Je suis un mélange de plusieurs choses, alors qu'aux Etats-Unis il ne faut avoir qu'une seule facette. Si tu es underground, tu es seulement underground, si tu es homosexuel, tu n'es qu'homosexuel, et moi je n'ai jamais voulu me laisser enfermer dans un ghetto, ni militer d'une façon outrée pour un seul aspect de ma personnalité. Je critique même la militance de certains groupes dont je suis censé être proche. Je ne participe pas, par exemple, au mouvement gay américain, je crois bien plus au métissage généralisé. Le problème de l'homosexualité est très réel aux Etats-Unis, mais les réactions de la communauté homosexuelle contre un film comme Basic Instinct témoignent d'un extrémisme identique à celui que cette communauté combat. Cette réaction des petits groupes contre certains films me semble outrée et rend leurs objectifs très peu clairs. Que les homosexuels luttent contre Basic Instinct me semble aussi farfelu que si tous les hôteliers du monde entraient en guerre contre Psychose parce qu'on y voit un meurtre dans un hôtel.
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Info: in Pedro Almodovar, conversations avec Frédéric Strauss, éditions Les Cahiers du cinéma
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