J'ai approché mon oeil d'un des trous pour l'air découpés dans le carton afin de surveiller l'état du pèlerin dans le déranger. Mais l'intérieur de la boîte était sombre et lorsque ma vue s'est finalement accoutumée, j'ai compris que c'était moi que l'on observait. La femelle me regardait, ses yeux d'un noir profond réfléchissant la lueur de la lune. Elle ne semblait pas effrayée, plutôt hautaine, supérieure, et sous son regard, je me suis senti insignifiant. Elle ne transpirait aucune haine. S'il existait un équivalent humain à ce que j'apercevais dans les yeux du faucon, c'était de la pitié. Elle me força à me détourner.
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Info: Rites d'automne : Le voyage d'un fauconnier à travers l'Ouest américain
Mary leva la tête et me regarda droit dans les yeux. Je tentai de soutenir son regard, mais c’était comme si je perdais immédiatement pied, comme si j’allais me noyer. Combien de temps deux personnes peuvent-elles se regarder fixement ? Dix secondes ? Il ne se passe en tout cas pas beaucoup de temps avant que l’on ressente de l’angoisse devant ce que l’on voit ou de la crainte pour l’image reflétée de ses propres yeux, qui apparaît soudain sans qu’on puisse l’empêcher. Ou bien ressentir ce doute d’être aspiré tout entier par le regard de l’autre. Ou même cette hésitation à propos de sa propre identité ou de celle de l’autre. L’identité n’existe pas dans les yeux. On ne la retrouve qu’au moment où l’on détourne le regard.
En même temps, le fait de se laisser aller dans les yeux de quelqu’un d’autre, de disparaître et d’être englouti par eux, présente un charme et une fascination illimités.
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Info: Le Cercle celtique
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Tunnel des échanges muets, le regard parle à l'intérieur, les yeux se retournent dans la soie de la boîte mentale, sortie de secours.
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Info: 140 tunnels
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Un manipulateur peut utiliser son regard pour imposer son point de vue, mais pas toujours. Certains hommes d'influence ont un regard d'une froideur polaire, quelle que soit la mimique qu'ils affichent, sourire compris. Cette froideur est synonyme de pouvoir. Ils n'observent pas le monde comme vous et moi ; leur vision est filtrée par les objectifs qu'ils poursuivent et non par les propos qu'ils tiennent. Ils se considèrent comme les seuls êtres réels dans un monde peuplé d'êtres virtuels. Vous n'existez pas à leurs yeux, sauf si vous représentez un rouage ou un fusible de leur stratégie. Si le fusible saute, vous serez remplacé et ils vous oublieront aussitôt. Ni scrupules ni états d'âme, le pouvoir est à ce prix.
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Info: Ces gestes qui manipulent, ces mots qui influencent
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C'est l'humeur et l'état d'esprit d'une femme qu'un homme doit stimuler pour que le sexe ait un intérêt. L'amant, le vrai, est celui qui vous fait fondre rien qu'en vous touchant la tête, en vous souriant droit dans les yeux.
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Info: cité par Ed Feingersh dans Marilyn
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Je me suis toujours senti particulièrement mal à l'aise avec les enfants, surtout ceux qui sont intelligents, à qui on ne peut pas faire gober n'importe quoi et qui n'ont pas encore appris les vertus sociales du mensonge. Ils ont une façon de vous regarder bien en face avant de détourner hâtivement les yeux comme s'ils avaient décelé quelque chose d'immonde qu'il était préférable de maintenir dans l'ombre.
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Info: Et qui va promener le chien?
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Nous ne nous distinguons pas des animaux par le langage et l'intelligence. Ce qui nous distingue, c'est précisément de pouvoir regarder quelqu'un droit dans les yeux.
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Info: La femme et le singe
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Ruth lui avait révélé le secret ultime des femmes : comment capturer un homme. "C'est tellement simple, lui avait-t-elle dit. Il suffit de regarder un homme dans les yeux pendant quelques secondes de plus. C'est tout."
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Info: Mensonges sur le divan
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Ce qu'il y a de mieux dans la boxe, c'est quand tu montes sur le ring, que tu regardes l'autre gars dans les yeux et que tu dis: pendant les dix prochaines reprises, faisons surgir quelque chose de chacun de nous... quelque chose dont on ne soupçonnait pas l'existence jusque-là. Montre-moi quelque chose de moi que je ne connais pas. C'est ça le nectar de la boxe.
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Info: Juste être un homme
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A la nuit tombante, mon oncle Lansana rentrait des champs. Il m'accueillait à sa manière, qui était timide. Il parlait peu. A travailler dans les champs à la longueur de la journée, on devient facilement silencieux; on remue toutes sortes de pensées, on en fait le tour et interminablement on recommence, car les pensées ne se laissent jamais tout à fait pénétrer; ce mutisme des choses, des raisons profondes des choses, conduit au silence; mais il suffit que ces choses aient été évoquées et leur impénétrabilité reconnue, il en demeure un reflet dans les yeux: le regard de mon oncle Lansana était singulièrement perçant, lorsqu'il se posait; de fait, il se posait peu: il demeurait tout fixé sur ce rêve intérieur poursuivi sans fin dans les champs.
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Info: L'enfant noir
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Je suis toujours très frappée, lorsque je vais à l'une des grandes manifestations mondaines de mon métier, de lire tant de terreur dans les yeux des femmes - de presque toutes les femmes, jeunes et moins jeunes. Derrière le maquillage, les bijoux, les coiffures impeccables, ces faciès tendus, bridés, ces yeux un peu fixes et durs, tous ces muscles bandés, jusqu'aux fessiers, afin de tendre la peau et éviter que quelque chose ne s'affaisse par inadvertance. Ce qui-vive permanent, ce contrôle ardu de son image n'aident pas, certes, à la souplesse des expressions et à la spontanéité des sourires... Il y a quelque chose de tragique, d'infiniment triste dans cette peur au fond des yeux. Et je ne ris pas, non, car je tremble qu'on ne lise la même peur dans les miens - je la vois si mal cachée derrière une apparente désinvolture. On veut se croire plus fort, mais nul n'est à l'abri. Il faut un tempérament de révolutionnaire pour rejeter sans hésiter cette dictature de l'image, de la jeunesse à conserver à tout prix. Je ne connais guère que Simone Signoret qui ait proclamé que jamais elle ne se ferait arranger la gueule - j'emploie ces mots car ils me furent dits par elle et je les entendis de mes propres oreilles - et qui ait tenu parole.
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Info: Les chats de hasard
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Dans ma tête, j'habite C'est gigantesque et tout petit Ou plutôt le contraire Parfois quelqu'un M'interroge avec ses yeux Qu'il focalise sur une région Dont j'ignorais l'existence Qui tout à coup surgit Comme un serpent traqué Prêt à mordre.
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Info: écrit en 1975
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La séduction des yeux. La plus immédiate, la plus pure. Celle qui se passe de mots, seuls les regards s'enchevêtrent dans une sorte de duel, d'enlacement immédiat, à l'insu des autres, et de leur discours : charme discret d'un orgasme immobile, et silencieux. Chute d'intensité lorsque la tension délicieuse des regards se dénoue en mots par la suite, ou en gestes amoureux. Tactilité des regards où se résume toute la substance virtuelle des corps (de leurs désirs ?) en un instant subtil, comme en un trait d'esprit - duel voluptueux et sensuel, et désincarné à la fois - épure parfaite du vertige de la séduction, et qu'aucune volupté plus charnelle n'égalera par la suite.
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Un jour, en visite scolaire au Rijksmuseum d'Amsterdam, je me suis trouvée devant "La Ronde de Nuit" de Rembrandt. Je fus fascinée. Tous ces regards poursuivant leur trajectoire sans se préoccuper du temps ! Il me semblait trouver là un autre moyen de survie. Ce fut une rencontre déterminante.
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André Bertin qui regardait pensivement en direction de la rue - maintenant obscure - sentit qu'elle observait dans sa direction. C'était vrai mais elle avait l'esprit ailleurs. Il se retourna et lui sourit. Elle lui rendit son sourire, amusée, constatant une fois de plus que ce genre d' interaction quasi télépathique ne se passe que quand les impétrants pensent à autre chose.
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Info: Jeannine et Fernand, 2003
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Elle ne pouvait détacher son regard du sien. Il avait des yeux noirs, entourés de rides incroyablement serrées. On aurait dit un labyrinthe de laboratoire destiné à l'étude des larmes. Ces yeux semblaient savoir ce qu'elle voulait, alors qu'elle l'ignorait elle-même.
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Info: Vente à la criée du lot 49
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Un instant, nos regards se sont croisés. Elle m'a regardé droit dans les yeux. J'ai perdu toute notion du temps. J'étais plongé dans les doux yeux noirs de la nature même. Puis il s'est passé en moi quelque chose d'étrange. Je me suis aperçu que c'étaient mes yeux qui me rendaient mon regard. Entre l'homme que j'étais et la biche, la frontière s'était évanouie et nous ne formions plus qu'un...
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Info: Chamane blanche
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Quand on ne peut pas dire les choses, les regards se chargent des mots.
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Info: Dans ses yeux
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opia. (néologisme anglophone) : intensité ambiguë lorsqu'on regarde quelqu'un dans les yeux et qu'on se sent tout à coup vulnérable
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Info: The Dictionary of Obscure Sorrows
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T’as remarqué que leur pupille reflète toujours notre visage ? dit Henry. Si tu fais bien attention. C’est un détail, mais parfois, je vois plus que ça. Ça me saute à la gueule. C’est comme regarder dans un miroir sans tain ou au fond d’un puits. Tu te vois, mais tu vois autre chose, autre chose qui s’agite en dessous, comme...Comme si tu voyais aussi de la manière dont eux te voient, avec leurs yeux de bête. (...)
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.*
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Info: Règne animal , *dernier vers de La Conscience de Victor Hugo
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Un moineau, coupant le soleil en biais, vint se poser sur le rebord de la fenêtre et me regarda, la tête penchée. Son œil était rond et brillant. Il me regardait d’abord avec un œil, puis, flic ! il me regardait avec l’autre, et sa gorge palpitait plus rapide qu’aucune pulsation. L’heure se mit à sonner. Le moineau cessa de changer d’œil, et m’observa fixement avec le même tant que l’horloge sonna. On aurait dit qu’il l’écoutait aussi. Ensuite, il s’envola de la fenêtre et disparut.
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Info: Dans "Le bruit et la fureur", page 105
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Il avait les yeux sombres, aussi sombres que ceux de tous les connards qui battaient leurs femmes. Ce n’était pas une question de couleur, c’était leur âme qui avait perdu la lumière.
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Info: Celle qui pleurait sous l'eau
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Le plus long voyage que j’ai fait, c’était dans les yeux d’un chat. Les bêtes sont des anges. Leur silence est proche de celui des livres. Leur silence est d’encre. Il porte une tunique de papier, une ceinture d’encre. Il entre dans notre cœur et il parle. De l’intérieur de nous. Sans mots.
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S’il était le plus laid
De tous les chiens du monde
Je l’aimerais encore
A cause de ses yeux.
Si j’étais le plus vieux
De tous les vieux du monde
L’amour luirait encore
Dans le fond de ses yeux.
Et nous serions tous deux,
Lui si laid, moi si vieux,
Un peu moins seuls au monde
A cause de ses yeux.
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il y avait eu dans l'oeil de l'agent fédéral une lueur que Zoyd ne parvenait pas à oublier, à travers la vitre sans tain de la voiture, tandis que le brouillard nocturne envahissait le talus, puis la 101 où allait disparaître Hector. Zoyd sentait d'autres ennuis en perspective.
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Info: Vineland
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L'un des moments les plus troublants de Ceux de 14, presque surnaturel, est celui où Genevoix est sauvé de la mort par un mourant. Un soldat, sans doute paralysé par une balle reçue dans la moelle épinière, est étendu sur d'autres cadavres en travers du boyau où s'est engagé l'officier. Par la seule intensité de son regard, où s'est concentré ce qui lui reste de vie, le blessé prévient Genevoix de la balle qui l'attend au créneau où lui vient d'être abattu, dans l'axe de tir au bout duquel le guerrier allemand embusqué guette sa prochaine cible. Ce qui relie alors le mourant à celui qui conserve la vie grâce à lui est inexprimable, sauf par Ceux de 14. Il faut aller voir comment c'est dit et comment est dit l’effort d’expression muette du mourant, puis le soulagement dans ses yeux quand il sait qu'il a été compris, qu'il a sauvé la vie de l'inconnu qui passe, ce soldat français, son camarade. Le regard de cet homme - qui était-il ? - a sauvé le sous-lieutenant Genevoix devenu, pour toujours, leur regard à tous.
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Info: Pour Genevoix
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Il y avait surtout les yeux, des yeux immenses, illimités, dont personne n’avait jamais pu faire le tour. Bleus, sans doute, comme il convenait, mais d’un bleu occulte, extra-terrestre, que la convoitise, au télescope d’écailles, avait absurdement réputés gris clair. Or, c’était toute une palette de ciels inconnus, même en Occident, et jusque sous les pattes glacées de l’Ourse polaire où, du moins, ne sévit pas l’ignoble intensité d’azur perruquier des ciels d’Orient.Suivant les divers états de son âme, les yeux de l’incroyable fille, partant, quelquefois, d’une sorte de bleu consterné d’iris lactescent, éclataient, une minute, du cobalt pur des illusions généreuses, s’injectaient passionnément d’écarlate, de rouge de cuivre, de points d’or, passaient ensuite au réséda de l’espérance, pour s’atténuer aussitôt dans une résignation de gris lavande, et s’éteindre enfin, pour de bon, dans l’ardoise de la sécurité.
Mais, le plus touchant, c’était, aux heures de l’extase sans frémissement, de l’inagitation absolue familière aux contemplatifs, un crépuscule de lune diamanté de pleurs, inexprimable et divin, qui se levait tout à coup, au fond de ces yeux étrangers, et dont nulle chimie de peinturier n’eût été capable de fixer la plus lointaine impression. Un double gouffre pâle et translucide, une insurrection de clartés dans les profondeurs, par-dessous les ondes, moirées d’oubli, d’un recueillement inaccessible !…
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Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, pages 250-251
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J'avais décidé de prendre le bus pour aller au Golden Gate Park. Arrivée sur la digue, j'ai sorti mon carnet de croquis. Temps nuageux, brume passagère ; lumière grise, couleur du sel qui scintille à la surface de l'océan. Rochers couverts d'algues gluantes ou mouchetés de petits coquillages en forme d'éventail. Fulgurance blanche de l'écume, fracas des vagues sur les galets. A une dizaine de mètres de moi, un cormoran séchait ses ailes grandes déployées sur un rocher. Nos regards se sont croisés. Normalement ça n'arrive jamais avec les oiseaux, mais là, si. Il avait les yeux d'un jaune ancestral, inhumain.
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Info: Cathy's Book
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