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absurdité
Le vieux général de Mortefontaine, qui avait conservé les habitudes militaires, se promenait dans les grandes allées, les mains derrière le dos, tête nue. Il avait un journal à la main et lisait.
Auteur:
Ponson du Terrail
Années: 1829 - 1871
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
dans "La Patrie", 25 avril 1860 - cité dans le "Dictionnaire de la bêtise", éd. Robert Laffont, p. 285
[
contorsionnisme
]
[
burlesque involontaire
]
absurdité
[...] des millions d’hommes, qui ont effectivement un emploi, ont désormais le sentiment d’ "être agis" : ils sont actifs, mais sans fixer eux-mêmes l’objectif de leur travail, voire sans même pouvoir le comprendre ; ou bien ils sont actifs tout en accomplissant un travail suicidaire. Bref, la dépendance est si totale que l’activité est devenue une variante de la passivité et que, même là où l’on se fatigue à mort, quand on ne se tue pas tout simplement à la tâche, elle a pris la forme d’une activité pour rien, voire d’une inactivité.
Auteur:
Anders Günther Stern
Années: 1902 - 1992
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain et philosophe de la culture
Continent – Pays: Europe - Autriche
Info:
Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, page 247
[
exploitation
]
[
absence de sens
]
absurdité
Nous n'échappons pas à la mort, essayons d'échapper au moins à la luxure, nous gagnerons toujours sur un tableau pour mourir sans regret, seuls les luxurieux s'acharnent ici-bas à vivre en défendant, comme autant d'enragés, leurs misérables restes. Un homme vertueux est déjà mort au monde, absent qu'il est du monde et prêt à rompre les amarres, il s'éteint chaque nuit. Il ressuscite chaque jour, un pied dans le néant, un pied dans l'évidence, il a fermé la porte et refusé le jeu, le jeu qu'il sait perdu, quoi que le joueur fasse. Et n'est-ce pas la règle inavouée, celle que l'on ne trouve nulle part écrite et qui vaut infailliblement pour la majorité de ceux qui jouent ? qui jouent, qui perdent et qui meurent !
Auteur:
Caraco Albert
Années: 1919 - 1971
Epoque – Courant religieux: Industriel
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe et écrivain séfarade
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "La luxure et la mort"
[
ascèse
]
[
éveil
]
absurdité
On a beaucoup critiqué dans le roman de Flaubert [Bouvard et Pécuchet] ces transitions qui font sauter les personnages comme au hasard, d’une science à l’autre et d’une épreuve à l’autre. D’un échec érudit au suivant. On trouve en général ces liens arbitraires, immotivés. Enfin, on n’aime pas, et c’est bien normal, que quelqu’un raconte noir sur blanc l’absence de raisons pour lesquelles on va de ratage en ratage tout naturellement jusqu’au bout de sa vie… S’il n’y a pas de raisons c’est qu’il n’y a pas de solutions non plus pour éviter ces ratages, il n’y a donc pas d’espoir et ça fait mauvais effet. L’une des causes du malaise général envers le dernier livre de Flaubert vient probablement de là. On voit bien qu’il s’agit d’une entreprise inouïe dans la littérature, une énorme exception, mais on ne sait pas trop par où l’aborder.
Auteur:
Muray Philippe
Années: 1945 - 2006
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: essayiste et romancier
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Le 19e siècle à travers les âges", page 486
[
impopulaire
]
[
étrangeté
]
absurdité
Ni l’aspect spectaculaire de l’explosion de la mort dans l’univers de la Seconde Guerre mondiale ni la dissolution de l’identité consciente et du comportement rationnel échouant dans les manifestations asilaires de la psychose, elles aussi spectaculaires, ne sont en cause. Ce que ces spectacles monstrueux et douloureux mettent à mal, ce sont nos appareils de perception et de représentation. Nos moyens symboliques se trouvent évidés, quasi anéantis, pétrifiés. Au bord du silence émerge le mot "rien", défense pudique face à tant de désordre, interne et externe, incommensurablement. [...]
Une nouvelle rhétorique de l’apocalypse (étymologiquement, apocalypso signifie dé-monstration, dé-couvrement par le regard, et s’oppose à aletheia, le dévoilement philosophique de la vérité), est apparue nécessaire pour faire advenir la vision de ce rien cependant monstrueux, de cette monstruosité qui aveugle et impose le silence. Cette nouvelle rhétorique apocalyptique s’est réalisée en deux extrêmes apparemment opposés et qui, souvent, se complètent : la profusion des images et la rétention de la parole.
Auteur:
Kristeva Julia
Années: 1941 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: sémioticienne, philospohe et écrivain
Continent – Pays: Europe - France - Bulgarie
Info:
Dans "Soleil noir", éditions Gallimard, 1987, page 231
[
irreprésentable
]
[
indicible
]
[
modernité
]
[
inhumain
]
absurdité
Bois du vin, car tu dormiras longtemps sous l'argile,
Sans un ami, un camarade, une femme ;
Veille à ne jamais dire ce secret à personne :
Les tulipes fanées ne refleuriront jamais.
Ô toi dont la joue est modelée sur le modèle
des roses sauvages !
Toi dont le visage est moulé comme celui des idoles de la Chine,
Hier ton amoureux regard changea le roi de Babylone
En un fou que le joueur fait manœuvrer
sur l'échiquier
Ni toi ni moi ne résoudrons le mystère de ce monde ; ni toi ni moi ne lisons cette écriture secrète.
Tous deux, nous aimerions savoir ce que cache ce voile ; mais quand le voile tombe, il n'y a plus ni toi ni moi.
Ne cherche aucun ami dans cette foire que tu traverses.
Ne cherche pas, non plus, un abri sûr.
D'une âme ferme, accueille la douleur, et ne songe pas à te procurer un remède que tu ne trouveras pas.
Dans l'infortune, souris.
Ne demande à personne de te sourire.
Tu perdrais ton temps.
Ma naissance n'apporta pas le moindre profit à l'univers.
Ma mort ne diminuera ni son immensité ni sa splendeur.
Personne n'a jamais pu m'expliquer
pourquoi je suis venu, pourquoi je partirai.
Cette voûte céleste sous laquelle nous errons, je la compare à une lanterne magique dont le soleil est la lampe. Et le monde est le rideau où passent nos images.
Auteur:
Khayyâm Omar
Années: 1050 - 1123
Epoque – Courant religieux: Islam ancien
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe, poète, astronome
Continent – Pays: Proche&Moyen Orient - Iran
Info:
[
solitude
]
[
confiance personnelle
]
[
monade
]