pendaison
Et il se retourna et s’en alla.
Descendant les collines il vit très clairement
Deux images dans son esprit : celle de la mort de Fawn
Avec la gorge tranchée, l’autre de lui-même qui s’était pendu,
Et il devait choisir. D’une nature honnête,
Il choisit la seconde et se pendit avec une bride en crins
Sous une poutre de la grange.
Il n’aura plus jamais à
Brailler à la recherche de la vérité, la vérité, bien qu’elle fût
venimeuse,
Ni à sentir deux mille ans d’instruction s’affaisser sous ses pieds
Comme un plancher pourri. Il ne sentira plus le vent,
Ni le goût de la pluie, ni ne verrait à nouveau la beauté suprême de l’année, cette tempête venant du sud-est
La semaine de Noël ou du Nouvel An, quand le vent s’acharne contre le toit comme un homme vertueux
Tire son épouse infidèle par les cheveux
Du lit jusqu’à la porte, et quand sous les rugissements du ciel bleu-noir l’océan
Noir enflamme tout de son écume blanche,
Et que pas un oiseau ne vole. Ferguson ne verra pas
Ces deux goélands voler au-dessus du feu d’une soirée d’avril
Sur le genou de la montagne. L’herbe fraîche et maculée de sang,
Les veaux hurlent, les hommes sont épuisés et brutaux, le whisky est bu,
Et dans le crépuscule bleuâtre deux goélands aux ailes arquées en faux
Dérivent au-dessus de la beauté rougeoyante du feu,
Raillant, et étirant leur cou : puis quelqu’un lève les yeux
Et se fend d’une étrange pensée. Ce ne sera pas Ferguson.
Auteur:
Jeffers Robinson
Années: 1887 - 1962
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, poète
Continent – Pays: Amérique - Etats-Unis
Info:
Dans "Mara ou Tu peux en vouloir au soleil", Préface, trad. de l’anglais (États-Unis) par Cédric Barnaud, éditions Unes, 2022, pages 54-55
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suicide
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mélancolie
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