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envie du pénal
La nature humaine contemporaine a horreur du vide juridique, c’est-à-dire des zones de flou où risquerait de s’infiltrer encore un peu de vie, donc d’inorganisation. Un tour d’écrou de plus chaque jour ! Projets ! Commissions ! Mises à l’étude ! Propositions ! Décisions ! Elaboration de décrets dans les cabinets ! Il faut combler le vide juridique ! Tout ce que la France compte d’associations de familles applaudit de ses pinces de crabe. Comblons ! Comblons ! Comblons encore ! Prenons des mesures ! Légiférons !
Auteur:
Muray Philippe
Années: 1945 - 2006
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: essayiste et romancier
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", page 382
[
sécurité
]
[
étatisme
]
envie du pénal
[...] la victime di[t] qu’elle "se bat", qu’elle "va se battre". Contre quoi et qui, puisque tout le monde est d’accord avec elle, que les médias lui tendent leurs micros, que le gouvernement est prêt dans la demi-heure à inventer une nouvelle loi particulière adaptée à son cas, et que les juges rendront leur verdict sous sa dictée ?
La victime est une figure post-historique dans la mesure où son "combat" est intransitivé, autonomisé, et disproportionné de toute façon par rapport au responsable, au méchant, au coupable contre lequel elle "se bat" et qui ne fera jamais le poids face à son malheur célibataire, qui ne le comblera jamais assez (d’où aussi le sentiment de "frustration" rituellement exprimé par la victime lorsqu’elle juge, au sortir d’un procès, que le jugement n’est pas assez sévère, et il ne l’est jamais). L’activisme de la victime, par définition, ne peut plus s’arrêter parce que rien ne serait suffisant pour le rassasier (il en va de même de la rébellion du rebelle, de l’iconoclastie de l’iconoclaste, de la colère des catégories de population en colère, de la dérangeance des artistes dérangeants et de tant d’autres foutaises modernitaires). Après la libération, pour résumer, plus personne ne supporte la liberté.
Auteur:
Muray Philippe
Années: 1945 - 2006
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: essayiste et romancier
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1511
[
mise en scène
]
[
culpabilité
]
[
dédouanement politique
]
[
expression
]
[
prêt-à-penser
]
envie du pénal
Si nous étions authentiquement démocrates nous nous demanderions à quelles lois nous devons obéir.
Plus nous réclamons des lois, plus nous sommes coupables, car notre besoin de lois n'est qu'une défense, une manière de tenir à distance notre désir qui nous apparaît entaché d'innommables péchés...
Le péché, c'est le manque dans l'Autre, dont résulte la castration symbolique.
Si le sujet l'assume, il devient un désirant, s'il s'y soustrait, il restera un coupable.
Le point de départ d'une éthique du sujet de l’inconscient consiste à ne pas ignorer notre jouissance, car qu'on le veuille ou non, nous en sommes intégralement responsables. La jouissance n’est pas à confondre avec le plaisir, la jouissance c’est le plaisir du déplaisir. Pour Lacan, le désir est ce qui vient border la jouissance, l’accès au désir se paie d’un sacrifice de la jouissance, qui change alors de signe et devient un bien en permettant de payer le prix de l’accès au désir: "Le désir, ce qui s'appelle le désir suffit à faire que la vie n'ait pas de sens à faire un lâche. Et quand la loi est vraiment là, le désir ne tient pas, mais c'est pour la raison que la loi et le désir refoulé sont une seule et même chose, c'est même ce que Freud a découvert." (Kant avec Sade)
La loi ne saurait se concevoir sans son envers, l'instance obscène qui bombarde le sujet de ses commandements contradictoires: le surmoi.
Arrivé à une nouvelle porte de la Loi, K découvre que derrière le masque des apparences, il n'y a rien ...rien si ce n'est une répugnante substance visqueuse de jouissance palpitant dans la monstruosité obscène de son hors-sens ; loin de la visée traditionnelle où la Loi est présentée dans sa perspective d'universelle neutralité, chez Kafka la Loi doit assumer son statut de bricolage inconsistant, pénétré de bout en bout par la jouissance...
Auteur:
Dubuis Santini Christian
Années: 196? -
Epoque – Courant religieux: récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: éditeur, directeur artistique, psychanalyste
Continent – Pays: France
Info:
Publication facebook du 13.01.2021
[
culpabilité
]
[
compensation
]