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portrait

Ses farouches sourcils broussailleux, ses yeux perçants lui donnent un air d’incontestable majesté. Personne ne se risquerait à l’aborder de but en blanc, à se gausser de lui. Mais c’est une âme très bonne, le plus délicat des hommes et un authentique aristocrate par ses manières et par l’élégance particulière de son expression. Et avec quel raffinement et quelle maîtrise il parle les langues étrangères ! Comme il est prévenant, magnanime et simple dans ses relations avec tous ! Quelle vitalité, quelle passion il y a dans cet ermite ! Jamais encore je n’avais rencontré d’homme au rire si communicatif.

Auteur: Répine Ilia

Info: A propos de Léon Tolstoï dans "Souvenirs de mes échanges avec Léon Tolstoï", dans "Lettres à Tolstoï et à sa famille", trad. Laure Troubetzkoy, éditions Vendémiaire, 2021, page 195

[ physique ] [ psychologique ] [ description ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

vieillesse

Avec le faible sourire du malheur, elle considérait la valise qu'elle venait de remplir au hasard, comme en rêve, la même avec laquelle elle était partie le rejoindre à Paris, trois ans auparavant, au début de leur liaison, partie avec tant de joie. Allons, debout, fermer la valise maintenant. Elle n'y parvint pas, eut de petits sanglots impuissants de malade, s'assit sur la valise pour la boucler. Lorsqu'elle y réussit, elle n'eut pas la force de se lever, resta assise, mains pendantes. Apercevant une déchirure au bas gauche, elle haussa les épaules. Tant pis, pas le courage.

Devant cette vieille dans la glace, cette vieille Isolde qu'on avait voulu garder par pitié mais qu'on ne touchait plus, elle fit une grimace, déboutonna le haut de sa robe, tira sur le soutien-gorge dont les bretelles craquèrent. Eh oui, usés les pauvres. Elle se reput de leur relâchement, appuya les mains sur eux pour en accentuer la chute. Eh oui, moins fermes et c'était fini. Ils avaient baissé de trois ou quatre centimètres, fini, plus d'amour. Ramollis, plus d'amour. Elle ôta ses mains pour s'assurer de leur déchéance, remua son torse pour les voir s'en aller de part et d'autre, s'en amusa de désespoir. Tous les soirs pendant des années elle l'avait attendu, sans savoir s'il viendrait, tous les soirs habillée pour lui, sans savoir s'il viendrait, tous les soirs la villa impeccable pour lui, sans savoir s'il viendrait, tous les soirs à la fenêtre l'avoir attendu, sans savoir s'il viendrait. Et voilà, fini maintenant. Et pourquoi ? Parce que ces deux bourses en haut étaient moins enflées que celles de cette femme. Et lorsqu'il avait été malade, les nuits passées à le veiller, couchée par terre, sur le tapis, tout près du lit. Saurait-elle le soigner, l'autre ? Lui téléphoner, à cette femme, l'avertir de cette allergie au pyramidon et à l'antipyrin? Tant pis, qu'ils se débrouillent. Bien sûr, il avait de la tendresse pour elle, il faisait de son mieux les rares fois où il venait, il la complimentait de son élégance, s'intéressait à ses robes, lui parlait de ses beaux yeux. Toutes les vieilles avaient de beaux yeux, c'était leur spécialité. De temps à autre, des baisers sur la joue ou même sur l'épaule, à travers la robe. Une étoffe, ce n'était pas dégoûtant. Des baisers pour vieilles. Des caresses pour vieilles. En somme, elle le dégoûtait. Pauvre, si gêné lorsqu'il lui avait bien fallu avouer cette autre, si triste de lui faire mal. Triste, mais de vrais baisers le soir même, à l'autre.

De nouveau, devant la glace, elle remua ses seins. Hop à droite, hop à gauche ! Balancez-vous, vieillards ! Née trop tôt, voilà. Trop pressé, son père. Et puis les poches sous les yeux, la peau flasque sous le menton, les cheveux secs, la cellulite, et toutes les autres preuves de la bonté de Dieu. Elle reboutonna le haut de la robe, se rassit sur la valise, sourit à la fillette qu'elle avait été, sans cellulite, toute neuve, un peu peureuse, effrayée par une image d'un livre de prix, un nègre qui guettait derrière un arbre. Le soir, dans son petit lit, lorsqu’elle arrivait au nègre, elle fermait les yeux et tournait vite la page. Elle ne savait pas, la petite fille, ce qui l’attendait. En somme, ce qui lui arrivait maintenant avait existé d’avance, l’attendait dans le futur.

De ses deux mains en coupe, elle souleva ses seins. Voilà, ils étaient ainsi autrefois. Elle les laissa retomber, leur sourit. Les pauvres, murmura-t-elle. Le stylo qu'elle lui avait donné, il s'en servirait pour écrire à cette femme. Ariane mon unique. Bien sûr, son unique puisque glandes mammaires en bon état. Ton tour viendra, ma petite. Saleté de vieux corps, elle en était dégoutée aussi. Au cimetière, dans un trou, ce vieux dégoutant ! Sale vieille, dit-elle à la glace, pourquoi est-ce que tu es vieille, dis, sale vieille ? Tes cheveux teints ne trompent personne ! Elle se moucha, éprouva une sorte de satisfaction à se regarder dans la glace, déshonorée, assise sur une valise, en train de se moucher. Allons, se lever, faire des gestes de vie, téléphoner. 

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, pages 524-526

[ départ ] [ enlaidissement ] [ indésirable ] [ dépréciation ] [ désamour ] [ rejetée ] [ rivalité féminine ] [ description physique ]

 

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