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existence

Peut-être que la vie est-elle un processus qui consiste à échanger des espoirs contre des souvenirs.

Auteur: Vollmann William T.

Info: The Rifles

[ transmutation ] [ processus défini ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

paysage

... le ventre moelleux de la toundra était arrondi et superbement moucheté par le mouron, la pédiculaire et des lichens d'un blanc quasi phosphorescent ; la plaine s'incurvait vers le haut pour toucher sexuellement le ventre nuageux gris-bleu.

Auteur: Vollmann William T.

Info: Les fusils

[ littérature ]

 

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océan

Le lendemain, faisant voile vers le sud-ouest, ils arrivèrent au milieu du détroit de Barrow ; l'eau était d'un bleu de Chine étrange, d'une beauté à peine concevable : les reflets bleu porcelaine des montagnes étaient suspendus à l'envers comme des stalactites, et les montagnes d'un violet poussiéreux étaient saupoudrées de neige et chapeautées de nuages.

Auteur: Vollmann William T.

Info: Les fusils

[ miroir ] [ paysage ]

 

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lecture

Donc il lui avait prêté des livres. Après tout, un des plus grands plaisirs de la vie est de lire un livre d'une beauté parfaite ; plus agréable encore est de relire ce livre ; le plus agréable de tous est de le prêter à la personne qu'on aime : Maintenant, elle lit, ou vient de lire, la scène des miroirs ; elle qui est si belle boit cette beauté que j'ai bue.

Auteur: Vollmann William T.

Info:

[ partage ] [ mise en commun ] [ connivence ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

écologie

La raison pour laquelle je m'oppose définitivement à l'énergie nucléaire est si évidente pour moi que je demeure stupéfait que la planète entière n'y soit pas pareillement opposée : les déchets nucléaires dangereusement radioactifs doivent être stockés et surveillés pendant des périodes excédant de manière délirante tout cadre de référence de la civilisation. Serait-il possible de rendre inoffensives ces barres de combustible épuisé, disons en cinq ans, même alors je m'inquiéterais de l'insouciance et de la cupidité, mais au moins je serais prêt à admettre que l'énergie nucléaire puisse être utile.

Auteur: Vollmann William T.

Info: Fukushima : dans la zone interdite : Voyage à travers l'enfer et les hautes eaux dans le Japon de l'après-séisme

 

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arme

... de même le destin est différent devant le canon et derrière le chien, le chien qui s'abat si pesamment sur le percuteur, le percuteur qui perce la cartouche et enflamme l'amorce par friction, l'amorce qui enflamme la poudre, la poudre qui explose et envoie la balle hors de la cartouche, la balle qui se précipite dans le canon et dans l'air ensoleillé et pénètre l'épaule du caribou aussi facilement que si c'était un nuage ...
...
Quand vous êtes accroupis, la culasse contre l'épaule, priez pour le caribou. Priez pour que votre tir ne soit pas vrai.

Auteur: Vollmann William T.

Info: Les fusils

[ littérature ] [ chasse ] [ tuer ]

 

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pouvoir sémantique

La plupart des critiques littéraires s'accordent à dire que la fiction ne peut être réduite à un simple mensonge. Les protagonistes bien conçus prennent vie, la pornographie provoque des orgasmes, et le fait de prétendre que la vie est ce que nous voulons qu'elle soit peut, de manière concevable, provoquer la condition souhaitée. D'où les paraboles religieuses, le réalisme socialiste, la propagande nazie. Et si ce récit est également empreint d'un supernaturalisme réactionnaire, c'est peut-être parce que son auteur aspire à voir des lettres se déplacer sur les plafonds, amorçant prudemment leur réification en anges. Car si elles pouvaient le faire, pourquoi pas nous ?

Auteur: Vollmann William T.

Info: Europe Central

[ onrique ] [ littérature ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

intellectualisme

J'ai étudié la littérature comparée à Cornell. Le structuralisme était vraiment le truc de l'époque. L'idée de lire et d'écrire étant comme une sorte de jeu du langage. Il y avait beaucoup d'attrait pour cela. C'est bien de pouvoir y penser comme un machin ludique. Mais il y a une autre façon de voir les choses. C'est "Ecoute, je veux juste être sincère. Je veux écrire quelque chose, te faire ressentir des trucs, et peut-être que tu vas te bouger et faire quelque chose." Il semble que le monde est en si mauvais état de nos jours que nous n'avons pas le temps à perdre avec des jeux de langage. Voilà mon sentiment.

Auteur: Vollmann William T.

Info:

[ perte de temps ] [ dénigré ]

 

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écriture

Je fais simplement le meilleur livre que je peux et j'essaie de ne pas me soucier du public ou de savoir s'il va se vendre. Les chances sont contre vous, alors pourquoi abuser de votre talent au nom d'une chimère ? Le seul véritable plaisir que j'éprouve à écrire est celui de me faire plaisir. Ce que pensent les lecteurs est intéressant et éclairant (et il se peut même que ce soit correct), mais ce n'est rien comparé à l'excitation de voir un monde se développer. En outre, même si j'apprécie la plupart des personnes que je rencontre, j'ai une assez mauvaise opinion des gens en général. Donc, si je devais écrire pour les gens en général, je devrais baisser radicalement mon estimation de l'intelligence de mon lecteur. Plutôt que de faire cela, j'écris de la façon dont il semble que le livre doive apparaître. Je ne pense pas que ce soit égoïste. Il y a souvent des choses que j'aimerais inclure dans mes livres - des choses qui me concernent personnellement et d'autres matériaux - que je sens que je dois laisser de côté parce qu'elles ne sont pas pertinentes pour le livre. Je suis assez impitoyable sur ce point, car j'essaie de ne rien laisser se mettre en travers de ce qui est le mieux pour le livre. Si cela signifie que le livre ne se vendra pas ou qu'un éditeur ne l'achètera pas, alors c'est mon problème. J'en souffrirai, mais je ne laisserai pas le livre en souffrir.

Auteur: Vollmann William T.

Info: Interview avec Larry McCaffery en 1993

[ sincérité ] [ incompromission ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

racisme

Et donc je pris un car à Greyhound pour Los Angeles qui s'arrêtait dans toutes les petites villes du désert. Le type assis à côté de moi était un vieux boulanger adorable, quatre-vingts ans bien sonnés, qui avait fait cuire des tourtes toute sa vie. Je suppose qu'il est mort à présent. Il venait d'une de ces villes de l'Owens Valley où les champs bruissent de jets d'eau propulsés par les arroseurs mécaniques qui forment des arc-en-ciel brouillés au-dessus des ouvriers agricoles, des éoliennes, des colonnes d'alimentation et de la luzerne verte, mais les rues des villes, là-bas, étaient toujours poussiéreuses comme les cours intérieures des maisonnettes en pisé où roulaient les buissons d'amarante ; là-bas les devantures craquaient, la poussière apportée par l'air donnait aux Whites et aux Sierras la couleur de son bleu de travail. Je suppose qu'il savait presque tout ce qu'il y a à savoir sur la confection des tourtes. Les tourtes étaient d'un blanc nuageux quand il les mettaient dans le four et elles en ressortaient toutes brunes, croustillantes et parfumées aux fruits californiens. L'été dernier, pour son soixante-dix -neuvième anniversaire, il avait pris sa retraite, mais même encore aujourd'hui il aimait faire des tourtes. Je le voyais à présent tel qu'il était : un bouddha à la perfection onctueuse, au parler doux et serein comme un ventilateur qui tourne sans bruit et vous rafraîchit les nuits d'intense chaleur. Aussi l'ajoutai-je à mon panthéon des hommes divins, étant disposé à vénérer en lui le dieu des tourtes et des murmures. Son meilleur ami était à l'hôpital, aussi lui avait-il préparé quelques tourtes aux pommes. Elles étaient encore chaudes et sentaient le four ; tout le long du trajet j'inhalais leur parfum. Il me parla des dizaines d'années passées devant la porte du four au petit matin, et moi je ne cessai de me répéter Quel homme merveilleux ! voici au moins une personne dont la vie a été agréable et utile à tout le monde ; nous arrivâmes à Los Angeles à la nuit tombée et il me serra la main. Je me dis que je ne le verrais plus. Mais les probabilités sont étranges. De même qu'il y a de fortes chances pour que, dans un groupe de seulement trente personnes ( non pas trois cent cinquante et quelques, comme on pourrait le croire), deux soient nées le même jour, de même, alors que je rentrais à Los Angeles, cette fois-ci dans un car pratiquement vide, je revis mon ami et, ravi, allai m'asseoir à côté de lui. Lui aussi me retrouva avec plaisir, les heures s'écoulèrent au gré joyeux des tourtes jusqu'à ce que nous ne soyons plus très loin de ma ville. - Soudain, il me désigna un point au loin. - Regardez, dit-il, c'est Manzanar, ce camp de concentration où ils ont mis tous ces pauvres Japonais. - je n'y avais jamais été, aussi suivis-je son doigt, mais c'était bien trop loin ; je ne pus distinguer grand-chose. - Je ne comprends toujours pas comment on a pu faire tant de mal à ces pauvres gens, dit le vieux boulanger. - C'est abominable, dis-je. - Le boulanger me regarda droit dans les yeux, et je vis quelque chose se lever en lui, quelque chose qu'il devait dire : - Si seulement ç'avait été LES JUIFS !

Je le regardai, sans voix. Puis me levai et changeai de siège.

Qu'avait-il vu toutes ces années, quand il pétrissait cette pâte aussi pâle qu'un visage, la striant de ses ongles avant de la livrer aux flammes du gaz ?

Nous arrivâmes dans ma ville, je récupérai mon sac et me levai. J'étais tendu parce que j'allais devoir passer devant lui. Quand je fus au niveau de son siège, je lui dis au revoir d'une voix basse. Mais il ne me répondit pas.

Et je me demandai ce que j'aurais dû faire. Aurais-je dû rester assis et discuter avec cet homme ? Aurais-je dû ne pas lui dire au revoir ? Quoi que j'aie fait, c'était une erreur. Sinon pourquoi aurais-je eu honte ainsi ?...

Auteur: Vollmann William T.

Info: Treize récits et treize épitaphes

[ antisémitisme ]

 

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