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conversation de vieux couple

- Je crois que Papi m’appelle. Une seconde, chéri, je reviens.

Dans le corridor, elle leva la tête vers son mari penché sur la rampe de l’escalier, lui demanda avec une douceur mortelle ce qu’il désirait.

- Ecoute, Bicette, ze regrette de déranzer. Ze suis d’accord que tu ne me dises pas le menu pour avoir la surprise ce soir, mais il y a quand même une çose que z’aimerais savor, est-ce qu’il y aura de la soupe pour commencer ?

- Non. On ne sert pas de soupe à un dîner prié. (Elle avait appris cette expression la veille au cours d’un entretien avec Adrien qui l’avait lui-même récemment péchée chez les Kanakis.) Ecoute, j’ai encore des choses importantes à discuter avec Didi et j’ai besoin de calme, à cause de mes terribles fatigues de tête. Tu n’as pas d’autres questions à me poser ?

- Non, merci, répondit tristement M. Deume.

- Alors, monte chez toi et tâche de t’occuper à quelque chose d’utile.

Le petit père gravit lentement l’escalier et s’en fut chercher du réconfort au water-closet du premier étage. Assis sans nul autre but sur le siège molletonné, il plia à petites fronces parallèles une feuille de papier hygiénique, en fit un éventail japonais qu’il agita devant son visage, tout en remâchant son humiliation. Enfin, il haussa les épaules, se leva et sortit en faisant le salut fasciste. 

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, pages 166-167

[ infantilisation ] [ mépris ] [ rejeté ] [ laissé pour compte ] [ snobisme ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

conversation de couple

- Ecoute, est-ce que je peux rester deux minutes encore ?

- Oui, bien sûr.

Il s’assit sur le rebord du lit, lui prit la main. Epouse modèle, elle posa sur ses lèvres un sourire immobile tandis qu’il la regardait avec des yeux de chien derrière ses lunettes, attendant d’elle le réconfort. Les paroles qu’il espérait ne venant pas, il voulut les provoquer.

- Tu comprends, c’est un sale coup pour moi.

- Oui, je comprends, répondit-elle, et de nouveau ce fut le sourire peint.

- Alors, qu’est-ce que tu me conseilles ?

- Je ne sais pas. Attendre ses excuses.

- Oui, mais s’il ne m’en fait pas ?

- Je ne sais pas, dit-elle, et elle lança un regard vers la pendule de la cheminée.

Dans le silence, il la regardait, attendait. Elle ne pensait qu’aux minutes qui tombaient, une à une, dans le silence. S’il restait encore, elle perdrait son sommeil et ce serait une nuit blanche. Il avait promis qu’il ne resterait que deux minutes et il était là, à la regarder sans arrêt depuis plus de deux minutes. Pourquoi ne tenait-il pas sa promesse ? Elle savait bien ce qu’il voulait. Il voulait être rassuré. Mais si elle commençait à le consoler, on n’en finirait plus. Il ferait des objections à ses consolations pour être consolé plus à fond, et la comédie durerait jusqu’à deux heures du matin. Cette main transpirante qui collait à la sienne était désagréable. Les menus retraits qu’elle entreprit n’ayant pas eu d’effet, elle dit qu’elle avait des fourmis, retira sa main et regarda la pendule.

- Je reste encore une minute et je m’en vais.

- Oui, sourit-elle.

Il se leva d’un trait.

- Tu n’es pas très gentille avec moi.

Elle se dressa dans son lit. C’était trop injuste ! Elle lui avait répondu gentiment, n’avait cessé de lui sourire, et voilà qu’il lui faisait des reproches !

- En quoi ? demanda-t-elle, le regard droit. En quoi est-ce que je ne suis pas gentille ?

- Tu n’as qu’une envie, c’est de me voir partir, et pourtant tu sais que j’ai besoin de toi.

Ces derniers mots la mirent hors d’elle. Cet homme qui avait tout le temps besoin d’elle !

- Il est minuit moins dix, articula-t-elle.

- Mais alors, si une fois je tombe malade et qu’il faille me veiller, qu’est-ce que tu feras ?

Cette fois, ce fut la vision d’une veille toute la nuit qui la mit en rage contre cet homme qui ne pensait qu’à lui. Elle fit sa tête de marbre, butée et dure. Elle était maintenant une froide folle insensible à tout ce qui n’était pas son sommeil menacé, épouvantée par la perspective d’une nuit d’insomnie. 

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, pages 249-250

[ homme-par-femme ] [ insupportable ] [ patience simulée ] [ mépris ] [ dédain ] [ préoccupation personnelle ] [ relation déséquilibrée ]

 

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