A la maison, j'avais déjà eu - c'est du moins ce que je croyais - faim, naturellement ; j'avais eu faim à la briqueterie, dans le train, à Auschwitz et aussi à Buchenwald - mais je n'avais pas encore connu cette sensation de cette façon, constamment, à long terme, pour ainsi dire. Je m'étais transformé en une sorte de trou, de gouffre sans fond de plus en plus exigeant. Je n'avais d'yeux que pour cela, cela seulement guidait tous mes actes, et si je ne mangeais pas du bois ou des cailloux, c'était uniquement parce que ce sont des choses qu'on ne peut ni mâcher ni digérer. Mais j'ai essayé le sable, par exemple, et et quand il m'arrivait de voir de l'herbe je n'hésitais pas.
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Info: Etre sans destin
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