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attitude

Y a rien de plus beau que la volonté de vivre lorsqu'on baigne dans le désespoir absolu. L'espoir c'est pour les connards. Il n'y a que les grandes âmes pour comprendre la beauté du désespoir.

Auteur: Williamson Eric Miles

Info: Bienvenue à Oakland

[ perdu ] [ combat ]

 

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vivre

Autour de moi, tout n'est que misère, dénuement, rage et crasse. Tout, sauf mon âme. Bizarrement, ça ne m'a pas touché, en tout cas pas assez pour remettre en question ma foi et mon optimisme inaltérables. Quelque part, je sais que l'humanité n'est pas aussi immonde que celle dont j'ai pu faire l'expérience. Je sais que le pus, la gangrène et les marécages ne sont pas la condition naturelle du coeur de l'homme, mais les fruits de la désillusion, que les déchirements cannibales sont la conséquence, non la cause, la réaction désespérée de coeurs dépouillés, dévorés, mais battant toujours.

Auteur: Williamson Eric Miles

Info: Bienvenue à Oakland

[ dépassement ] [ optimisme ]

 

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USA

Dans les librairies, la section Développement personnel est plus importante que la section littérature. T'as déjà ouvert un ouvrage de ce genre? De la merde en barre, voilà ce que c'est. Je le sais, parce que la plupart des pétasses que j'ai tronchées se sont mis en tête de m'en filer un, d'un air extrêmement grave, avec un regard débile qui, d'après elles, devait ressembler à quelque chose de philosophique, elles le tenaient comme si c'était une Bible des Gidéons couverte de dorures. Ce fourre-tout de conneries se lit comme un horoscope, il s'applique à tous les gentils petits couillons qui tournent les pages.

Auteur: Williamson Eric Miles

Info: Bienvenue à Oakland

[ lecture ] [ confiance en soi ]

 

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civilisation

Je donnerais cher pour être né il y a deux cent ans, à une époque où on pouvait encore s'approprier un bout de terrain, je serais parti dans n'importe quelle direction et j'aurais avancé jusqu'à ce que je trouve un endroit qui me convenait, j'aurais posé mon cul et déclaré que c'était chez moi, pas d'impôt, pas de sécu, pas d'identité, pas d'histoire. Y a plus un centimètre cube sur cette terre où me poser et m'allonger pour regarder passer les volutes des nuages, sans qu'on me fasse payer le privilège d'exister ou que j'aie la trouille de me faire tirer dessus ou passer les bracelets.

Auteur: Williamson Eric Miles

Info: Bienvenue à Oakland

[ oppression ]

 

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rapports humains

Personne ne savait que je lisais tous ces bouquins. C'est pas le genre de truc qui s'avoue, dans mon quartier. Si tu racontes qu'au lieu de mater le match des Raiders ou de picoler de la bière tu lis des bouquins, merde, tout le monde va penser que t'es une tarlouze, plus personne ne t'adressera plus jamais la parole et, ce qui est clair, c'est que plus personne ne te fera plus jamais confiance, pas avec cette tête remplie de gentilles petites conneries artistiques de coco, cette tête dans les nuages qui regarde tout le monde de haut. Si tu lis des bouquins, eh ben, tu le gardes pour toi.

Auteur: Williamson Eric Miles

Info: Bienvenue à Oakland

[ prudence ] [ marginal ]

 

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vivre

Ce dont on a besoin, c'est d'une littérature imparfaite, d'une littérature qui ne tente pas de donner de l'ordre au chaos de l'existence, mais qui, au lieu de cela, essaie de représenter ce chaos en se servant du chaos, une littérature qui hurle à l'anarchie, apporte de l'anarchie, qui encourage, nourrit et relève la folie qu'est véritablement l'existence quand nos parents ne nous ont pas légué de compte épargne, quand on n'a pas d'assurance retraite, quand les jugements de divorce rétament le pauvre couillon qui n'avait pas de quoi se payer une bonne équipe d'avocats, une littérature qui dévoile la vie de ceux qui se font écrabouiller et détruire, ceux qui sont vraiment désespérés et, par conséquent, vraiment vivants, en harmonie avec le monde, les nerfs à vif et à deux doigts de péter un câble, comme ces transformateurs électriques sur lesquels on pisse dans la nuit noire d'Oakland.

Auteur: Williamson Eric Miles

Info: Bienvenue à Oakland

[ littérature ] [ tension ]

 

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dilemme

Ce qui m'a un peu détruit la tête, c'est que je vénérais Nietzsche et Marx à la fois ; or d'après le peu que j'en savais, leurs idées n'étaient pas trop compatibles. Marx était à fond pour le travailleur, le gars qui bosse sur un chantier de construction comme un malade pour l'enfoiré de riche ; Marx, il était pour tous les gars de chez Dick, il était pour moi. (...) Nietzsche pensait que les minables n'avaient que ce qu'ils méritaient, parce que les forts finissaient toujours par se relever, par conquérir et par se retrouver tout en haut de l'échelle, devenant ainsi les maîtres de la basse-cour. (...) le fait de lire ces deux Schleus m'a donc un peu détraqué. Je n'arrivais pas à décider si je voulais devenir le leader du plus grand syndicat international de l'histoire de l'humanité, ou bien le dictateur d'Oakland, Monsieur le Boss. Parce que, si je devenais un jour Monsieur le Boss, qu'est-ce que je penserais des travailleurs ? Et si je restais un simple travailleur, qu'est-ce que je penserais du Boss ? Lire des bouquins, bordel, c'était pas simple.

Auteur: Williamson Eric Miles

Info: Bienvenue à Oakland

[ perdu ] [ philosophie ] [ paradoxe ] [ politique ] [ complexité ] [ littérature ]

 

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