Mais vers le soir, le vent tombe et nous entrons dans un vide doré. Je me dis : voilà la Sibérie originelle - insaisissable, infinie -, celle qui s'attarda au fond des yeux des premiers voyageurs, tel un inconscient géographique. Son apparente vacuité était une page blanche offerte à l'écriture. Des siècles durant, elle a attisé la rumeur et la légende, inspiré des idéaux et suscité la peur. Son nom même - fusion mystique du terme mongol siber ("beau, pur") et du tatar sibir ("pays endormi") - évoquait quelque chose de vierge, en attente. Hegel l'avait carrément placée en dehors de l'histoire, car trop froide et trop hostile pour permettre une vie qui ait du sens.
Auteur:
Info: En Sibérie
Commentaires: 0