apparence
Parce que j’avais tout du loqueteux, les femmes qui me croisaient me jetaient un regard de mépris alors qu’elles auraient couché avec n’importe quel gros porc pourvu qu’il possédât une écurie de chevaux de courses ou des boutiques de prêteur sur gages. Je déambulais ainsi dans des rues noires de cadavres qui remuaient leurs jambes, qui parlaient, qui avaient un nom et qui tiraient fierté de leur réussite.
Auteur:
Bukowski Charles
Années: 1920 - 1994
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
Un carnet taché de vin
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codes vestimentaires
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inversion
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femmes-hommes
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public-privé
Dedans, on se tutoie. Dehors, on se vouvoie. Dedans, on s'appelle par nos prénoms. Dehors, par nos noms. Dedans on s'habille de telle façon, dehors de telle autre. (Il est rare qu'on aille faire son marché en pyjama et en pantoufles, ou en sous-vêtements. Alexandre, qui s'y connaît, m'écrivait, en P.-S. à une lettre qu'il m'adressait : "17h30, il faut que j'aille poster l'article ; avant, il faut que je mette des culottes." Il faut toujours mettre des culottes avant d'aller à la poste.)
Auteur:
Hocquard Emmanuel
Années: 1940 - 2019
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: Ecrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
In "Le Cours de Pise", éd. P.O.L, p. 183
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codes vestimentaires
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conventions sociales
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distinctions
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humour
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simulacre
Je me souviens avoir entendu le grand poète espagnol Rafael Alberti à une lecture. J'étais très jeune et il me parut donc très vieux, avec ses cheveux blancs qui lui tombaient sur les épaules et son costume blanc. J'étais choquée aussi de le voir accompagné par une femme qui ne semblait pas beaucoup plus âgée que moi ; elle portait une jupe si courte qu'on pouvait voir sa culotte quand elle marchait, et des bottes blanches en plastique, des "go-go" comme on les appelait. Je me rappelle que l'un d'eux portait une cage à oiseaux, blanche, avec une colombe blanche à l'intérieur, mais à vrai dire, il est possible que j'aie inventé ce détail, au cours des années, peut-être pour accentuer en moi l'impression que j'avais eue, et qui subsiste : que c'était la lecture poétique la plus étrange à laquelle j'aie assisté. Alberti lisait ses poèmes en espagnol et son traducteur américain, Ben Bellit, les lisait en anglais. Ben était sobre, timide, d'allure assez conventionnelle ; il portait une veste en tweed et une cravate. Alberti donna à Ben un pistolet jouet, ce qu'on appelait un pistolet à pétard, un jouet qui pouvait faire beaucoup de bruit, et il a dit à Ben de se tirer dans la tête à chaque fois que lui, Alberti, lui ferait signe, et c'est exactement ce qui se passa : Alberti lisait en espagnol, s'arrêtait, regardait Ben, et Ben, non sans réticence, se tirait dans la tête. Mais quand Ben lisait des poèmes, Alberti tenait le pistolet, et de temps en temps il se tirait dans la tête avec un réel entrain. Il me semble que c'était une grande leçon de traduction.
Auteur:
Ruefle Mary
Années: 1952 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: Poétesse
Continent – Pays: Amérique du Nord - USA
Info:
In "Madness, rack, and honey", éd. Wave Books, p. 235 - ma traduction
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inculpation
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passeur
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mémoire
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codes vestimentaires
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spectacle littéraire
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