oubli de soi
De Moi-même – me bannir -
Si j’en avais l’Art -
Imprenable ma forteresse
De Tout Cœur -
Mais puisque moi-même – je M’agresse -
Sauf en soumettant
La Conscience
Et puisque Nous sommes notre Monarque mutuel
Comment cela est-il possible
Excepté par Abdication -
par Moi – de Moi-même ?
Auteur:
Dickinson Emily
Années: 1830 - 1886
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: F
Profession et précisions: poétesse
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
[
ego
]
[
poème
]
[
introspectif
]
autoportrait
Je déteste la solitude, mais l'intimité m'effraie. La substance de ma vie consiste en mon propre monologue intérieur qui s'il devait se transformer en dialogue pourrait être synonyme d'autodestruction. La compagnie dont j'ai besoin est de celle qu'on trouve au bistrot ou au pub. Je n'ai jamais souhaité de communion des âmes. Se dire la vérité à soi-même est déjà suffisamment difficile.
Auteur:
Murdoch Iris
Années: 1919 - 1999
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: romancière, moraliste et philosophe
Continent – Pays: Europe - Angleterre
Info:
Under the Net
[
introspectif
]
femmes-hommes
Moi mes couilles sont tête en l'air, et ont un coeur d'artichaut, Et quand mon coeur perd la tête, mes couilles restent bien au chaud. Et si ma tête part en couille, pour mon coeur c'est la défaite, J'connais cette histoire par coeur, elle n'a ni queue ni tête. Moi les femmes j'les crains, autant qu'je suis fou d'elles, Vous comprenez maintenant pourquoi chez moi c'est un sacré bordel, J'ai pas trouvé la solution, ça fait un moment qu'je fouille, Je resterai sous l'contrôle de ma tête, mon coeur, et mes couilles.
Auteur:
Marsaud Fabien Grand corps malade
Années: 1977 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: poète
Continent – Pays: Europe - France
Info:
[
hommes-par-hommes
]
[
Introspectif
]
femmes-hommes
Paul Lacroix me confirme dans la confidence que m'avait faite Gavarni, sur l'économie que Balzac apportait dans la dépense de son sperme. La petite oie et l'amusette de l'amour jusqu'à l'éjaculation, très bien ! Mais jusqu'à l'éjaculation seulement ! Le sperme était pour lui une émission de pure substance cérébrale et comme une filtration, une perte, par la verge, d'une création ; et je ne sais à l'occasion de quel mauvais coup, pour lequel il avait oublié ses théories, il arriva chez Latouche en s'écriant : "J'ai perdu un livre ce matin !"
Auteur:
Goncourt Edmond et Jules de
Années: 1822 - 1896 1830 - 1870
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Journal, t.2, Robert Laffont, Bouquins 1989<30 mars 1875, p.639>
[
Introspectif
]
[
orgasme
]
[
anecdote
]
[
homme-par-homme
]
autoportrait
Je suis probablement ce qu’on appelle un décadent, et il doit exister en moi (comme définition extérieure de mon esprit) de ces scintillations tristes, d’une étrangeté postiche, qui cristallisent en mots imprévus une âme exotique et véhémente. Je sens que je suis ainsi fait, et que je suis absurde. C’est pourquoi je tente, pour imiter une hypothèse des auteurs classiques, de figurer tout au moins, par le biais d’une mathématiques expressive, les sensations décoratives de mon âme de remplacement. Il arrive un moment, au cours de mes méditations écrites, où je ne sais plus bien où se trouve le centre de mon attention - dans les sensations éparses que j’essaye de décrire, telles des tapisseries inconnues, ou bien dans les mots au milieu desquels, en voulant décrire ma description elle-même, je finis par m’embrouiller, m’égarer et voir d’autres choses par-delà. Je sens se former en moi des associations d’idées, de mots et d’images - tout cela de façon lucide et diffuse en même temps -, et je dis tout autant ce que j’éprouve que ce que je crois éprouver ; je ne distingue plus ce que mon âme me suggère des images qui fleurissent sur le sol où elle les a laissé choir ; je ne discerne même plus si le son d’un mot barbare, ou le rythme d’une phrase intercalée, ne m’éloignent pas du sujet déjà bien défini, de la sensation engrangée, et ne me dispensent pas ainsi de penser et de dire, comme des grands voyages faits pour me distraire. Et tout cela qui, avec la répétition, devrait me donner une impression de futilité, d’échec, de souffrance enfin, ne réussit qu’à me donner des ailes dorées. Dès que je me mets à parler d’images - et peut-être parce que j’allais en condamner l’abus -, voilà que naissent en moi d’autres images ; dès que je me dresse en moi-même pour refuser ce que je n’éprouve pas, me voilà précisément en train de l’éprouver, et mon refus lui-même devient une impression tout ornée de broderies ; lorsque, ayant finalement perdu confiance en mes efforts, je veux me laisser aller aux voies de traverse, voici qu’un terme bien classique, un adjectif spatial et sobre, me font voir clairement devant moi, avec l’éclat d’un rayon de soleil, la page écrite somnolentement, et les lettres nées de l’encre de ma plume sont alors une carte absurde aux signes magiques. Et je me dépose en même temps que ma plume, et je m’enveloppe dans la longue cape de l’inertie, adossé à mon siège, épars, lointain, intervallaire et succube, final comme un naufragé se noyant en vue d’îles merveilleuses, au sein même de ces mers dorées de mauve dont, sur des couches lointaines, il avait véritablement rêvé.
Auteur:
Pessoa Fernando (Alv. de Campos)
Années: 1888 - 1935
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Portugal
Info:
Le livre de l'intranquillité
[
introspectif
]
[
langage
]
[
onirisme
]