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boucs émissaires

Ces gens qui suivaient Elohim avaient tous leur Helen, leur Andrea Doria, tous possédaient un démon qu’ils avaient besoin d’accuser. Ils formaient un groupe de soutien pour ceux à qui on avait fait du tort. Comme l’homme dont le frère jumeau avait été tué lors d’un hold-up dans une station-service par un Noir portant un masque de ski noir. Il y avait le père dont la fille avait été transformée en légume par un conducteur bourré qui était bourré, noir, et vraiment très bourré. Et une femme, violée alors qu’elle sortait d’un bar de Toledo. Trois violeurs, une seule couleur de peau. Noire. Noire. Noire.

C’était cette couleur qui réunissait Elohim et son groupe. C’était la couleur de leur démon, et il fallait que leur démon ait une couleur pour qu’ils puissent le retrouver.

Auteur: McDaniel Tiffany

Info: L'été où tout a fondu

[ racisme ] [ cible consensus ] [ objectif rassembleur ]

 

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idiome

C’était bien plus que cela. Au-delà des frontières établies de façon artificielle par des hommes, il restait quelque chose de plus fondamental : une terre qui ne se préoccupait que très rarement des échelles supérieures de la géopolitique, et que personne, pas même des autocrates, ne pourrait enlever.

Il n'y avait qu'à voir comment une culture bafouée dormait en chacun des êtres, attendant d'être délivrée de son supplice et libre au grand jour. Dans chaque foyer, alors que la langue ukrainienne avait été interdite, on s’échangeait des histoires de cosaques, on riait en ukrainien, on rêvait en ukrainien.

L'autre langue était celle de l'administration, l'officielle. On gardait l'officieuse pour les échanges importants, nos joies, l'intime.

On faisait l'amour en ukrainien. Quand une langue permet à deux êtres de s’aimer, toutes celles qui n'ont pas reçu ce rôle peuvent s'en aller un jour.

Auteur: Koszelyk Alexandra

Info: L'Archiviste

[ rassembleur ] [ refuge ] [ communautaire ]

 

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