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cybernétique

L’algorithme, le projet d’une langue universelle, c’est la révolte contre le langage donné. On ne veut pas dépendre de ses confusions, on veut le refaire à la mesure de la vérité, le redéfinir selon la pensée de Dieu, recommencer à zéro l’histoire de la parole, ou plutôt arracher la parole à l’histoire.

Auteur: Merleau-Ponty Maurice

Info: La Prose du monde, p 10. Gallimard, Paris, 1969

[ néo-linguistique ] [ grammaire informatique ] [ évolution ]

 

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cybernétique

De manière générale complexité et précision entretiennent une relation inverse, au sens ou plus la complexité d'un problème augmente, plus la possibilité de l'analyser en termes précis diminue. Ainsi, la 'pensée floue' n'est peut-être pas si mauvaise, après tout, si elle rend possible la résolution de problèmes beaucoup trop complexes pour une analyse précise.

Auteur: Zadeh Lotfi Aliasker

Info: "Fuzzy languages and their relation to human intelligence". in: Proceedings of the International Conference Man and Computer, Bordeaux, France. Basel: S. Karger, pp. 130-165. cited in Gaines (1976)

[ attention flottante ] [ réflexion ] [ relaxation ]

 
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cybernétique

Les mathématique sont beaucoup plus qu'une langue pour traiter le monde physique. Elle sont une source de modèles et d'abstractions qui nous permettront d'obtenir de nouvelles idées incroyables sur la manière dont la nature fonctionne. En effet, la beauté la simplicité et l'élégance des lois physiques elles-mêmes ne sont apparentes que lorsqu'elles sont exprimées dans le cadre mathématique approprié.

Auteur: Schwartz Melvin

Info:

[ méta-moteurs ] [ révélés ]

 

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cybernétique

Dans cet ouvrage [Hommage à Gaïa, 2001], je parle souvent de l’écosystème planétaire, Gaïa, comme vivant. […] Lorsque je fais cela, je ne me cache pas que le terme "vivant" relève de la métaphore et que la Terre n’est pas vivante comme vous et moi ou même une bactérie. Dans le même temps, j’insiste sur le fait que la théorie Gaïa elle-même est véritablement de la science et non une simple métaphore. J’utilise le terme "vivant" comme un ingénieur disant qu’un système mécanique est vivant, pour distinguer son comportement lorsqu’il est mis en marche ou arrêté, ou au point mort.

Auteur: Lovelock James

Info: Les Échos, 1er mai 2007

[ réseau ] [ machine fonctionnelle ] [ binaire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

cybernétique

Aux simulacres de 3e ordre, il faut donc opposer au moins jeu égal, est-ce possible ? Y a-t-il une théorie ou une pratique subversives parce que plus aléatoires que le système lui-même ? Une subversion indéterminée, qui soit à l’ordre du code, ce que la révolution était à l’ordre de l’économie politique ? Peut-on se battre contre l’A.D.N. ? [...] La mort peut-être et elle seule, la réversibilité de la mort est d’un ordre supérieur à celui du code. Le désordre symbolique seul peut faire irruption dans le code.

Tout système qui se rapproche d’une opérationnalité parfaite est proche de sa perte. Quand le système dit "A est A" ou "deux et deux font quatre", il approche à la fois du pouvoir absolu et du ridicule total, c’est-à-dire de la subversion immédiate et probable – il suffit d’un coup de pouce pour le faire s’effondrer.

[...] la seule stratégie est catastrophique, et non pas du tout dialectique. Il faut pousser les choses à la limite, où tout naturellement elles s’inversent et s’écroulent. [...]

Contre un système hyperréaliste, la seule stratégie est pataphysique, en quelque sorte, "une science des solutions imaginaires", c’est-à-dire une science-fiction du retournement du système contre lui-même, à l’extrême limite de la simulation, d’une simulation réversible dans une hyperlogique de la destruction et de la mort. [...]

A la loi marchande de la valeur et des équivalences correspondait une dialectique de la révolution. A l’indétermination du code et à la loi structurale de la valeur ne répond plus que la réversion minutieuse de la mort.

A vrai dire, il ne reste rien sur quoi se fonder. Il ne nous reste plus que la violence théorique. La spéculation à mort, dont la seule méthode est la radicalisation de toutes les hypothèses. Même le code, le symbolique sont encore des termes simulateurs – il faudrait pouvoir les retirer un à un du discours.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 11 à 13

[ réfutation ] [ anéantissement ] [ inversion du signe ] [ absurdité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

cybernétique

Comment utiliser la puissance collective des mini-robots pour créer des motifs inspirés de la nature.
Les scientifiques ont démontré comment des essaims de robots minuscules pouvaient être programmés comme des cellules pour former des formes ensemble en s'appuyant sur les interactions avec leurs voisins.

Imaginez un avenir où des centaines ou des milliers de petits robots balayeront le terrain après une catastrophe naturelle. Imaginez-vous opéré(e) par des nano-robots qui pratiquent une chirurgie interne. Un jour une telle technologie pourrait être disponible grâce à la recherche mettant en œuvre les principes biologiques de l'auto-organisation en robotique à essaims.

Soutenus par le projet SWARM-ORGAN financé par l'UE les scientifiques ont montré comment des centaines de mini-robots pouvaient utiliser les mécanismes génétiques et cellulaires régissant la morphogénèse biologique précoce. Leurs conclusions ont été publiées récemment dans la revue "Science Robotics".

L'article explique le concept: "La morphogenèse permet à des millions de cellules de s'auto-organiser en structures complexes et prendre des formes fonctionnelles très variées pendant le développement embryonnaire. Ce processus émane des interactions locales de cellules sous le contrôle de circuits génétiques identiques dans chaque cellule, résistants au bruit intrinsèque, et capables de s'adapter à des environnements changeants." Comme indiqué dans le même article, ces attributs offrent "de véritables opportunités dans les applications robotiques en essaim allant de la construction à l'exploration".

Il conclut: "Les résultats montrent des essaims de 300 robots qui s'auto-construisent en des formes organiques et modulables, résistant aux dommages. C'est un pas vers l'émergence de la formation de formes fonctionnelles dans les essaims de robots suivant les principes de l'ingénierie morphogénétique auto-organisée."

La technologie humaine inspirée par la nature
Le Dr James Sharpe chef de l'unité Barcelonnaise du Laboratoire européen de biologie moléculaire a déclaré: "Nous montrons qu'il est possible d'appliquer les concepts naturels d'auto-organisation à la technologie humaine comme les robots."

Le communiqué de presse explique le processus: "S'inspirant de la biologie, les robots stockent des morphogènes: des molécules virtuelles qui transportent l'information structurante. Les couleurs indiquent la concentration en morphogène de chaque robot: le vert indique des valeurs morphogènes très élevées, le bleu et le violet indiquent des valeurs inférieures, et aucune couleur n'indique une absence quasi-totale du morphogène dans le robot."

Les robots transmettent ces informations à leurs voisins par messagerie infrarouge. "En cela les robots sont semblables à des cellules biologiques car eux aussi ne peuvent communiquer directement qu'avec d'autres cellules physiquement proches d'eux. ... L'essaim prend différentes formes en déplaçant les robots des zones à faible concentration en morphogène vers les zones à forte concentration en morphogène – appelées “taches de turing” ce qui conduit à la croissance de protubérances qui sortent de l'essaim." Une vidéo présente la création de différentes formes dans ces essaims. L'équipe de recherche a également montré les propriétés d'auto-guérison de ces robots qui leur permettent de s'adapter aux dommages.

Le projet SWARM-ORGAN (A theoretical framework for swarms of GRN-controlled agents which display adaptive tissue-like organisation) s'est terminé en 2016. Son objectif était "d'explorer de manière exhaustive une approche spécifique – à savoir l'utilisation des RRN (réseaux de régulation génétique) – comme méthode de contrôle potentiellement puissante pour ces systèmes" selon le site web du projet. Une équipe multidisciplinaire composée d'experts aux profils variés notamment en biologie des systèmes développementaux en informatique en robotique morphogénétique et en physique a participé au projet.

Auteur: Internet

Info: https://www.techno-science.net, 27/02/2019

[ différenciation cellulaire ]

 

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cybernétique

Pour Cédric Villani, " la superintelligence, c’est une façon de récupérer des super milliards "

A l’heure où la Silicon Valley planche sur de nouvelles formes d'IA la crème des experts français dans ce domaine – Cédric Villani, Aurélie Jean et Edouard Grave – ont clarifié ces différents concepts lors du forum Artificial Intelligence Marseille (AIM), organisé par " La Tribune ".

C'est un superlatif qui est sur toutes les lèvres des acteurs de l'industrie de l'intelligence artificielle (IA) : la " superintelligence ", promise par OpenAI. Elle pourrait émerger dans " quelques milliers de jours seulement ", estimait récemment Sam Altman, le patron de l'entreprise créatrice de ChatGPT. Le tout à l'occasion du lancement d'une nouvelle famille de modèles d'IA, dotée de capacités de raisonnement complexes et censées représenter une première étape vers des IA autonomes.

Le principe ? Les résultats s'améliorent et, à ce rythme-là, la superintelligence pourrait être atteinte rapidement, en dépassant l'intelligence humaine, décrypte l'ancien député et auteur de la stratégie nationale de l'IA, Cédric Villani. Déjà, " sur certaines tâches, les intelligences artificielles font bien mieux que les humains. C'est vrai pour un diagnostic de cancer ou de fracture, ou en jeu de go, en somme, dans toutes sortes d'activités ", pointe le mathématicien.

Cependant, si, en parlant d'intelligence, on se réfère à " un être qui a conscience d'être un être et prend une décision ", le médaillé Fields affiche son scepticisme. " Il n'est pas clair qu'on ait avancé même un pouième là-dedans ". Et de trancher : " La superintelligence, c'est une façon de récupérer des super milliards ".

Au-delà du raisonnement analytique

" Le mot 'intelligence artificielle' a été créé à une époque où l'on réduisait l'intelligence humaine à l'intelligence analytique ", abonde la docteure en algorithmique et entrepreneuse Aurélie Jean. Une vision qui ne correspond plus à celle de la psychologie et des neurosciences d'aujourd'hui, qui font état des intelligences au pluriel - émotionnelle, créative ou pratique.

Dans ces conditions, si l'intelligence générale est capable de maîtriser, modéliser et simuler l'ensemble des tâches cognitives d'un être humain, cela devrait donc inclure " le raisonnement analytique, bien entendu, mais aussi les émotions et la conscience ", déduit Aurélie Jean. Or, l'entraînement d'un algorithme reste un calcul d'optimisation, nourri avec des milliers de paramètres. Et si on peut construire un agent conversationnel qui nous dira " je t'aime " - ce n'est pas pour autant qu'il ressentira cette émotion... Ainsi, pour Aurélie Jean, il y a d'un côté les scientifiques qui ne croient pas à cette possibilité, et puis, " quelques-uns qui font du marketing et de la communication. Sam Altman en fait partie ".

Loin d'une superintelligence générale

Écho similaire de la part d'Edouard Grave, chercheur au laboratoire français Kyutai. " Des concepts telles que la conscience ou la volonté, c'est quelque chose qui, aujourd'hui, n'est pas du tout présent dans les algorithmes utilisés ". Et si certains pensent qu'à terme, des comportements d'intelligence tels qu'on l'entend pour les humains pourraient émerger, l'échelle qu'il faudrait atteindre est " délirante et probablement irréaliste ", souligne ce spécialiste.

En outre, il estime nécessaire de distinguer la superintelligence de l'IA générale. " D'une certaine manière, on a déjà des superintelligences qui sont très spécifiques, comme le go et la détection de cancers ", confirme-t-il. Quant à l'IA générale, " on a commencé à avoir des algorithmes un peu plus généraux et pas seulement spécifiques, qui, notamment, commencent à être capables de faire des tâches pour lesquelles ils n'ont pas forcément été directement entraînés ". De là à atteindre une superintelligence générale, en conséquence, une machine qui serait capable de tout faire mieux qu'un humain, " on en est effectivement assez loin ".

Une " grande diversion "

Quand bien même cela serait possible un jour, serait-ce pour autant souhaitable ? Une superintelligence serait " un gouffre énergétique phénoménal ! ", s'exclame Cédric Villani. Enfin, même en supposant que le problème énergétique soit résolu, resterait la question de la finalité. " Si quelqu'un arrive à faire une hyperintelligence, ce sera un projet pour dominer le monde ", redoute celui qui est également président de la Fondation de l'écologie politique.

Non sans humour, il imagine une mission extraterrestre en reconnaissance de ce qui se passe sur la Terre, constatant que face à une situation critique de la planète, avec un climat déréglé et des guerres, les humains construisent... des centres de données. " Il y a quelque chose qui ressemble à une très grande diversion ", ironise-t-il. Une manière, aussi, de détourner les regards des problématiques actuelles de l'IA - " son impact environnemental et sociétal, la discrimination technologique, le digital labor, de même que son effet sur la démocratie ", renchérit Aurélie Jean.

Ce qui n'empêche pas, bien au contraire, de poursuivre la recherche en matière de superintelligence. " Nous sommes à un moment unique dans l'histoire de l'humanité où nous allons être capables de redéfinir ce qu'est l'humain, une conscience, une émotion, le fait de penser et de réfléchir, grâce aussi, entre autres, à l'IA ", poursuit-elle. En collaboration avec des linguistes et des neuroscientifiques, l'enjeu est donc de pousser les limites des modèles d'IA en espérant comprendre ce que nous sommes - à la différence d'une machine.



Auteur: Internet

Info: Natasha Laporte, 18 Nov 2024

[ évolution ] [ force brute ] [ financiarisation ] [ poudre aux yeux ]

 

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cybernétique

Bio-informatique : l’ère des ordinateurs ADN approche à grands pas

Des chercheurs américains ont conçu un nouveau système capable de stocker des données dans de l’ADN pendant des millions d’années – et même de réaliser des opérations logiques pour résoudre des puzzles simples.

Des chercheurs américains de l’Université d’État de Caroline du Nord et de l’Université John Hopkins ont récemment démontré la viabilité d’une technologie capable de stocker et de traiter des données — un ordinateur, en somme. Sa particularité, c’est ce dispositif s’écarte considérablement de l’électronique conventionnelle : à la place, il est entièrement basé sur de l’ADN.

Si l’idée peut paraître saugrenue, elle part pourtant d’un constat tout ce qu’il y a de plus pragmatique : l’ADN est un support de stockage extrêmement dense et efficace. A l’échelle moléculaire, chacune des paires de bases qui composent ce polymère indispensable à la vie peut représenter deux bits, et chaque cellule en contient environ trois milliards ! Si l’on tient compte du fait que certaines de ces bases sont non codantes, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas directement impliquées dans la préservation de l’information génétique, on peut calculer que la densité de stockage théorique de l’ADN s’élève à plusieurs dizaines de millions de GB par gramme ! En d’autres termes, les êtres vivants sont de véritables data centers sur patte.

Une vieille idée difficile à exploiter

Sur la base de ces informations, de nombreux chercheurs ont donc exploré l’idée de concevoir de nouveaux supports de stockage basés entièrement sur l’ADN. Ces travaux ont commencé à produire des résultats très intéressants à partir de années 2012, quand un généticien de la prestigieuse université d’Harvard a  encodé l’équivalent de 70 000 milliards de copies de son livre dans de l’ADN.

D’autres expériences de ce genre ont également contribué à prouver la viabilité du concept — mais elles ont aussi fait émerger une autre réalité moins réjouissante, à savoir que ce support est excessivement difficile à manipuler par rapport aux supports conventionnels. Comparé à un support optique ou magnétique, comme un CD-ROM ou un SSD, par exemple, le processus qui permet de lire un brin d’ADN ou d’y encoder des données est atrocement complexe et nettement plus lent. Il faut aussi tenir compte du problème de la compatibilité ; permettre à un ordinateur d’exploiter un stockage ADN est très, très loin d’être trivial.

Pour toutes ces raisons, cette approche n’a encore jamais été mise en application à grande échelle en dehors des laboratoires de recherche. " L’informatique ADN est confrontée à de sérieux défis lorsqu’il s’agit de stocker, récupérer et traiter des données stockées sous forme d’acides nucléiques ", explique Albert Keung, co-auteur de l’étude.

" Jusqu’à présent, on pensait que même si le stockage des données ADN pouvait être utile pour le stockage de données à long terme, il serait difficile, voire impossible, de développer une technologie ADN capable de réaliser les mêmes opérations que les appareils électroniques traditionnels : le stockage et le déplacement de données, la possibilité de lire, effacer, réécrire, recharger ou traiter des fichiers de données spécifiques, et faire toutes ces choses de manière programmable et reproductible.
 "

Un nouveau support pour faciliter l’exploitation de l’ADN

Mais cela pourrait désormais changer, si l’on se fie aux travaux de son équipe. En effet, ces chercheurs ont développé un nouveau système de support microscopique qui facilite grandement l’exploitation de l’ADN en tant que support de stockage.

Nous avons créé de nouvelles structures de polymères que nous appelons les dendrocolloïdes. Elles commencent à l’échelle microscopique, puis bifurquent progressivement pour créer un réseau de fibres nanométrique où l’on peut déposer de l’ADN ", explique son co-auteur Orlin Velev dans un communiqué.

(Photo au microscope des dendrocolloïdes utilisés par les chercheurs. Les couleurs sont dues à l’ajout de substances fluorescentes qui permettent d’en visualiser la structure arborescente."

Une fois l’ensemble ainsi organisé, ce matériel est incorporé à une minuscule tuyauterie qui permet de faire circuler un liquide constitué de réactifs et d’enzymes. Ces composés permettent aux opérateurs d’interagir avec l’ADN comme le font les cellules grâce à leur machinerie interne.

Fonctionnellement, ce fluide joue le rôle du courant électrique dans un ordinateur classique. La grande différence, c’est que ce processus n’implique aucune modification directe du support de stockage. A la place, l’ADN sert seulement de référence ; pour en extraire des informations, l’équipe utilise le mécanisme de la transcription, qui permet d’extraire des informations de l’ADN pour produire des molécules d’ARN.

Dans les organismes vivants, ces fragments d’ARN (dits messagers) sont ensuite transmis au ribosome, une structure cellulaire chargée de décoder ces informations pour synthétiser des protéines. Mais dans ce cas précis, ils sont lus par un séquenceur qui en détermine la séquence d’acides nucléiques. Cette machine passe ensuite le relais à un ensemble d’algorithmes spécialisés qui convertissent la séquence ainsi transférée en données exploitables par un ordinateur, et vice-versa.

Un support de stockage incroyablement dense et durable

Au bout du processus, l’équipe a obtenu un système qui permet de réaliser les mêmes opérations qu’un ordinateur électronique conventionnel — mais avec une densité de stockage immensément plus importante. Les chercheurs ont réussi à stocker environ 10 PB par centimètre carré, soit 10 millions de GB dans le volume d’une gomme de porte-mine.

Il est aussi bien plus résilient qu’un support de stockage traditionnel, puisque l’ADN n’est jamais altéré pendant les opérations de lecture. Sur un disque dur ou un SSD, la durée de vie des données se compte en années. Mais selon les chercheurs, cette structure à base de dendrocolloïdes et d’ADN aurait une demi-vie d’environ 6000 ans à 4 °C (la température habituelle d’un frigo)… et de deux millions d’années au congélateur à -18 °C ! En théorie, cette architecture pourrait donc faire des merveilles lorsqu’il s’agit d’archiver des montagnes de données sur le long terme.

Un début d’ordinateur ADN

Enfin, le papier des chercheurs mentionne discrètement un dernier point très intéressant : en plus de stocker des données, leur système permet aussi de les exploiter. En effet, les molécules d’ARN peuvent être sélectivement modifiées grâce à des enzymes et un autre algorithme pour réaliser des opérations logiques. L’équipe explique que sa plateforme est capable de résoudre des puzzles d’échecs simplifiés (en 3×3 cases), et même de remplir des grilles de sudoku !

" Nous pouvons répliquer la plupart des fonctions que vous pouvez effectuer avec les appareils électroniques traditionnels. Nous pouvons copier les informations ADN directement à partir de la surface du matériau sans endommager l’ADN. Nous pouvons également effacer des morceaux d’ADN ciblés, puis les réécrire sur la même surface, par exemple en supprimant et en réécrivant des informations stockées sur le disque dur », énumère Kevin Lin, auteur principal du papier. Cela nous permet essentiellement de réaliser toute la gamme des fonctions de stockage et de calcul des données à partir d’ADN ", résume-t-il.

Certes, ces travaux sont encore très exploratoires. Il faudra encore patienter de longues années avant qu’un système basé sur cette preuve de concept arrive à maturité et puisse être exploité par l’industrie – sans parler du grand public. En d’autres termes, ce n’est pas demain la veille que vous pourrez conserver vos photos de famille grâce à de l’ADN.

Mais ces travaux pourraient tout de même ouvrir la voie à de nouveaux dispositifs de stockage, voire à des ordinateurs ADN en bonne et due forme. Il conviendra donc de suivre les retombées de cette étude, et plus largement, de l’évolution de cette niche technologique encore balbutiante mais déjà fascinante.



 

Auteur: Internet

Info: https://www.journaldugeek.com, Antoine Gautherie, 29 août 2024

[ tétravalence appliquée ]

 

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