désirable et le sublime, L'Âge d'Homme, 1979, Livre sixième, Le sage et l'existence, p. 256

[ paternité ] [ prison ]

 

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contemplatifs

Les êtres nobles aiment rarement la vie, ils lui préfèrent les raisons de vivre, et ceux qui se contentent de la vie sont toujours des ignobles. La vie qu'a-t-elle de si désirable, lorsqu'elle n'est sublime ? Les joies du corps, ce n'est pas sans étonnement qu'on voit les plus laids et les plus malsains les goûter avec un surcroît de rage et s'y ruer avec une fureur que les abus n'épuisent, les nations vaincues abondent en vilains de l'espèce insatiable, ces bêtes se rattraperont la nuit des servitudes que la journée leur impose. Seigneur ! épargnez-nous de ressembler aux larves !

Auteur: Caraco Albert

Info:

[ observateurs ] [ complimentés ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

maman

Elle avait tant souffert d'être orpheline, elle avait tant pleuré sa mère qu'elle voulut en quelque sorte se venger de la fortune et n'avoir qu'un enfant pour le choyer avec une fureur outrée. Elle m'a dégouté de toutes les tendresses à m'accabler de ses embrassements et dès avant le milieu de ma vie je ne voulais plus être baisé de personne, je suis gavé jusqu'à la mort de procédés aimables, je suis rassasié de mignardises, c'est une force et je l'en remercie, je n'irai pas mendier les caresses, à l'instar de tant d'hommes mal aimés qu'une ombre de sourire amorce.

Auteur: Caraco Albert

Info: Post Mortem, L'Âge d'Homme, 1968, p. 59

[ fils ] [ affection ] [ excédent ]

 

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réminiscences

Les promenades de Paris les voilà devenues pour moi lieux de pèlerinage. Madame Mère il n'est endroit où je ne la retrouve et mon ravissement s'allie à la tristesse, la Ville me parait une forêt de signes, ce que j'avais perdu tout me le remémore et me le rend par une espèce de miracle incessamment renouvelé, telle façade que je n'avais jamais vue s'impose à mon regard et sollicite mon ressouvenir, je croyais oublier Madame Mère et sa présence est plus réelle que jamais, la morte est plus vivante que du temps qu'elle vivait. Quelle surprise! quel enrichissement! et quelle révélation pour un sceptique!

Auteur: Caraco Albert

Info: Post Mortem

[ maman ] [ décor déclencheur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

soigner

Je n'en veux pas aux médecins, ce sont de pauvres hommes à l'égal de leurs malades et qui se rendent insensibles par devoir, mais j'aurais souhaité parfois que leur profession ne fût ouverte qu'à des saints en espérance et que la vue de nos souffrances ne les endurcît au point d'en arriver à les accroitre. Le plus étrange est qu'ils prêtaient à rire, au moment où l'on eût pleuré de bonne grâce : ils représentaient au chevet de la mourante non pas la vie, mais le néant du monde en proie à sa grimace, ils ne savaient pas même consoler celle qu'ils ne pouvaient guérir.

Auteur: Caraco Albert

Info: Post Mortem, L'Âge d'Homme, 1968, p. 26

[ impuissance ] [ big pharma ] [ santé ] [ docteur ]

 

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