L'Occident fondé par les Carolingiens et les Ottoniens s'est appuyé sur l'héritage de l'Antiquité gréco-romaine ainsi que sur celui du monothéisme chrétien, et de la même manière, la Chine bouddhiste ou la civilisation assyro-babylonienne n'auraient pas pu s'élever à leur hauteur sans les patrimoines cultu- rels respectifs de la Chine antique et de la société suméro-akkadienne.
Nous aussi, Européens, devrions penser à laisser aux époques et aux civilisations ultérieures un témoignage aussi intact que possible de nos expériences et de nos réalisations, en bien comme en mal, et à leur assurer ainsi une certaine pérennité.
Et troisièmement, ce qui me semble le plus important, c'est que le déclin dramatique du christianisme européen rappelle, à tous ceux qui ont des yeux pour voir, l'importance de la transcendance. Plus le christianisme authentique est diffamé, combattu et persécuté, et plus la doctrine pure réapparaît clairement, détournant l'attention des derniers Européens de la simple lutte politique ou sociale pour la diriger sur ce qui constitue la véritable richesse de l'histoire européenne : le rattachement constant de l'individu au vrai, au bien et au beau, dont il participe par son âme immortelle et dont la cultivation devrait être son devoir suprême, totalement indépendant du déclin de sa propre civilisation. Car oui, le christianisme occidental est pour nous, Européens, le principal et probablement le seul accès réel à la transcendance, et tout ce qui mérite d'être effectivement conservé dans notre identité se définit par son degré d'attachement véritable à cette transcendance.
Années: 1979 -
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: historien
Continent – Pays: Europe - Belgique