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divertissement audiovisuel

La télévision, depuis cinquante ans, n’aura rien été d’autre que ce qui remplaçait la vie au fur et à mesure que celle-ci, progressivement, se retirait. La télévision n’est pleine que du vide que la vie, en s’en allant, a laissé derrière elle.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, page 406

[ transfert d'expérience ] [ appauvrissement ] [ tsimtsoum ] [ abrutissement ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

judaïsme

Tzimtzoum*. Ce mot risible désigne un concept majeur de la Kabbale. Pour que le monde existât, Dieu, qui était tout et partout, consentit à se rétrécir, à laisser un espace vide qui ne fût pas habité par lui : c'est dans ce "trou" que le monde prit place.

Ainsi occupons-nous le terrain vague qu'il nous a concédé par miséricorde ou par caprice. Pour que nous soyons, il s'est contracté, il a limité sa souveraineté. Nous sommes le produit de son amenuisement volontaire, de son effacement, de son absence partielle. Dans sa folie, il s'est donc amputé de nous. Que n'eut-il le bon sens et le bon goût de rester entier!

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: De l'inconvénient d'être né, Folio essais, p.141 *Littéralement "contraction" ou "retrait"

[ tsimtsoum ] [ tsimtsum ] [ source originelle ] [ tzimtzum ] [ intraduisible ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sacrifice

Le motif paulinien* de la kénose** sert à exprimer que le Dieu chrétien, en s’incarnant, a créé en lui du vide, qu’il s’est vidé de lui-même. La thèse de Paul a une résonance anthropologique forte : il n’y a pas d’incarnation, donc de corps, sans kénose, sans "évidement" de soi, et donc sans la perte de ce qui ferait totalité. L’incarnation est un renoncement au "tout" et, d’une certaine manière, elle est mise en cause de l’Un. C’est pourquoi la pensée trinitaire est tributaire de la doctrine de l’incarnation, avec ce montage spéculatif complexe qui consistera à définir l’Un sous la figure du Trois. La kénose paulinienne conduit donc à penser qu’un Dieu ne prend corps, n’entre dans le langage, qu’à la condition de n’être pas tout.

Auteur: Causse Jean-Daniel

Info: Dans "Lacan et le christianisme", page 17. *Relatif à Saint-Paul. **La kénose reprend l'idée évangélique du grain qui tombe en terre pour germer.

[ incomplétude ] [ monade ] [ tsimtsoum ] [ théologie ] [ microbiome ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

unicité

D'autres descriptions mettent l'accent sur le désir immense de l'Esprit universel de se connaître lui-même, de s'explorer et d'expérimenter son plein potentiel. Cela ne peut donc se réaliser qu'à travers l'extériorisation et la manifestation de ses possibilités latentes sous forme d'un acte créatif concret. Cela nécessite une polarisation entre sujet et objet, et la dichotomie entre observateur et observé. Ces notions rappellent la manière dont certains textes kabbalistiques expliquent la création. D'après ces écrits, il y eut autrefois un stade de non-existence, dans lequel "la Face divine ne pouvait se contempler elle-même." La raison première de la création fut que "Dieu voulut voir Dieu". De même, le grand mystique persan Djalal al-Din al-Rûmî écrivit "J'étais un trésor caché, puis j'ai désiré être connu... J'ai créé tout l'univers, et le but de tout cela est la manifestation de ce que Je Suis..."

Auteur: Grof Stanislav

Info: Le Jeu Cosmique N ed

[ spiritualité ] [ métaphysique ] [ solipsisme ] [ tsimtsoum ] [ tzimtzum ]

 

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métaphysique

Un autre "motif" important ayant pu présider à la création est parfois décrit : la monotonie. Si immense et glorieuse que soit l'expérience du Divin du point de vue de l'homme, pour le Divin elle est toujours la même et, en ce sens, monotone. La création peut donc être envisagée comme un effort titanesque d'expression d'un désir de changement, d'action, de drame et de surprise. Les innombrables réalités expérientielles, dans de nombreuses dimensions et à différents niveaux, offrent une quantité infinie de possibilités d'aventures dans la conscience et sembleraient constituer un "autodivertissement" divin. Les formes de descriptions extrêmes dépeignant la création comme un acte cherchant à rompre la monotonie d'une Conscience absolue indifférenciée évoquent même l'ennui cosmique. À nouveau, ces témoignages font écho à certains textes kabbalistiques du Moyen-Âge nous disant que vaincre l'ennui fut l'une des raisons qui incitèrent Dieu à créer l'univers.

Auteur: Grof Stanislav

Info: Le Jeu Cosmique N ed

[ motivation ] [ tsimtsoum ]

 
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kabbalisme

Selon Isaac Luria, le Divin primordial, pur esprit, qui remplit tout, dut d’abord se retirer de lui-même en lui-même pour créer l’espace qui abriterait sa création. Cette contraction de l’essence de Dieu en lui-même afin de laisser un espace pour l’univers avait eu pour effet de retirer l’essence de Dieu toujours plus loin de cet univers. Telle était la solution que Luria proposait pour rendre compte de la façon dont Tout avait été créé à partir de rien, mystère des mystères. Le néant avait lui aussi été créé. Le néant était le volume duquel Dieu retira son essence qui remplissait tout. Le commentaire du XVIIe siècle que lisait Pauli interprétait le récit de Luria comme une métaphore de l’essence de l’homme. Il affirmait que le tsimtsum renvoyait à la barrière entre l’homme, c’est-à-dire la conscience individuelle de l’homme, et Dieu. Ce rideau à travers lequel l’homme ne pouvait pas voir lui donnait l’apparence d’un moi indépendant de Dieu et l’illusion d’une liberté de décision.
A l’intérieur du vide créé par le tsimtsum, Dieu fit rayonner sa lumière divine. Cette lumière infinie pénétrait l’espace comme une balise, entrant en collision avec des fragments de l’essence de Dieu qui était encore en plein processus de retrait. L’univers, créé de la collision cosmique de ces deux manifestations divines, allait occuper l’espace ainsi libéré. Les sephirot avaient la tâche de donner un lieu à la lumière divine, tels des réceptacles conçus pour la contenir. Mais tragédie : les sephirot inférieures, éloignées de Dieu et donc privées de certaines des qualités divines, furent débordées ; incapables de contenir la lumière divine, elles se brisèrent et, volant en éclats, éparpillèrent leurs précieux contenus dans tous les coins de l’espace nouvellement créé. C’était la shevira, la brisure des vases. Non, disait le commentaire, ce n’était pas une tragédie, car il ne pouvait rien exister qui ne fût intentionnel. C’était la catharsis d’une nouvelle naissance, d’un nouveau commencement, d’une nouvelle création. Les convulsions, la douleur, la brisure du vase qui accompagnent l’entrée au monde de chaque nouveau-né sont de même une catharsis nécessaire, séparant le potentiel de l’effectif. C’est ce qui se passe dans la shevira. C’est à cause de la shevira que ce monde, que nous appelons "réel", est imparfait, en désordre et composées de parties, livré au mal. Le saint dessein de la Création est tikkun, le rassemblement de toutes ces étincelles divines venant des quatre coins de l’univers, pour restaurer l’ordre primordial, divin.

Auteur: Keve Tom

Info: Dans "Trois explications du monde", pages 385-386

[ cosmogonie ] [ ordonnancement ] [ tsimtsoum ] [ origine des origines ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson