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surmoi consumériste

Entrer dans le cycle de la consommation et de la mode, ce n'est pas seulement s'environner d'objets et de services au gré de son propre plaisir, c'est changer d’être et de détermination. C'est passer d'un principe individuel fondé sur l'autonomie, le caractère, la valeur propre du moi à un principe de recyclage perpétuel par indexation sur un code où la valeur de l'individu se fait rationnelle, démultipliée, changeante : c'est le code de la "personnalisation", dont nul individu en soi n'est tributaire, mais qui traverse chaque individu dans sa relation signifiée aux autres.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: La société de consommation

[ transitoire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

exister

On rêve d’être soi-même quand on n’a rien de mieux à faire. On rêve de soi et de la reconnaissance de soi quand on a perdu toute singularité. Aujourd’hui, nous ne nous battons plus pour la souveraineté ou pour la gloire, nous nous battons pour l’identité. La souveraineté était une maîtrise, l’identité n’est qu’une référence. La souveraineté était aventureuse, l’identité est liée à la sécurité (y compris aux systèmes de contrôle qui vous identifient). L’identité est cette obsession d’appropriation de l’être libéré, mais libéré sous vide, et qui ne sait plus ce qu’il est.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: L’Échange impossible, Paris, Galilée, 1999, p. 72

[ servitude volontaire ] [ dépolitisation ] [ insignifiance ] [ illusion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

accumulation

Si le collectionneur n’est jamais un maniaque sans espoir, justement parce qu’il collectionne des objets qui l’empêchent de quelque façon toujours de régresser jusqu’à l’abstraction totale (le délire), le discours qu’il y tient ne peut non plus, pour la même raison, jamais dépasser une certaine indigence et une certaine infantilité. La collection est toujours un processus limité, récurrent, son matériel même, les objets, est trop concret, trop discontinu pour qu’elle puisse s’articuler en une réelle structure dialectique. Si "celui qui ne collectionne rien est un crétin", celui qui collectionne a toujours aussi quelque chose de pauvre et d’inhumain.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: " Le système des objets ", éditions Gallimard, 1968, page 150

[ obsession ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

inventions techniques

Pourquoi les voitures n’ont-elles pas d’autres formes (carlingue à l’avant, lignes profilées, telles que l’usager habite efficacement l’espace qu’il s’agit de parcourir, et non un substitut de la maison, ou même un substitut du sujet hanté de force projectile) ? N’est-ce pas que la forme actuelle, magnifiée dans les voitures de course dont le capot démesurément long fait figure de modèle absolu, permet une projection essentielle, plus importante au fond que les progrès dans l’art de se déplacer ?

L’homme a peut-être besoin de surcharger le monde de ce discours inconscient, et par là même de l’arrêter dans son évolution.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: " Le système des objets ", éditions Gallimard, 1968, page 182

[ structurel ] [ projection anthropologique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

dépravation

La puissance de fascination de l'ordre pervers lui vient d'un culte rituel fondé sur la règle. Pervers n'est pas ce qui transgresse la loi, mais ce qui échappe à la loi pour se vouer à la règle, échappe non seulement à la finalité reproductrice mais à l'ordre sexuel lui-même et à sa loi symbolique pour rejoindre une forme ritualisée, réglée, cérémoniale. 

(...)

La perversion est un défi gelé, la séduction est un défi vivant, la séduction est mouvante et ephémère, la perversion est monotone et interminable. La perversion est théâtrale et complice, la séduction est secrète et réversible.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: de la séduction (1988, 246 p., folio essais) p.172, 176

 

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Renaissance

C’est là, dans les prouesses du stuc et de l’art baroque, que se déchiffre la métaphysique de la contrefaçon, et les ambitions nouvelles de l’homme renaissant – ce sont celles d’une démiurgie mondaine, d’une transsubstantiation de toute nature en une substance unique, théâtrale comme la socialité unifiée sous le signe des valeurs bourgeoises, au-delà des différences de sang, de rang ou de caste. Le stuc, c’est la démocratie triomphale de tous les signes artificiels, l’apothéose du théâtre et de la mode, et qui traduit la possibilité pour la nouvelle classe de tout faire, dès lors qu’elle a pu briser l’exclusivité des signes.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, page 84

[ faux ] [ toc ] [ fluidité ] [ bourgeoisie ] [ redéfinition ] [ beaux-arts ] [ historique ]

 

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matière

Au fond, ce n’est pas un récipient, c’est un isolant, c’est le miracle d’un fluide fixe, donc d’un contenu contenant et fondant par là la transparence de l’un et de l’autre […]. Il y a par ailleurs dans le verre, à la fois la symbolique d’un état second et celle d’un degré zéro du matériau. Symbolique de la congélation, donc de l’abstraction. Cette abstraction introduit à celle du monde intérieur : sphère de cristal de la folie, à celle de l’avenir : boule de cristal de la voyance – à celle du monde de la nature : par le microscope et le télescope, l’œil accède aux mondes différents.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: " Le système des objets ", éditions Gallimard, 1968, pages 57-58

[ description ] [ associations d'idées ] [ symbolisme ]

 

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dualisme scientifique

La biologie vit tout autant de la séparation de l’âme et du corps que n’importe quelle métaphysique chrétienne ou cartésienne, mais elle ne le dit plus – l’âme ne se dit plus, elle est passée tout entière, comme principe idéal, dans la discipline morale de la science, dans le principe de légitimité de l’opération technique sur le réel et sur le monde, dans les principes du matérialisme "objectif". Ceux qui tenaient le discours de l’âme, au Moyen Âge, étaient moins loin des "signes du corps" (Octavio Paz : Conjonctions et Disjonctions) que la science biologique, qui est passée tout entière, technique et axiomes, du côté du "non-corps".

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, page 262

[ chair-esprit ] [ idéalisme matérialiste ] [ médecine ] [ refoulement ]

 

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leurre

Les vacances ne sont pas du tout une alternative à la congestion et à la promiscuité des villes et du travail. Au contraire : on cherche l'évasion dans une intensification des conditions de vie ordinaire, dans une aggravation délibérée : plus loin de la nature, plus près de l'artifice, de l'abstraction de la pollution totale, stress, forcing, concentration, monotonie bien supérieure à la moyenne - tel est l'idéal de la distraction populaire. Personne ne songe à se tirer de l'aliénation mais à s'y enfoncer jusqu'à l'extase. Ça, c'est les vacances. Et le bronzage joue comme preuve surnaturelle de cette acceptation des conditions de la vie normale.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Cool memories (1993, 281 p., journal :1980-1990, le livre de poche/essais)

[ capitalisme ] [ libéralisme ] [ conditionnement ]

 

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société de consommation

C’est dans la mesure où tout un éventail lui est offert que l’acheteur dépasse la stricte nécessité de l’achat et s’engage personnellement au-delà. D’ailleurs nous n’avons même plus la possibilité de ne pas choisir et d’acheter simplement un objet en fonction de l’usage – nul objet aujourd’hui ne se propose ainsi au "degré zéro" de l’achat. De gré ou de force, la liberté que nous avons de choisir nous contraint à entrer dans un système culturel. Ce choix est donc spécieux : si nous le ressentons comme liberté, nous ressentons moins qu’il nous est imposé comme tel, et qu’à travers lui c’est la société globale qui s’impose à nous.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: " Le système des objets ", éditions Gallimard, 1968, page 197

[ abondance ] [ illusion d'alternative ] [ structurel ]

 

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