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lecture

Il faut parcourir beaucoup de livres pour meubler sa mémoire ; mais quand on veut se former un goût sûr et un bon style, il faut en lire peu, et tous dans le genre de son talent. L'immense quantité de livres fait qu'on ne lit plus ; et dans la société des morts comme dans celle des vivants, les liaisons trop étendues ne laissent plus aux amitiés le temps de se former.

Auteur: Bonald Louis-Ambroise de

Info: Oeuvres complètes t.3, J-P Migne 1859. Pensées, p.1410

[ variété ]

 

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démocratie

On suppose que la volonté de tous est ou représente la volonté générale, et l’on ne voit pas que la volonté de tous, même en la supposant unanime, n’est que la somme des volontés particulières de l’homme naturel, volontés essentiellement dépravées et destructrices ; au lieu que la volonté générale ou la volonté du corps social est essentiellement droite, puisqu’elle n’est autre chose que la nature ou la tendance naturelle d’un être à remplir sa fin.

Auteur: Bonald Louis-Ambroise de

Info: Théorie du pouvoir politique et religieux

[ critique ] [ opinions ] [ raison ]

 

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grotesque

Le ridicule naît du contraste du grand au petit : de là vient que les sauvages rient très peu, parce que n'y ayant rien de grand parmi eux, il n'y a pas lieu au contraste. Plus l'objet est élevé, plus le contraste est marqué, et le ridicule facile à saisir : c'est pour cette raison qu'on ne peut parodier qu'une tragédie, et que la religion prête plus que tout autre objet au travestissement et à la raillerie.

Auteur: Bonald Louis-Ambroise de

Info: Oeuvres complètes t.3, Paris, J-P Migne 1859. Pensées, p.1369

[ inattendu ]

 

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protestantisme

La supposition que Dieu fera connaître ses volontés sociales ou générales à chaque individu par une inspiration particulière, laisse la société sans garantie contre l’enthousiasme qui raconte des visions, ou la fourberie qui en invente ; et ce moyen individuel et privé ne peut, sans contradiction, être proposé pour règle à la société. C’est ce qui a perdu les sectes protestantes qui, à la place d’une autorité visible parlante et écrivante, qu’elles ont rejetée, ont érigé le sens privé et l’inspiration particulière en loi générale et constante de la société ; fanatisme insensé, qui peut consacrer toutes les visions et légaliser tous les forfaits !

Auteur: Bonald Louis-Ambroise de

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[ libéralisme religieux ] [ critique ] [ impostures ] [ erreurs ]

 
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révolution française

Des hommes, comme il en est tant, avec de l’esprit sans connaissances, des vertus sans jugements, des intentions droites sans défiance, hors d’état de prévoir le mal, parce qu’ils sont incapables de le faire, posent un principe qui leur paraît une vérité démontrée, et ils gémissent ensuite des conséquences qu’on en a tirées, et du mal qu’il a produit. Ce sont des enfants qui pressent la détente d’une arme à feu et sont tout effrayés de voir partir le coup. L’enfant ne savait pas que l’arme était chargée de passions qui n’attendent qu’une étincelle pour faire explosion ; et j’ose dire qu’il n’y a pas un principe politique posé en 1789, dont une dialectique rigoureuse ne fit sortir toute la Révolution.

Auteur: Bonald Louis-Ambroise de

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[ naïveté ] [ inconscience ]

 

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dissolubilité du mariage

Permettre aux époux de se quitter, lorsque, livrés par l’espoir même du divorce à l’inconstance de leurs goûts et la violence de leurs penchants, ils ont formé ailleurs des amours adultères ; dissoudre leur union, parce qu’ils ne veulent pas commander à leur humeur, ou parce que la loi ne veut pas veiller sur leur conduite ; leur permettre de rompre le lien, lorsqu’ils l’ont relâché par une absence volontaire ; c’est affaiblir la volonté, c’est dépraver les actions, c’est dérégler l’homme, c’est placer la famille et l’État dans une situation fausse et contre nature, puisqu’il faut que la famille oppose la force de ses mœurs à la faiblesse de la loi, au lieu de trouver dans la force de la loi un appui contre la faiblesse de ses mœurs.

Auteur: Bonald Louis-Ambroise de

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[ critique ] [ conséquences ]

 
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liberté

L’homme religieux et politique n’est libre qu’en obéissant aux lois ou rapports nécessaires dérivés de la nature des êtres : mais la volonté générale conservatrice de la société, la nature de la société, ou, ce qui est la même chose, la volonté de Dieu même, veut les lois ou rapports nécessaires dérivés de la nature des êtres, puisqu’en créant les êtres, il a produit les rapports qui existent entre eux ; donc il est rigoureusement vrai de dire que l’homme religieux et politique n’est libre qu’en conformant sa volonté à la volonté de Dieu.

Donc l’homme vertueux est libre comme être intelligent, et plus libre à mesure qu’il est plus vertueux ; je veux dire à mesure qu’il obéit à un plus grand nombre de lois ou rapports nécessaires.

Auteur: Bonald Louis-Ambroise de

Info:

[ acceptation ] [ ordre ] [ définie ]

 
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apprendre

C’est une erreur de faire un objet d’éducation des connaissances qui sont du ressort de l’instruction, et de vouloir faire seulement un objet d’instruction des habitudes et des sentiments qui doivent appartenir à l’éducation.

C’est là le défaut capital du système d’éducation de J.-J. Rousseau, qui occupe son Émile de botanique avant de lui parler de religion et de morale. Il veut faire de la botanique une habitude et presque un sentiment, et de la religion une étude et une science de raisonnement, puisqu’il prétend qu’on ne doit en entretenir les enfants qu’à l’âge de quinze ans, et même plus tard ; et il fait à peu près comme un homme qui ne permettrait à un enfant de marcher et de parler que lorsqu’il aurait étudié les lois du mouvement et celles de la grammaire.

Auteur: Bonald Louis-Ambroise de

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[ critique ] [ philosophie absurde ] [ apprentissage ] [ philosophe-sur-philosophe ] [ normatif-formatif ]

 
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autorité

En effet, déclarer le peuple souverain, dans la crainte hypothétique qu’il ne soit opprimé comme sujet, sans prévoir quel pouvoir on pourra opposer à celui du peuple, ou plutôt avec la certitude de n’en avoir aucun à lui opposer si, à son tour, il devient oppresseur ; présupposer l’oppression, pour justifier la résistance ; ériger le désordre en loi, pour prévenir la violation de l’ordre, c’est imiter un insensé qui bâtirait sa maison au milieu d’un torrent, pour avoir l’eau plus à portée en cas d’incendie : ce que vous voulez faire faible à vous opprimer, dit Bossuet avec une raison si profonde, devient impuissant à vous protéger.

Je le répète : le pouvoir absolu est un pouvoir indépendant des sujets ; le pouvoir arbitraire, un pouvoir indépendant des lois : et lorsque vous érigez le peuple en pouvoir, vous ne lui donnez pas un pouvoir absolu, puisqu’il est dépendant de tous les ambitieux, et le jouet de tous les intrigants ; vous lui conférez nécessairement un pouvoir arbitraire, c’est-à-dire un pouvoir indépendant de toutes les lois, même de celles qu’il se donne à lui-même.

Auteur: Bonald Louis-Ambroise de

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[ gouvernement ] [ distinction ] [ déresponsabilisation ] [ démocratie ]

 
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justice divine

Ceux qui prétendent que les règles pour être vertueux sont absolument les mêmes que pour être heureux, pressés d’expliquer leur doctrine, et d’en faire l’application à l’état vrai de l’homme et de la société, croient échapper aux raisonnements de leurs adversaires, en soutenant que la vertu trouve toujours en elle-même sa récompense, et le crime son châtiment, et que le méchant est malheureux par ses remords, comme l’homme juste est heureux de la beauté idéale de la vertu. Ce sont de fausses idées, sans application possible à la société, et dont l’effet inévitable, partout où elles se répandent, est de ruiner toutes les maximes sur lesquelles reposent l’ordre public et la sûreté personnelle. Sans doute, la vertu a ses joies saines, et même au sein des souffrances ; c’est la mère qui enfante avec douleur, et qui, même en expirant, sourit à celui qui lui cause la mort ; mais la vertu n’est pas le bonheur. Si elle était essentiellement heureuse dans ce monde, elle ne serait pas vertu, parce qu’elle ne serait pas un combat, et, comme la gloire, elle n’a de prix qu’autant qu’elle est chèrement achetée.

Auteur: Bonald Louis-Ambroise de

Info:

[ décorrélation ] [ indice d'évaluation trompeur ] [ plaisir ]

 

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