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être humain

Un homme. Tous les hommes. Ils laisseront échapper cent occasions de faire le bien pour une occasion de se mêler des affaires des autres sans qu'on le leur demande. Ils négligeront, ils oublieront de voir des opportunités, des occasions de richesse, de réputation, de bienfait et parfois même de méfait, mais ils ne manqueront jamais une occasion d'intervenir.

Auteur: Faulkner William

Info: Lumière d'août, p.44, Folio n°612

[ stupide ] [ égoïste ]

 

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existence

Merde, dit-il, étendu sur le dos, en regardant par la fenêtre où il n'y avait rien à voir, attendant le sommeil sans savoir s'il viendrait ou non et sans se demander vraiment s'il arriverait. Rien à voir et cette longue, longue durée de la vie d'un homme. Soixante-dix ans à traîner dans le monde ce corps obstiné et à tromper ses exigences perpétuelles. Soixante-dix ans, disait la Bible. Et il n'en avait que vingt-six. Pas beaucoup plus qu'un tiers de passé. Merde !

Auteur: Faulkner William

Info: Sartoris

[ pénible ] [ colère ] [ vie ] [ souffrance ] [ prison ]

 

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homme-animal

Un moineau, coupant le soleil en biais, vint se poser sur le rebord de la fenêtre et me regarda, la tête penchée. Son œil était rond et brillant. Il me regardait d’abord avec un œil, puis, flic ! il me regardait avec l’autre, et sa gorge palpitait plus rapide qu’aucune pulsation. L’heure se mit à sonner. Le moineau cessa de changer d’œil, et m’observa fixement avec le même tant que l’horloge sonna. On aurait dit qu’il l’écoutait aussi. Ensuite, il s’envola de la fenêtre et disparut.

Auteur: Faulkner William

Info: Le bruit et la fureur, p 105

[ tuchè ] [ inquiétante étrangeté ] [ rencontre ] [ instant fugitif ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

vacherie

Un des murs du bureau est couvert de livres. Il s'arrête devant eux. Il cherche jusqu'à ce qu'il ait trouvé celui qu'il désire. C'est . (...) Il ne faut pas longtemps. Bientôt le joli langage galopant, la langueur anémique pleine d'arbres sans sève, de débauches déshydratées, commence à flotter, douce, rapide et paisible. Cela vaut mieux que la prière, et l'on n'a pas à se préoccuper de penser tout haut. Il lui semble écouter, dans une cathédrale, un eunuque psalmodier dans une langue qu'il n'a pas besoin de ne pas comprendre.

Auteur: Faulkner William

Info: Lumière d'août

[ écrivain-sur-écrivain ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

jugement divin

Et il savait probablement que cela était inutile, mais Il les avait créés et Il les savait capables de tout parce qu'il les avait façonnés de l'Absolu originel qui contenait tout et les avait depuis lors observés dans leur exaltation et leur bassesse individuelles sans qu'eux-mêmes sachent pourquoi, ni comment, ni même quand : jusqu'à ce que, enfin, Il se rendît compte qu'ils étaient tous grand-père, tous autant qu'ils étaient, et que, parmi eux, ceux qu'Il trierait et choisirait, les meilleurs, absolument les meilleurs qu'Il pût escompter (pas espérer, tu m'entends bien, pas espérer), seraient des Buck et des Buddy.

Auteur: Faulkner William

Info: "L'Ours", in "Descends, Moïse", éd. Gallimard, p. 236-237 - trad. R.N. Raimbault

[ dégénérescence ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

peau contre peau

Parce qu'il y a quelque chose dans le contact de la chair avec la chair qui abroge, passe directement au travers des sournois et complexes canaux de l'ordre décoratif, que les ennemis aussi bien que les amants connaissent parce que cela les rend tous les deux: - toucher et toucher ce qui constitue la citadelle de la propriété privée du Moi central : pas l'esprit, l'âme ; un esprit enivré mais serein est à la portée de n'importe qui, dans n'importe quel couloir sombre de cet immeuble terrestre.. Mais laissez la chair toucher la chair, et observez la chute de tous les shibboleth de caste et de couleur.

Auteur: Faulkner William

Info: Absalom, Absalom !

[ jonction charnelle ] [ rapports humains ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

aube

Le jour se levait, triste et froid, mur mouvant de lumière grise qui sortait du nord-est et semblait, au lieu de se fondre en vapeurs humides, se désagréger en atomes ténus et vénéneux, comme de la poussière, précipitant moins une humidité qu'une substance voisine de l'huile légère, incomplètement congelée. Quand Dilsey, ayant ouvert la porte de sa case, apparut sur le seuil, elle eut l'impression que des aiguilles lui transperçaient la chair latéralement. Elle portait un chapeau de paille noire, perché sur son madras, et, sur une robe de soir violette, une cape en velours lie de vin, bordée d'une fourrure anonyme et pelée. Elle resta un moment sur le seuil, son visage creux insondable levé vers le temps, et une main décharnée, plate et flasque comme un ventre de poisson, puis elle écarta sa cape et examina son corsage. 

Auteur: Faulkner William

Info: Le bruit et la fureur, 8 avril 1928. in Oeuvres romanesques - La Pléiade 01

[ personnage ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

bagnole

L'Américain n'aime vraiment d'amour que son automobile : ni sa femme, ni son enfant, ni son pays, ni même son compte en banque en premier lieu... mais sa voiture. Parce que l'automobile est devenue (son) symbole sexuel national... Et c'est pourquoi il habitera dans un trou à rats, mais non seulement il la possèdera, de plus il la renouvellera chaque année dans sa virginité originelle, ne la prêtant à personne, ne laissant âme qui vive pénétrer dans la secrète intimité éternellement chaste et éternellement perfide de ses pédales et de ses leviers, n'ayant nulle part où aller lui-même dans cette voiture, et, même s'il y était forcé, il n'irait pas là où elle puisse être écorchée ou abîmée, passant toute la matinée du dimanche à la laver, à l'astiquer, à l'encaustiquer, parce que, en ce faisant, il caresse le corps de la femme, qui, depuis longtemps lui a refusé son lit.

Auteur: Faulkner William

Info: L'Intrus

[ fétichisme ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

femmes-entre-elles

Tu avais autrefois une tante qui devait subir une grave opération dont elle était convaincue qu’elle ne réchapperait pas, alors qu’entre elle et sa plus proche parente existait depuis des années l’une de ces tranquilles inimitiés, profondes et inexplicables (pour un cerveau d’homme), telles qu’on en rencontre entre femmes d’une même famille, et son seul souci avant de quitter ce monde fut de se débarrasser d’une certaine robe marron qu’elle possédait et qu’à sa connaissance sa parente savait qu’elle avait toujours détestée, robe qu’il fallut brûler, non pas donner mais brûler, dans l’arrière-cour, au-dessous de la fenêtre d’où, en se faisant soutenir (et au prix d’effroyables souffrances), elle pût la voir brûler de ses propres yeux, persuadée qu’elle était qu’une fois morte sa parente, celle à qui incomberait logiquement le soin des obsèques, la ferait enterrer dans cette robe-là. — Et elle est morte ? demanda Quentin. — Non. À peine la robe brûlée, elle a commencé à se rétablir.

Auteur: Faulkner William

Info: Absalon, Absalon!

[ antagonistes ] [ habillement ] [ haine ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sagesse

Lorsque l'ombre de la voûte atteignit les rideaux, on était entre sept et huit heures et je fus alors ré-intégré dans le temps par le bruit de la pendule. C'était celle de Grand-père et quand Père me l'avait donnée, il avait dit, je t'offre la tombe de tous les espoirs et de tous les désirs, c'est un peu atroce - mais tout à fait approprié - que tu l'utilise pour rapporter ce réducto ab absurdum de toute expérience humaine à tes besoins individuels tout comme ce fut le cas pour moi ou pour mon père. Je te l'offre non pour que tu te souvienne du temps, mais pour que tu puisse à l'occasion  l'oublier un court instant afin de ne pas dépenser tout ton souffle à tenter de le conquérir. Parce qu'aucune bataille ne se gagne en aucun cas dit-il. Elles n'ont même jamais existé. Le terrain des combats ne fait que révéler à l'homme sa propre folie et son propre désespoir, et la victoire une illusion pour crétins et philosophes. 

Auteur: Faulkner William

Info: The Sound and the Fury. Trad Mg

[ cadeau familial ] [ abandon ] [ lâcher prise ]

 

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Ajouté à la BD par miguel