aurore

Micael hausse les épaules. Il tourne le dos et s'engage sur un chemin qui s'écarte de l'alignement des tours. Un bassin. Il se couche à côté et plonge les bras dans l'eau. Il avance le visage et boit. Il éclabousse gaiement autour de lui. Déjà les premiers rayons de l'aube ont commencé à strier le ciel. Les étoiles ont disparu et la lune n'est plus qu'une tache à peine discernable. En hâte, il se déshabille. Puis il entre dans le bassin... lentement... soufflant quand l'eau atteint ses reins. Il nage précautionneusement, plongeant ses pieds de temps en temps pour sentir le fond boueux et froid. Là, il n'a plus pied. Les oiseaux chantent. C'est le premier matin au monde. Des lueurs pâles blanchissent le ciel silencieux. Un peu plus tard, il sort de l'eau. Il reste ainsi, nu et dégoulinant, frissonnant un peu, au bord du bassin à écouter le ramage des oiseaux. A l'est le disque rouge du soleil s'élève majestueusement. Il prend lentement conscience qu'il est en train de pleurer. Toute cette beauté. La solitude. Il est seul, et c'est la première aube.

Auteur: Silverberg Robert

Info: Les Monades urbaines

[ isolement ]

 

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