pensée-de-femme
- Mes délires féministes ? Mes délires féministes ! Mais qu'est-ce que c'est au juste pour vous un délire féministe ? Faire en sorte qu'on n'avorte plus dans la clandestinité ? A grands coups d'aspirations qui arrachent tout au passage, qui font du ventre des femmes un vrai champ de bataille d'où il ne ressortira peut-être plus rien ? C'est ça pour vous, un délire féministe ? Etre abandonnée à son sort, se faire insulter, être une paria parce qu'on a choisi de ne pas avoir un enfant qu'on n'a ni voulu ni désiré ? C'est un délire féministe que de ne plus vouloir se faire torturer les tripes sur une table de cuisine, toute seule parce qu'on sait que ceux qu'on aime le plus ne comprendraient pas ? C'est un délire féministe que de vouloir être libre ? C'est ça que vous pensez ?
Auteur:
Icart Anne
Années: 1968 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Ce que je peux te dire d'elles
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interruption de grossesse
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IVG
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maman-enfant
Je me suis assise dans le studio et j’ai parlé à mon enfant.
J’ai dit à mon enfant qu’il devrait se réjouir de ne pas être lâché dans ce monde où même les plus grandes joies sont teintées de souffrance, où nous sommes les esclaves des forces matérielles. Il a remué et m’a donné un coup de pied. Si plein d’énergie mon enfant, mon enfant à demi créé que je vais renvoyer au néant.
Renvoyer à l’obscurité, à l’inconscience, et au paradis du non-être.
Je t’ai connu ; j’ai vécu avec toi. Tu n’es que l’avenir. Tu es l’abdication.
Je vis au présent, avec des hommes qui sont plus près de la mort. Je veux des hommes, et non une future extension de moi-même, comme une branche. Mon tout petit, pas encore né, il fait très sombre dans la pièce où nous sommes assis tous les deux, certainement aussi sombre qu’à l’intérieur de moi où tu te trouves, mais il doit être plus doux pour toi de reposer dans ma chaleur que pour moi de rechercher dans cette pièce sombre la joie de ne pas savoir, de ne pas sentir de ne pas voir, la joie de rester calmement allongée dans cette chaleur et cette obscurité. Nous tous, à jamais condamnés à rechercher cette chaleur et cette obscurité, cette vie sans souffrance, cette vie sans angoisse, sans peur et sans solitude. Tu es impatient de vivre ; tu frappes de tes petits pieds, mon tout petit, pas encore né ; tu dois mourir.
Tu dois mourir avant de connaître la lumière, la souffrance et le froid. Tu dois mourir dans la chaleur et l’obscurité. Tu dois mourir parce que tu es sans père.
Auteur:
Nin Anaïs
Années: 1903 - 1977
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: F
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: France - Usa
Info:
Journal, 1932-1934. Agée de 30 ans, elle a décidé d'avorter
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interruption de grossesse
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IVG
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