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vision anthropologique

Selon Freud, l’homme n’est qu’un mécanisme mis en branle par la libido avec comme principe régulateur le maintien de la libido au minimum de l’excitation. Il concevait l’homme comme un être fondamentalement égoïste, lié à ses semblables par la nécessité partagée de satisfaire des désirs instinctuels. Pour Freud, le plaisir était le relâchement de la tension et non l’expérience de la joie. L’homme était perçu comme déchiré entre son intellect et ses affects. Ce n’était pas l’homme total, mais le soi-intellect des philosophes des Lumières. L’amour fraternel était une exigence déraisonnable, contraire à la réalité, l’expérience mystique, une régression vers le narcissisme infantile.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "Bouddhisme Zen et psychanalyse", page 94

[ pessimisme ]

 
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théologie

[…] bien que Thomas d’Aquin enseigne une doctrine de la prédestination, il ne cesse d’insister sur la liberté de la volonté et en fait l’une de ses doctrines fondamentales. Pour atténuer le contraste entre la doctrine de la liberté et celle de la prédestination, il a été obligé d’utiliser les constructions les plus difficiles ; mais malgré le fait que ces interprétations ne résolvent pas de manière satisfaisante ces contradictions, il ne revient pas sur les doctrines de la liberté, de la volonté et de l’effort humain comme ayant une certaine utilité pour le salut de l’homme, même si la volonté elle-même peut avoir besoin du support de la grâce de Dieu.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La peur de la liberté", pages 72-73

[ résumé ] [ indépendance ]

 
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processus d'abstraction

Nous n’avons jusqu’ici traité que du rôle déformant du refoulement. Il faut encore parler d’un autre rôle qu’il joue, qui consiste à rendre une expérience irréelle par "cérébralisation". Je veux dire par là que je crois voir, mais ne vois que des mots. Je crois ressentir, mais ne fais que penser la sensation. L’individu cérébral est un individu aliéné, l’individu de la grotte de Platon. Il ne voit que des ombres et les prend pour la réalité présente.
Le processus de cérébralisation est lié à l’ambiguïté du langage. A peine ai-je exprimé quelque chose par un mot, que l’aliénation survient. La plénitude de l’expérience n’existe dans sa plénitude que jusqu’au moment d’être exprimé par le langage.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "Bouddhisme Zen et psychanalyse", page 121

[ dépossession de l'expérience ] [ mirage des mots ] [ monde notionnel ] [ réel conceptualisé ]

 

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être humain

Chez l’animal, il existe une chaîne ininterrompue de réactions commençant par un stimulus, comme la faim, et s’achevant par une suite plus ou moins déterminée d’actions, qui va supprimer les tensions créées par le stimulus. Chez l’homme, cette chaîne est interrompue. Le stimulus est là, mais le type de satisfaction est "en suspens" afin qu’il puisse choisir entre différentes suites d’actions. Au lieu d’actions instinctives prédéterminées, l’homme doit comparer mentalement les suites possibles ; il commence à penser et à réfléchir. Il modifie son rôle par rapport à la nature : d’une adaptation purement passive, il passe à une adaptation active ; il produit. Il invente des outils et, alors qu’il dompte la nature, il s’en détache de plus en plus.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La peur de la liberté", page 39

[ narration de l'humain par lui-même ] [ psychologie ] [ animal particulier ] [ post-instinctif ] [ calculateur ]

 

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rapport au temps

Un esprit d’agitation commença à se répandre vers la fin du Moyen Age. Le concept de temps, au sens moderne, commença à se développer. Les minutes prirent de la valeur ; un symptôme de cette nouvelle perception du temps est le fait qu’à Nüremberg, les horloges sonnent les quarts d’heures depuis le XVIe siècle. Trop de jours chômés commencèrent à apparaître comme un malheur. Le temps avait tellement de valeur que l’on avait le sentiment qu’il ne faudrait jamais le dépenser dans une activité inutile. Le travail fut de plus en plus perçu comme la valeur suprême. Une nouvelle attitude envers le travail se développa, qui était si forte que la classe moyenne cultiva une indignation contre l’improductivité économique des institutions de l’Eglise.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La peur de la liberté", page 62

[ historique ] [ esprit philosophique du capitalisme ]

 

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psychanalyse freudienne

La psychologie de Freud est une psychologie de la misère. Il définit le plaisir comme la satisfaction résultant de la suppression d’une tension douloureuse. Le phénomène de l’abondance, comme l’amour ou la tendresse, ne joue en réalité aucun rôle dans ce système. Non seulement il a omis de tels phénomènes, mais il a également eu une compréhension limitée du phénomène auquel il accordait tant d’attention : le sexe. Selon l’ensemble de sa définition du plaisir, Freud ne voyait dans le sexe que l’élément de compulsion physiologique et dans la satisfaction sexuelle la délivrance d’une tension douloureuse. La pulsion sexuelle est un phénomène de l’abondance, et le plaisir sexuel en tant que joie spontanée – dont l’essence n’est pas la délivrance négative d’une tension douloureuse – n’avait aucune place dans sa psychologie.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La peur de la liberté", page 277

[ critique ] [ limites ]

 

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psychose

La docilité et la couardise du sadique sont deux autres éléments du syndrome. Il peut sembler contradictoire que le sadique soit un individu soumis, et pourtant, non seulement ce n'est pas contradictoire, mais c'est même dynamiquement parlant, une nécessité. Il est sadique parce qu'il se sent impuissant, sans vie et sans défense. Il essaye de compenser cette carence en prenant de l'ascendant sur les autres, en transformant en dieu le ver de terre qu'il a l'impression d'être. Mais même s'il détient le pouvoir, le sadique souffre de son impuissance humaine. Il peut tuer et torturer, mais il reste un être sans amour, isolé, effrayé, qui a besoin de se soumettre à un pouvoir supérieur. Pour ceux qui se situaient à un cran en dessous de lui, Hitler était ce pouvoir supérieur ; pour Hitler lui-même, c'était le Destin, les lois de l'Evolution.

Auteur: Fromm Erich

Info: La passion de détruire

[ folie ] [ compensation ]

 

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société industrielle

Le "style" de l’ensemble de la période correspond à l’image que j’ai esquissée. L’immensité des villes dans lesquelles l’individu est perdu, les bâtiments aussi hauts que des montagnes, les bombardements sonores constants des radios, les gros titres qui changent trois fois par jour et qui ne laissent à personne le choix de décider de ce qui est important, les spectacles dans lesquels une centaine de filles montrent leur capacité, avec une précision d’horloger, leur capacité à supprimer l’individu pour agir comme une machine puissante bien que fade, le rythme des battements du jazz – ces détails et bien d’autres sont les expressions d’une constellation à laquelle l’individu est confronté dans des dimensions incontrôlables en comparaison desquelles il est une petite particule. Tout ce qu’il peut faire, c’est se mettre au pas comme un soldat qui défile ou un ouvrier sur une chaîne sans fin. Il peut agir ; mais l’esprit d’indépendance, sa signification ont disparu.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La peur de la liberté", pages 128-129

[ insignifiance individuelle ] [ maillon de la chaîne ] [ description pessimiste ] [ infobésité ]

 

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manipulation

Souvent, elles [les tendances sadiques] sont complètement dissimulées sous des réactions composées de bienveillance et de sympathie débordante envers les autres. Voici quelques-unes des rationalisations que l’on retrouve le plus fréquemment : "Je te gouverne car je sais ce qui est le mieux pour toi et, dans ton propre intérêt, tu dois me suivre sans réticence" ; "Je suis si merveilleux et unique que j’ai le droit d’attendre que d’autres dépendent de moi". Une autre rationalisation qui masque souvent les tendances à exploiter peut-être : "J’ai tellement fait pour toi que maintenant j’ai le droit de te prendre ce que je veux". Le genre le plus agressif des impulsions sadiques trouve sa plus fréquente rationalisation sous deux formes : "J’ai été blessé par d’autres et mon désir de les blesser n’est rien d’autre que de la vengeance", ou encore "en frappant le premier, je me défends, ou je défends mes amis, contre le danger d’être blessé".

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La peur de la liberté", page 140

[ sadisme ] [ domination psychologique ] [ justifications ]

 

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grâce divine

Les doctrines selon lesquelles l’homme, fondamentalement mauvais, est un instrument impuissant entre les mains de Dieu et qui lui assignent comme seule tâche de se soumettre à la volonté de Dieu qui peut le sauver selon un incompréhensible acte de justice, ces doctrines ne peuvent pas être une réponse acceptable pour un homme comme Luther, poussé à la fois par le désespoir, l’angoisse et le doute et en même temps par un si grand désir de certitude. En 1518, il eut une révélation soudaine. L’homme ne peut être sauvé du fait de ses vertus ; il ne devrait même pas méditer pour savoir si son travail est ou n’est pas acceptable aux yeux de Dieu ; mais il peut avoir la certitude de son salut s’il a la foi. La foi est donnée à l’homme par Dieu ; à peine l’homme a-t-il vécu cette incontestable expérience subjective de la foi, il peut alors être certain de son salut.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La peur de la liberté", pages 78-79

[ énantiodromie ] [ réassurance ]

 

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