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classes sociales
Quand on dit le peuple, aujourd’hui, on fait de la littérature électorale, politique, parlementaire.
Il n’y a plus de peuple.
Tout le monde est bourgeois.
Puisque tout le monde lit son journal.
Le peu qui restait de l’ancienne ou plutôt des anciennes aristocraties est devenu une basse bourgeoisie.
L’ancienne aristocratie est devenue comme les autres une bourgeoisie d’argent.
L’ancienne bourgeoisie est devenue une basse bourgeoisie, une bourgeoisie d’argent.
Quant aux ouvriers ils n’ont plus qu’une idée, c’est de devenir des bourgeois.
C’est même ce qu’ils nomment devenir socialistes.
Il n’y a guère que les paysans qui soient restés profondément paysans.
Auteur:
Péguy Charles
Années: 1873 - 1914
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
L'argent
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rêve démocratique d'enrichissement
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indifférenciation
]
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société marchande
]
dictature technologique
Grenopolis, mère de toutes les technopoles, devient une smart city à vitesse accélérée sous la direction des Verts, au nom d’une gestion rationnelle des ressources résiduelles : c’est l’écocitoyenneté assistée par ordinateur. Les Smartiens grenoblois paient le bus avec leur smartphone, jettent leurs déchets dans des poubelles pucées et emprunteront bientôt des livres pucés à la bibliothèque ; ils sont filmés et "captés" sur la voie de covoiturage pour s’assurer qu’ils ne roulent pas seuls dans leur voiture. Leur domicile est équipé de compteurs de fluides connectés (pas le banal Linky, mais les mouchards "encore plus intelligents" (sic) des distributeurs locaux). Mère-Machine capte, analyse et anticipe leurs habitudes et leurs besoins ; elle s’occupe de tout. Seule la machinerie cybernétique peut piloter efficacement les flux et les stocks toujours plus nombreux de marchandises, de populations, de véhicules, en éliminant l’erreur humaine. Destruction de la nature et de la liberté. Ce n’est pas le futur, mais notre présent ici, à Grenopolis.
Auteur:
PMO Pièces et main-d'oeuvre
Années: 20??
Epoque – Courant religieux: postmodernité
Sexe: R
Profession et précisions: groupe anti industriel, critique radical du progrès techno. De Grenoble
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Grenoble, le laboratoire vert http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/grenoble_laboratoire_vert_entretien_avec_limite_.pdf
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écologie marchande
]
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société de contrainte
]
sécularisation
Le Seigneur à l’heure actuelle montre aux hommes combien ils se trompent en voulant se passer de Lui, en mettant leur fin dernière dans la jouissance terrestre, en renversant l’échelle des valeurs, ou, comme on disait autrefois, la subordination des fins. On veut alors dans l'ordre matériel de la jouissance sensible produire le plus possible ; on croit compenser ainsi par le nombre la pauvreté des biens terrestres ; on construit des machines toujours plus perfectionnées pour produire toujours plus et mieux et avoir un plus grand profit ; c’est là le but dernier. Que s’ensuit-il ? Cette surproduction ne peut s’écouler, elle devient inutilisable et elle nous tue en conduisant au chômage actuel, où l’ouvrier sans travail est dans l’indigence, tandis que d’autres meurent de pléthore. C’est une crise, dit-on ; en réalité, c’est plus qu’une crise, c’est un état général, et qui devrait être révélateur, si nous avions des yeux pour voir, comme dit l ’Évangile : on a mis la fin dernière de l ’activité humaine là où elle n ’est pas, non en Dieu, mais dans la jouissance d ’ici-bas.
Auteur:
Garrigou-Lagrange Réginald
Années: 1877 - 1964
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: théologien dominicain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Les trois conversions et les trois voies", Les éditions du Cerf, 1933, pages 5-6
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société marchande
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conséquences
]
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souffrances
]
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impasse matérialiste
]
idéal immanent
Il y a une dizaine d’années, je rendis visite dans un hôpital californien à un malade sans espoir de guérison.
A mon "how are you?”, il répondit par un geste qui ne semblait pas englober sa seule chambre mais l’humanité tout entière et me murmura quelque chose comme : "Nous ne savons pas grand-chose, aucun de nous." Alors que je lui demandai ce qu’il voulait dire, il haussa d’abord les épaules, comme si la réponse allait de soi, puis il me répondit en me posant à son tour une question : "Well... can they preserve us ?" ("Peuvent-ils nous conserver ?") Le pronom "they" renvoyait aux médecins ; quant au terme de "preserves", il sert à désigner des "fruits en conserve". Il voulait dire : "Peuvent-ils nous mettre en conserve ?"
Je répondis par la négative.
"And spare men they haven’t got either ?“ (“Et des hommes de rechange, ils n’en ont pas non plus ?"), dit-il ensuite.
"Spare men ?" ("Des hommes de rechange ?"), demandai-je intrigué.
"Well, don’t we have spare things for everything ?” (“N’avons-nous pas des pièces de rechange pour tout ?") poursuivit-il.
Je compris enfin. Il avait forgé l’expression "spare men", hommes de rechange, sur le modèle de "spare bulb", ampoule de rechange, ou de "spare wheel", roue de secours. Il voulait dire : "Et des hommes de rechange, ils n’en ont pas en stock pour nous ?" Une nouvelle ampoule électrique, pour ains dire, qu’il suffirait de visser à sa place lorsqu’il s’éteindrait.
Ses dernières paroles furent : "Isn’t it a shame ?" ("N’est-ce pas une honte ?")
L’infériorité dont il souffrait était donc double : d’abord on ne pouvait pas le conserver comme un fruit ; ensuite on ne pouvait pas le remplacer comme une ampoule ; il était tout simplement un exemplaire unique et périssable. La honte était indéniable.
Auteur:
Anders Günther Stern
Années: 1902 - 1992
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain et philosophe de la culture
Continent – Pays: Europe - Autriche
Info:
Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, pages 71-72
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société marchande
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rêve d'immortalité
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jalousie
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intrinsèque singularité
]
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désir d'auto-réification
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signifiants
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fausse alternative
"Les condamnés à mort peuvent décider librement s’ils veulent, pour leur dernier repas, que les haricots leur soient servis sucrés ou salés."
(Extrait d’un article paru dans la presse)
Puisqu’on a déjà tranché au-dessus de leurs têtes.
Nous aussi, nous pouvons décider de nous faire servir comme plat du jour l’explosion d’une bombe ou bien une course de bobsleigh. Parce que au-dessus de nos têtes, à nous qui opérons ce libre choix, avant même notre libre choix, on a déjà tranché. On a déjà décidé que c’est en tant que consommateurs de radio ou de télévision que nous devons opérer ce choix : en tant qu’êtres condamnés, au lieu de faire l’expérience du monde, à se contenter de ses fantômes ; en tant qu’êtres qui, au fond, ne souhaitent plus rien, pas même une nouvelle liberté de choix qu’ils ne sont d’ailleurs sans doute même plus capables de se représenter.
Le jour où j’exprimai ces idées lors d’un colloque consacré à la culture, on m’interrompit pour me dire qu’après tout on était toujours libre d’éteindre son appareil et même de ne pas en acheter ; on était toujours libre de se tourner vers le "monde réel" et seulement vers lui. Ce que je contestai. Parce que en réalité, on n’a pas moins tranché au-dessus de la tête des grévistes que des consommateurs : que nous jouions le jeu ou pas, nous le jouons, parce qu’on joue avec nous. Quoi que nous fassions ou que nous nous abstenions de faire, notre grève privée n’y change rien, parce que nous vivons désormais dans une humanité pour laquelle le "monde" et l’expérience du monde ont perdu toute valeur : rien désormais n’a d’intérêt, si ce n’est le fantôme du monde et la consommation de ce fantôme. [...]
Affirmer qu’ "on" aurait la liberté de posséder ou non ces sortes d’appareils, de les utiliser ou non, est naturellement une pure illusion. Ce n’est pas en se contentant de rappeler aimablement qu’il faut tenir compte de la "liberté humaine" que l’on viendra à bout du fait qu’on nous pousse à la consommation. Que, dans le pays où la liberté de l’individu s’écrit en lettres majuscules, on désigne certaines marchandises comme des "musts", c’est-à-dire comme des marchandises qu’il faut absolument posséder, cela n’évoque pas précisément la liberté. [...] Celui qui prend la "liberté" de renoncer à l’un d’eux renoncer ainsi à tous, et donc à sa propre vie. "On" pourrait faire cela ? Qui est cet "on" ?
Auteur:
Anders Günther Stern
Années: 1902 - 1992
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain et philosophe de la culture
Continent – Pays: Europe - Autriche
Info:
Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, pages 15-16
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société marchande
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injonctions
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code
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contrainte
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routines consuméristes
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