illusion du contrôle
"Donner vie" à un enfant fabriqué, à l’inverse de "donner la vie", est un abus de pouvoir. Si mon concepteur choisit mes caractères génétiques selon son propre désir, il détermine en partie ma personne physique et ma personnalité morale et devient pour moi la figure du destin. D’autant plus que je suis censé être en dette envers lui pour ses choix, forcément les meilleurs pour moi. Y compris s’il m’a programmé sourd (ou nain) pour lui ressembler, à l’image de ce couple de lesbiennes canadiennes qui a utilisé le sperme d’un ami sourd congénital pour produire deux enfants également sourds (les banques de sperme refusant les gamètes des handicapés). D’où les relations despotiques entre programmeur et programmé : des liens de subordination implacables.
Certes nous dépendons d’autrui pour devenir un humain, un animal social, dans un monde façonné par d’autres avant nous. Mais tout homme reçoit sa liberté d’action avec sa naissance. L’humanité renaît avec chaque homme. Par le seul fait de sa naissance, chacun peut créer un "commencement" (Arendt), c’est-à-dire agir en étant davantage que le produit d’une socialisation.
En éliminant le hasard, le design de l’enfant détruit les fondements de cette liberté. Mais pour les transhumanistes ennemis de l’imprévu, la liberté est un choix de consommateur entre des modèles plus ou moins interchangeables, en libre-service, et garantis sur facture.
Auteur:
PMO Pièces et main-d'oeuvre
Années: 20??
Epoque – Courant religieux: postmodernité
Sexe: R
Profession et précisions: groupe anti industriel, critique radical du progrès techno. De Grenoble
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Alertez les bébés ! ", éditions Service compris, 2020, pages 54-55
[
pseudo-démiurge
]
[
procréation médicalement assistée
]