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nouvel-an

La nouvelle année a, depuis toujours, un bel habit blanc. Jusqu'à ce qu'on le mette.

Auteur: Fallada Hans

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[ réveillon ] [ bonne année ]

 

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enquête

Il était en chasse; ce vieux policier était un vrai chasseur. Il avait cela dans le sang et détestait les hommes comme d'autres chasseurs détestent les sangliers. Que les sangliers et les hommes dussent mourir au terme de la chasse, cela ne le troublait pas. C'était la destinée du sanglier de mourir ainsi; et c'était également le destin des hommes d'écrire de telles cartes.

Auteur: Fallada Hans

Info: Seul dans Berlin

[ misanthrope ]

 

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engrenage

Évidemment, je n’ai pas toujours bu, il n’y a d’ailleurs pas si longtemps que j’ai commencé de boire. Avant, l’alcool me dégoûtais, je devais boire tout au plus un verre de bière de temps en temps ; je trouvais le vin trop acide, et l’odeur du schnaps me rendait malade. Puis vint une période où je commençai à aller mal. Mes affaires ne marchaient pas comme elles auraient dû, et j’eus quelques revers avec les gens de mon entourage.

Auteur: Fallada Hans

Info: Dans "Le buveur" page 9

[ débuts ] [ addiction ] [ glissement ] [ alcoolisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

résistance

Elle comprit à cet instant que, par cette première phrase, il avait déclaré la guerre, aujourd'hui et à jamais. Confusément, elle comprit ce que cela signifiait. D'un côté, eux deux, les pauvres petits travailleurs insignifiants, qui pour un mot pouvaient être anéantis pour toujours. Et de l'autre côté, le Führer et le Parti, cet appareil monstrueux, avec toute sa puissance, tout son éclat, avec derrière lui les trois quarts, oui, les quatre cinquièmes de tout le peuple allemand. Et eux deux, seuls ici, dans cette petite chambre de la rue Jablonski !...

Auteur: Fallada Hans

Info: Seul dans Berlin

[ nazisme ]

 

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nazisme

Les Hergesell supportaient avec peine cette atmosphère dans laquelle il leur fallait vivre. Mais ils se répétaient que rien ne pouvait leur arriver, puisqu’ils n’entreprenaient rien contre l’État. "Les pensées sont libres", disaient-ils. Mais ils auraient dû savoir que ce n’était même plus le cas sous ce régime.

C’est ainsi qu’ils se réfugiaient de plus en plus dans le bonheur d’aimer. Ils n’avaient pas encore compris que cette Allemagne en guerre ne tolérait plus la moindre vie privée. Il fallait que chaque Allemand partageât le sort de son pays ; de même que, de plus en plus nombreuses, les bombes tombaient aussi bien sur les justes que sur les méchants.

Auteur: Fallada Hans

Info: Dans "Seul dans Berlin", traduit de l’allemand par A. Virelle et A. Vandevoorde, éditions Denoël, 2002, page 330

[ repli individualiste ] [ neutralité ] [ passivité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

violence

Eva Kluge, du tréfonds de sa lassitude, entend tout cela. Elle sait qu’il est en train de la voler, mais ça lui est égal. A présent son univers est anéanti et ne pourra plus jamais redevenir habitable... Pourquoi a-t-on donc vécu ici-bas, pourquoi a-t-on fait don de la vie à des enfants, pourquoi s’est-on réjoui de leurs rires et de leurs jeux, si c’est pour les voir se transformer en bêtes ? ... Ah, son Karlemann ! Un enfant si blond et si gentil ! ... Quand elle allait jadis avec lui au cirque Busch et que les chevaux devaient se coucher sur le sable, il s’apitoyait sur le sort de ces pauvres bêtes. Elle devait le rassurer : les chevaux n’étaient pas malades, ils dormaient seulement.

Auteur: Fallada Hans

Info: Contexte : Eva a récemment appris les rumeurs qui circulent à propos de son fils qui serait devenu un tortionnaire de jeunes enfants juifs. Pendant ce temps, son mari, un gredin, est revenu chez elle pour lui voler des affaires avant de repartir. Dans "Seul dans Berlin", traduit de l’allemand par A. Virelle et A. Vandevoorde, éditions Denoël, 2002, page 51

[ grandir ] [ mère-enfant ] [ mal ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

révolte

Et que voulait-il faire ? Autant dire rien !... Quelque chose de dérisoire, d'insignifiant, tout à fait dans sa ligne ; quelque chose de calme, qui ne pourrait en rien troubler sa tranquillité. Il voulait écrire des cartes ! Des cartes postales, avec des appels contre le Führer et le Parti, contre la guerre, pour éclairer ses semblables. C'est tout... Et ces cartes, il ne comptait nullement les envoyer à des gens bien déterminés, ni les coller sur les murs comme des affiches. Non, il voulait simplement les déposer dans les escaliers des immeubles où il y avait beaucoup d'allées et venues, les abandonner là, sans savoir aucunement qui les ramasserait, ni si elles ne seraient pas aussitôt foulées aux pieds ou déchirées.

Auteur: Fallada Hans

Info: Seul dans Berlin

[ romantisme ] [ impuissance ]

 

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musique

Pendant cette promenade matinale, qui se prolongeait de dix heures à midi, le Dr Reichhardt chantait tout bas, et Quangel avait pris l'habitude de prêter l'oreille à ce qu'il fredonnait. Parfois, il se sentait devenir assez fort pour braver n'importe quelle épreuve, et Reichhardt disait alors : "Beethoven." Parfois, Quangel sentait une joie et une légèreté incompréhensibles et qu'il n'avait jamais connues auparavant, et Reichhardt disait : "Mozart." Puis les sons qui venaient de la bouche du musicien se faisaient graves et engendraient comme une douleur dans le coeur de Quangel; ou bien il se sentait reporté au temps de son enfance, quand il accompagnait sa mère à l'église : il avait encore toute la vie devant lui, et c'était pour accomplir une grande tâche : "Jean-Sébastien Bach", disait Reichhardt."

Auteur: Fallada Hans

Info: "Seul dans Berlin", traduit de l’allemand par A. Virelle et A. Vandevoorde, éditions Denoël, 2002, page 477

[ humeur ]

 
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christianisme

La Bible était, pour Trudel, une véritable découverte. Elle avait suivi les écoles hitlériennes sans jamais sentir le besoin d'une religion. Maintenant encore, lorsqu'elle découvrait la vie du Christ dans l'Evangile selon saint Matthieu, l'expression de "Fils de Dieu" ne représentait rien pour elle. Elle l'avoua au pasteur, qui se contenta de sourire doucement, assurant que cela n'avait guère d'importance pour l'instant. Qu'elle se contentât de penser à la façon dont Jésus-Christ avait vécu sur la terre, en aimant jusqu'à ses ennemis. Elle pouvait considérer les miracles comme elle le voudrait ; au besoin, comme de beaux contes ; l'essentiel était de comprendre qu'un être avait mené ici-bas une vie telle que, presque deux mille ans après, sa trace était encore rayonnante, preuve éternelle de la supériorité de l'amour sur la haine.

Auteur: Fallada Hans

Info: Dans "Seul dans Berlin", traduit de l’allemand par A. Virelle et A. Vandevoorde, éditions Denoël, 2002, pages 487-488

[ croyance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

portrait

Kienschäper est un homme tout en longueur, qui marche courbé vers l’avant et approche de la soixantaine. Il a des cheveux blancs en bataille et un visage très brun, éclairé par le sourire de deux yeux bleus pleins de jeunesse. Sans faire de phrases, il a guéri les blessures d’Eva, de la même façon qu’il est venu à bout des enfants du village à force de patience, et que, muni d’un sécateur et d’huile carbolique, il a parcouru les vergers des paysans pour rendre la vigueur à leurs arbres.

Marcher à travers champs le soir avec lui et l’entendre expliquer que peu de choses sont nécessaires pour rendre à la terre sa fécondité ; le voir aider une vache à vêler, ou redresser une clôture, de sa propre initiative, ou soigner ses abeilles avec amour ; écouter ce qu’il joue doucement à l’orgue pour eux seuls, sentir que tout rentre dans l’ordre et dans la paix après le passage de cet homme : cela réconforte Eva, mieux que n’importe quelle parole consolatrice.

Auteur: Fallada Hans

Info: Dans "Seul dans Berlin", traduit de l’allemand par A. Virelle et A. Vandevoorde, éditions Denoël, 2002, page 386

[ sage ] [ homme-par-femme ]

 

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