Je suis historien de la magie, de la sorcellerie, des fantômes et de la médecine populaire. J'ai consacré ma carrière à étudier la magie non pas comme une simple superstition disparue, mais comme un phénomène culturel et social vivant, enraciné dans les pratiques populaires qui ont perduré du XVIIe siècle jusqu’à aujourd’hui. À mes yeux, la magie ne se limite pas à un souvenir historique : elle est une réponse humaine fondamentale à l’incertitude, un moyen par lequel les individus cherchent à exercer un pouvoir symbolique et réel sur un monde souvent incertain et hostile. Mes recherches insistent sur la continuité de ces croyances et pratiques, montrant comment elles se transforment et s’adaptent face aux changements légaux, religieux ou sociaux.
Par mes ouvrages, notamment sur l’histoire des grimoires, j’ai exploré la manière dont les livres de magie témoignent d’une tradition ésotérique complexifiée, à la croisée du religieux, du magique et du savant. Je souligne la complexité et la diversité des formes de magie : depuis des rituels religieux non orthodoxes jusqu’à des pratiques populaires quotidiennes, en passant par la magie dite " naturelle ", qui étudie les propriétés cachées des pierres, plantes et animaux. Pour moi, la magie est une forme particulière de discours sur le pouvoir, un ensemble de relations sociales et symboliques dont la définition évolue selon les époques et les cultures.
( Définir la magie est une tâche ardue qui a suscité débats et controverses depuis plus de deux mille ans. Néanmoins, je propose de voir la magie comme les moyens et les pratiques par lesquels les humains, par des rituels ou des actions, croient pouvoir influencer le monde naturel ou avoir un effet sur autrui. Cette définition inclut diverses formes allant de l’illusion et de la superstition aux miracles religieux et au surnaturel. La magie traverse des usages multiples, parfois perçue comme un savoir occulte, parfois comme un pouvoir dangereux ou maléfique, et elle se distingue difficilement de la religion ou de la science selon les contextes historiques. Elle demeure une réalité sociale vivante, fournissant explications et recours tant aux sociétés industrielles modernes qu’aux populations défavorisées, témoignant ainsi de sa persistance et de sa plasticité culturelle.
Ainsi la magie est à apprécier comme une dynamique culturelle fluide, où les frontières avec d’autres expériences symboliques et sociales sont toujours mouvantes.