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couple

Dire qu’Ivan llitch se maria parce qu’il s’était pris d’amour pour sa fiancée et avait trouvé en elle des affinités avec sa propre vision de la vie serait aussi abusif que de dire qu’il le fit parce que les gens de son monde approuvaient ce parti. Ivan Ilitch se maria pour ces deux raisons : il se faisait plaisir à lui-même en prenant ce genre de femme et en même temps il faisait ce que les gens les plus haut placés considéraient comme un bon choix.

Auteur: Tolstoï Léon

Info: La mort d'Ivan Ilitch

[ convenable ] [ psycho-social ] [ convention ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

musique

Maman jouait le deuxième concerto de Field - son professeur. Je sommeillais à demi et, dans mon imagination, glissaient des souvenirs légers, lumineux et transparents. Elle commença à jouer la sonate pathétique de Beethoven, et je me rappelai quelque chose de triste, de pénible, et de sombre. Maman jouait souvent ces deux morceaux, c'est pourquoi je me rappelle très bien les sensations même qu'ils éveillaient en moi. Ces sensations ressemblaient à des souvenirs, mais souvenirs de quoi ? Il semble qu'on se rappelle des choses qui n'ont jamais existé.

Auteur: Tolstoï Léon

Info: Enfance

[ réminiscences ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

individualistes inconscients

Les socialistes, les communistes, les anarchistes avec leurs bombes, leurs émeutes, leurs révolutions, sont loin d'être aussi dangereux pour les Etats que ces hommes isolés, qui proclament de tous côtés leurs refus en se basant sur la même doctrine connue de tous. Tout Etat sait comment et avec quoi se défendre contre des révolutionnaires ; aussi ne craint-il pas ses ennemis extérieurs. Mais que peut-il faire contre les hommes qui démontrent l'inutilité et même le mal de toute autorité, qui ne combattent pas l'Etat, mais simplement l'ignorent, peuvent s'en passer, et, par conséquent, refusent d'y participer.

Auteur: Tolstoï Léon

Info: Le royaume des cieux est en vous, p. 120

[ égoïsmes anti-communautaires ] [ désobéissance civile ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

insoumission

Quelle importance peut-on attribuer au refus de quelques dizaines de fous, comme on les appelle, de prêter serment à l'Etat, de payer l'impôt, de participer à la justice et de servir dans l'armée ? On punit ces gens, on les déporte, et la vie continue sa marche comme auparavant. Cependant, ce sont ces faits qui, plus que tout autre chose, compromettent le pouvoir et préparent l'affranchissement des hommes. Ce sont les abeilles isolées, détachées les premières de l'essaim se détache peu à peu. Et les Etats le savent et redoutent ces exemples plus que tous les socialistes, communistes et anarchistes, avec leurs complots et leur dynamite.

Auteur: Tolstoï Léon

Info: Le royaume des cieux est en vous, p. 117

[ désobéissance civile ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

rencontre

Vronski suivit le conducteur ; à l'entrée du wagon réservé il s'arrêta pour laisser sortir une dame, que son tact d'homme du monde lui permit de classer d'un coup d'oeil parmi les femmes de la meilleure société. Après un mot d'excuse, il allait continuer son chemin, mais involontairement il se retourna, ne pouvant résister au désir de la regarder encore ; il se sentait attiré, non point par la beauté pourtant très grande de cette dame ni par l'élégance discrète qui émanait de sa personne, mais bien par l'expression toute de douceur de son charmant visage. Et précisément elle aussi tourna la tête. Ses yeux gris, que des cils épais faisaient paraître foncés, s'arrêtèrent sur lui avec bienveillance, comme si elle le reconnaissait ; puis aussitôt elle sembla chercher quelqu'un dans la foule.

Auteur: Tolstoï Léon

Info: Anna Karénine

[ amorce ] [ femmes-hommes ]

 

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écrivain-sur-écrivain

"Je ne l'ai jamais vu, je n'ai jamais eu aucune sorte de rapport direct avec lui; mais quand il est mort, je me suis soudain rendu compte qu'il avait été pour moi le plus précieux, le plus cher et le plus nécessaire des êtres. Il ne m'est jamais même entré dans la tête de me comparer à lui. Tout ce qu'il écrivit était tel que plus il écrivait ainsi et plus je me réjouissais. La réussite artistique, l'intellect peuvent éveiller mon envie, mais une oeuvre venue du coeur, seulement de la joie. Je l'ai toujours considéré comme mon ami et je comptais très fort le voir quelque jour. Et brusquement j'apprends qu'il est mort. D'abord j'ai été complètement bouleversé et quand plus tard j'ai compris quelle valeur il avait eue à mes yeux, je me suis mis à pleurer."

Auteur: Tolstoï Léon

Info: Peu après avoir appris la nouvelle de la mort de Dostoïevski, dans une lettre à Strakhov

[ deuil ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

affrontement

Deux cavaliers se rencontrèrent un jour sur un chemin très étroit où tous deux ne pouvaient passer de front. L'un des deux devait donc céder la place à l'autre, mais tous deux s'entêtèrent, et ils allèrent jusqu'à s'injurier ; enfin l'un dit à l'autre :

— Écoute ! Je te conseille de me laisser passer, sans cela je te traiterai de la même façon que j'ai traité jadis un entêté qui me résistait.

L'autre, effrayé de cette menace, laissa le chemin libre ; mais comme le cavalier s'éloignait, il lui demanda ce qu'il lui aurait fait s'il n'avait pas voulu céder.

— Dis moi, lui dit-il, que fis-tu à cet entêté qui te résistait ?

— L'autre était très entêté, plus entêté encore que toi ; voyant que je ne pouvais rien obtenir de lui, je me décidai à ... à le laisser passer.

Auteur: Tolstoï Léon

Info:

[ histoire courte ] [ drôle ] [ rapport de force ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

maturité précoce

Fait étrange, lorsque j'étais enfant je tâchais d'avoir l'air d'un jeune homme; mais plus tard, j'ai souvent désiré ressembler à un enfant. Et combien de fois la crainte de passer pour un gamin aux yeux de Serioja m'a obligé à dissimuler un sentiment qui voulait s'exprimer. Je n'osais pas l'embrasser, bien que souvent j'en eusse envie; je n'osais pas lui prendre la main, lui dire combien j'étais heureux de le voir; je ne me risquais même pas à l'appeler Serioja, mais toujours Sergueï, et cela devint une habitude. La moindre manifestation de sensibilité était considérée comme une marque de puérilité révélant que celui qui s'y laissait aller était encore un petit garçon. Ainsi avant même d'avoir connu de ces amères expériences qui amènent les adultes à être prudents et froids dans leurs rapports avec autrui, nous nous privions de joies pures d'un attachement enfantin à seule fin de ressembler à des grands.

Auteur: Tolstoï Léon

Info: Dans "Enfance et adolescence"

[ expression des sentiments ] [ regrets ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

Europe

Les Allemands fondent leur assurance sur une idée abstraite, la science, c'est-à-dire la prétendue connaissance de la vérité absolue. Le Français est sûr de lui parce qu'il s'imagine exercer, soit par son esprit soit par son physique, une séduction irrésistible, tant sur les hommes que sur les femmes. L'Anglais est sûr de lui parce qu'il se croit le citoyen de l'État le mieux policé du monde : en qualité d'Anglais il sait toujours ce qu'il doit faire ; en qualité d'Anglais, il sait que tout ce qu'il fait est indiscutablement bien fait. L'Italien est sûr de lui parce que sa nature facilement émotive lui fait oublier et lui-même et les autres. Le Russe est sûr de lui parce qu'il ne sait rien et ne veut rien savoir et parce qu'il ne croit pas qu'on puisse connaître parfaitement quoi que ce soit. La suffisance de l'Allemand est la plus obstinée et la plus odieuse de toutes, car il se figure connaître la vérité, autrement dit la science qu'il a lui-même fabriquée, mais qu'il tient pour la vérité absolue.

Auteur: Tolstoï Léon

Info: La guerre et la paix, tome 2

[ nations ] [ différences ]

 

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végétarien

Si quelqu'un aspire à une vie vertueuse, son premier acte doit être de s'abstenir de faire du mal aux animaux (...) De tuer les animaux à tuer les hommes il n'y a qu'un pas, tout comme de faire souffrir les animaux à faire souffrir les hommes. (...) Tant qu'il y aura des abattoirs, il y aura aussi des champs de batailles. (...) L'homme peut vivre et rester en bonne santé sans avoir besoin de tuer des animaux pour s'alimenter. Par conséquent, se nourrir de viande rend coresponsable de l'assassinat d'animaux perpétré juste pour satisfaire notre palais. Agir de cette façon est immoral. C'est un fait tellement simple qu'il n'est sans doute pas possible de ne pas être d'accord. (...) Si l'homme cherche sérieusement et honnêtement la voie de la morale, la première chose qu'il doit abandonner est la consommation de viande. (...) Le végétarisme vaut comme critère de base avec lequel nous pouvons reconnaître si l'homme aspire sérieusement à une perfection morale. La nourriture carnée est un résidu primitif ; le passage à une alimentation végétarienne est la première manifestation de l'instruction.

Auteur: Tolstoï Léon

Info:

[ pacifisme ]

 

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