Ce public de philosophes [auquel Maurice Blondel s’adresse] n’admet, après Kant, ni les preuves de l’existence de Dieu qui procèdent à partir du monde ni, à plus forte raison, les démarches de l’intelligence qui conduisent celle-ci à reconnaître le fait de la révélation et la divinité de Jésus. […] Blondel leur dit, en substance : admettons toutes vos restrictions, légitimes ou non ; admettons votre point de vue ; il reste qu’il y a en vous un vouloir, vous ne le niez pas. Eh bien, nous allons examiner ensemble jusqu’où nous conduit ce vouloir profond de l’homme, lorsqu’on le suit jusqu’au terme de sa visée constitutive. Nous allons, par cette méthode, jusqu’à Dieu, jusqu’au surnaturel chrétien, jusqu’à la nécessité d’admettre les dogmes et la pratique littérale.
La méthode, encore une fois, était originale et intéressante, si elle ne niait pas la valeur et la légitimité de l’autre méthode, objective celle-là, qui ne part pas de la volonté créatrice inscrite en l’homme, et dont il importe de déceler le contenu, mais de la réalité objective, le monde, la nature, le fait de la révélation, le fait constitué par Jésus et par l’Eglise.
Le malheur, sans doute, c’est que des admirateurs et des disciples de Blondel ont prétendu substituer la première méthode à la seconde, la méthode subjective, qui est très riche, très importante, mais qui, à la rigueur, ne prouve rien, à la méthode objective, qui part de la réalité incontestable du monde et de tout ce qu’il contient.
Le résultat […] : la voie normale de l’analyse objective est quasi disparue, et constamment disqualifiée.
Années: 1925 - 1997
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: Philosophe, helléniste, hébraïsant
Continent – Pays: Europe - France