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solitude

Des habitudes, il en faut. C’est la seule compagnie que l’on ait.

Auteur: Pavèse Césare

Info: Dans "Avant que le coq chante", La prison, trad. Nino Frank, éd. Gallilmard, 1953, page 150

[ temps ] [ familiarité ] [ routine ] [ réconfort ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

snob

L'amitié devrait être un plaisir privé, pas une vanité publique. Je déteste ces Tartarins qui essayent toujours de s'investir d'importance en appelant les personnes importantes par leurs prénoms où que ce soit. Cette manière d'user du prénom pour cet effet me fait partir en courant.

Auteur: Brown John Mason

Info:

[ proximité ] [ familiarité ] [ tutoyer ]

 

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rapports humains

[...] à l'origine, [le tutoiement] doit traduire une intimité confiante, mais si les gens qui se tutoient ne sont pas intimes, il prend subitement une signification opposée, il est l'expression de la grossièreté, de sorte que le monde où le tutoiement est d'usage commun n'est pas un monde d'amitié générale, mais un monde d'omniprésent irrespect.

Auteur: Kundera Milan

Info: La plaisanterie, p.58, Folio no638

[ familiarité ] [ insolence ]

 

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sacré-profane

La messe accomplit des mystères ineffables qu’aucun homme ne peut comprendre parfaitement. Ce caractère mystérieux trouve son expression dans l’emploi d’une langue mystérieuse, qui n’est pas immédiatement comprise par tous. [...]

La langue vernaculaire, au contraire, donne l’impression superficielle d’une compréhension qui, en réalité, n’existe pas. Les gens s’imaginent comprendre la messe, parce qu’elle est célébrée dans leur langue maternelle. En fait, ils ne savent généralement rien de l’essence du saint sacrifice.

Auteur: Gaudron Matthias

Info: Dans "Catéchisme catholique de la crise dans l'Église", éditions du Sel, 2014, page 203

[ cérémonie chrétienne ] [ familiarité trompeuse ] [ rite ] [ latin ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

voyage

D'accord, Plaisance (*) n'est pas Singapour ; les différences sont nombreuses et non négligeables. Toutefois, tandis que, dans l'omnibus fatigué, je traversais l'après-midi de plus en plus nocturne, et transitais par des lieux inconnus, probablement pseudonymes, comme Alexandrie et Broni (*), je ne pouvais pas ne pas éprouver une impression d'inconnu, d'exotique, d'étranger. Je m'étais déjà trouvé à Plaisance, en un temps reculé, dans des aubes inhospitalières, lorsque j'enseignais des choses fausses dans une école de cette province ; et, de nombreuses années plus tard, j'y étais revenu à la recherche de quelque trace de Wiligelmo (**) sur l'abside de la cathédrale. Mais il y avait un point fondamental, une extranéité jamais surmontée : à Plaisance, je n'avais jamais mangé. Or une ville dans laquelle on ne fait pas l'expérience de la nourriture est, comment dire ? un mariage non consommé. On n'est pas apparenté ; si l'on se croise, on ne se salue même pas. Cette fois-ci, j'allais vraiment à Plaisance, j'allais y manger et y dormir. Cette perspective était excitante.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: "Italies excentriques", éd. Le Promeneur, p.15 - (*) Piacenza, Alessandria et Broni : villes italiennes ; (**) Wiligelmo : sculpteur italien du 12e siècle

[ nouveauté ] [ comparaison ] [ souvenirs ] [ absence de familiarité ] [ repas ] [ ancrage ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

habitudes

La routine est le seul style de vie à ma portée. Par routine, j’entends un petit répertoire d’activités tranquilles, les unes agréables les autres obligatoires. Le secret, pour leur conférer l’apparence du bonheur, est de rendre les contraintes plaisantes et d’éviter que les plaisirs ne deviennent contraignants — car si on a tout à gagner à joindre le plaisir aux premières, on perd beaucoup à mettre de l’obligation dans les seconds. En somme, la routine à laquelle je me plie ressemble à cette sagesse petite-bourgeoise prônée par Montaigne visant une existence "sans miracle ni extravagance". Rien n’égale en charme, à mes yeux, le train paisible de l’amour, de l’écriture, de la lecture et autres agréments, auquel je me laisse aller sans réserve ni vergogne. — Mais alors, me dira-t-on, que faites-vous de l’aventure ? De la lutte ? Hélas ! L’une demande une curiosité et l’autre une vitalité que je n’ai pas. Les chasseurs de nouveaux horizons me rasent. Les rebelles me lassent. La vraie vie est ailleurs ? Qu’ils y aillent. Mon utopie est ici, entre la plage, ma chambre, ma bibliothèque. Et c’est un territoire que je défendrai manu militari.

Auteur: Schiffter Frédéric

Info: Journées perdues

[ éloge ] [ familiarité des jours ] [ simplicité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

quête intellectuelle

Le calme et le silence nécessaires au savant ont je ne sais quoi de doux, d’enivrant comme l’amour. L’exercice de la pensée, la recherche des idées, les contemplations tranquilles de la science nous prodiguent d’ineffables délices, indescriptibles comme tout ce qui participe de l’intelligence, dont les phénomènes sont invisibles à nos sens extérieurs. Aussi sommes-nous toujours forcés d’expliquer les mystères de l’esprit par des comparaisons matérielles. Le plaisir de nager dans un lac d’eau pure, au milieu des rochers, des bois et des fleurs, seul et caressé par une brise tiède, donnerait aux ignorants une bien faible image du bonheur que j’éprouvais quand mon âme était baignée dans les lueurs de je ne sais quelle lumière, quand j’écoutais les voix terribles et confuses de l’inspiration, quand d’une source inconnue les images ruisselaient dans mon cerveau palpitant. Voir une idée qui pointe dans le champ des abstractions humaines comme le lever du soleil au matin et s’élève comme lui, qui, mieux encore, grandit comme un enfant, arrive à la puberté, se fait lentement virile, est une joie supérieure aux autres joies terrestres, ou plutôt c’est un divin plaisir. L’étude prête une sorte de magie à tout ce qui nous environne. Le bureau chétif sur lequel j’écrivais, et la basane brune qui le couvrait, mon piano, mon lit, mon fauteuil, les bizarreries de mon papier de tenture, mes meubles, toutes ces choses s’animèrent, et devinrent pour moi d’humbles amis, les complices silencieux de mon avenir. Combien de fois ne leur ai-je pas communiqué mon âme, en les regardant ?

Auteur: Balzac Honoré de

Info: Dans "La peau de chagrin", Librairie générale française, 1984, pages 132-133

[ travail ] [ rêverie ] [ familiarité des choses ] [ exaltation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson