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cadavre

Tandis qu’il était assis, seul, auprès de la dépouille dans la pénombre transpercée par la lueur tremblotante d’une bougie, Pearl remarqua que le bout de sa langue pointait entre ses lèvres. Alors qu’il se penchait au-dessus d’elle pour la remettre en place, il nota un imperceptible mouvement. Mon Dieu ! songea-t-il, le cœur s’emballant soudain, se pourrait-il qu’elle soit encore vivante ? "Seigneur Jésus", commença-t-il à psalmodier juste avant qu’un ver solitaire, pas plus large que l’annulaire et pas plus épais que quelques feuilles de papier, ne s’avance de plusieurs centimètres hors de la bouche de sa femme.

Auteur: Pollock Donald Ray

Info: Une mort qui en vaut la peine

[ surprise ] [ ténia ]

 

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femmes-par-homme

Même si elle n'avait que la quarantaine bien tassée, tante Joan portait des robes de petite vieille qui pendaient sur son corps grassouillet comme des draps fatigués, et des caoutchoucs par-dessus ses chaussures orthopédiques, même par temps sec. Ses cheveux gris étaient ramenés au sommet de sa tête en un chignon de la taille d'une balle de base-ball, et elle n'avait jamais connu le goût du rouge à lèvres de sa vie. Sharon, elle, savait se radouber, et au fil des ans elle avait appris les secrets du maquillage, et comment camoufler sa grosse carcasse avec des sweat-shirts de couleurs vives. Ce n'était pas si difficile de garder un homme, si on savait s'arranger.

Auteur: Pollock Donald Ray

Info: Knockemstiff

[ habillées ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

fiente

Pendant une seconde, le soulagement m'a paru meilleur que toutes les drogues, mais tout de suite après j'ai entendu des pneus crisser sur le gravier derrière moi. En me retournant, j'ai vu une voiture de police qui approchait lentement. J'étais piégé, en train de montrer mon cul à deux officiers de police. Et pas moyen de m'arrêter - ça sortait de moi comme de la pâte à crêpes. Je leur ai fait un petit signe de la main, les maudissant tout bas. Quand les deux flics sont descendus de leur voiture de patrouille j'ai essayé de me redresser, mais une autre crise m'a forcé à me remettre à croupetons. Je voyais des éclaboussures de chiasse partout sur mon jean, dehors comme dedans.

Auteur: Pollock Donald Ray

Info: Knockemstiff

[ diarrhée ] [ honte ]

 

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personnage

Mrs Leach s’est amenée avec la cafetière, a posé deux tasses avec des traces de rouge à lèvres orange et d’empreintes de doigts chocolatés dessus. […]
Elle avait beau regarder Jimmy, sa figure était tournée vers moi, rapport à son œil qui dit merde à l’autre. Le malheur et le ridicule, sans compter les heures de nuit qu’elle se fadait, l’avaient transformée en zombie juste bonne à renverser le café. On aurait pu lui clouer une croix sur le front, que la bonne femme n’aurait pas changé d’expression. […] Le pantalon blanc de son uniforme godait sous ses fesses, tout taché de café et de graillon de doughnuts. Si je m’étais présenté aux élections, c’est tout à fait le genre de personne à qui j’aurais pu plaire.

Auteur: Pollock Donald Ray

Info: Knockemstiff

[ états-unis ] [ quart-monde ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

menace

Ce soir-là, à l'instant où Sugar estimait avoir assez marché pour la journée, trois hommes à cheval, crasseux et mal rasés, lui apparurent au détour d'un virage, serrant la bride à leurs montures pour s'arrêter à quelques pas de lui. Deux d'entre eux portaient des chapeaux de cow-boys et des salopettes tandis que le troisième était vêtu d'une redingote poussiéreuse et d'un pantalon noir. Un morceau de chemise blanche ensanglantée était noué autour de la cuisse du plus corpulent. Des fusils dépassaient de leurs selles et ils avaient à la ceinture des étuis garnis de revolvers. Aux yeux de Sugar, on aurait dite des êtres malencontreusement échappés du passé et qui cherchaient un moyen d'y retourner. Ce n'aurait pas été la première fois que quelqu'un se serait retrouvé prisonnier d 'une époque qui ne lui convenait pas. Fut un temps où il vivait avec une femme qui travaillait dans une chapellerie et qui avait pris la manie, en rentrant du travail, de s'habiller comme une princesse égyptienne. Pensant que cette habitude était le fruit de l'ennui, il s'en accommoda au début, mais lorsqu'elle se mit à prier les crocodiles et à évoquer la possibilité qu'il l'escorte jusqu'aux enfers, il jugea qu'il était urgent de se faire la malle.

Auteur: Pollock Donald Ray

Info: Une mort qui en vaut la peine

 

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Ajouté à la BD par miguel

agonie

Parfois Charlotte avait une crise particulièrement douloureuse, et Willard accusait son fils de ne pas vouloir qu'elle aille mieux. Il frappait le garçon, lui donnait des coups de pied puis, plus tard, était envahi de remords. Parfois, il semblait à Arvin que son père s'excusait chaque jour auprès de lui. Au bout d'un moment, il arrêta d'y faire attention et accepta les coups, les mots blessants et les regrets qui allaient avec comme un simple élément de la vie qu'ils menaient désormais. La nuit, ils continuaient à prier jusqu'à ce que leurs voix s'éteignent, puis rentraient titubants de fatigue à la maison et buvaient de l'eau tiède dans le seau du puits, sur le comptoir de la cuisine, avant de s'écrouler sur leur lit, épuisés. Pourtant Charlotte était de plus en plus maigre, se rapprochait de la mort. Quand il lui arrivait d'émerger du sommeil de la morphine, elle suppliait Willard d'arrêter cette folie, de la laisser partir en paix. Mais il n'était pas prêt à renoncer. Si quelque chose qu'il avait en lui était nécessaire, qu'il en soit ainsi. A tout moment, il espérait que l'esprit de Dieu allait descendre et la guérir, et quand la deuxième semaine de juillet arriva à sa fin, il put trouver un peu de réconfort dans le fait qu'elle avait déjà duré plus longtemps que le docteur l'avait prédit.

Auteur: Pollock Donald Ray

Info: Le Diable, tout le temps

[ libération ] [ délivrance ]

 

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couple

Il avait connu Geraldine quand elle habitait au collectif sur Fourth Street. A l’époque, elle faisait des trucs sexuels en public et avait des bâtonnets de poisson pané dans son sac comme d’autres ont des paquets de chewing-gums, qu’elle offrait aux inconnus comme de précieux cadeaux. Et puis Del l’avait mise enceinte, et en un seul moment de bravoure et d’extase, Geraldine avait balancé tous ses médicaments dans les chiottes. Le lendemain, elle remplissait une demande d’emploi pour Del à l’usine de plastique, et sortait une vieille alliance d’on ne sait où. Maintenant il était coincé.
(...)
Del était avec une fille dont il n’arrivait pas à se débarrasser, quoi qu’il dise ou fasse. Chaque fois qu’il la larguait quelque part, elle arrivait la première chez lui avec des munitions fraîches dans son distributeur de pilules anti-conception et une nouvelle poignée de sous-vêtements propres. Pour arranger les choses, elle n’arrêtait pas de l’emmerder avec ces bâtonnets de poisson pané qu’elle remontait de la mare sans fond de son sac à main en plastique. Ils étaient froids et graisseux, pleins de peluches grises qui leur faisaient comme du duvet dessus. Et même si elle était probablement la meilleure femme avec qui Del était jamais sorti […], il était toujours gêné d’être vu avec elle en public. Quiconque est jamais sorti avec une demeurée mentale comprendra ce qu’il lui fallait endurer.

Auteur: Pollock Donald Ray

Info: Knockemstiff

[ quart-monde ] [ états-unis ]

 

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Ajouté à la BD par miguel