béotien
Au fond, voulez-vous savoir la faute de Goethe et de Diderot ? Tous deux sont des esprits scientifiques, qui, dans le grand mouvement naturaliste de notre époque, ont employé les premiers les méthodes d'observation et d'expérimentation. Dès lors, il est tout simple que M. Barbey d'Aurevilly, qui ne croit pas à la nature, mais qui croit au diable, les assomme l'un et l'autre de la terrible injure de bourgeois. Des bourgeois, ô douleur ! voilà des hommes morts !
(...)
Eh ! Monsieur, bourgeois vous-même, puisque bourgeois est une injure !
Oui, bourgeois, et, qui plus est, bourgeois de province ! Mais vous retardez de cinquante ans ! Mais vous n'êtes qu'un tardigrade ! A Pézenas, entendez-vous ! On ne s'habille plus comme vous vous habillez ; on chercherait vos pantalons et vos redingotes dans les derniers villages des Landes, qu'on ne les trouverait pas. Et il n'y a aujourd'hui que les coqs de Brive-la-Gaillarde qui, en débarquant à Paris, osent risquer vos effets de cuisse. Bourgeois ! bourgeois !
(...)
Vous, monsieur, vous avez les manies, les tics, les religions de cette horrible classe bourgeoise qui ne peut rien faire simplement et qui s'endimanche, quand elle mange un melon. Bourgeois ! Bourgeois ! (...) En vérité, je vous le dis, vous avez l'ahurissement d'un bourgeois, les ignorances d'un bourgeois, l'obstination et le rabâchage d'un bourgeois. Bourgeois ! Bourgeois !
Auteur:
Zola Émile
Années: 1840 - 1902
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Face aux romantiques, Le Figaro, 29 novembre 1880, pp 63, 66, 67
[
épicier
]
[
philistin
]