A partir de l'âge de seize ans, je n'ai apparemment plus eu la moindre défense contre le monde et mon absurde balourdise en dehors du langage, de mes propres mots écrits et de mes lectures, qui me servaient d'armure. A dix-huit ans, mes héros s'appelaient Dostoïevski, Dylan Thomas, Henry Miller et James Joyce. J'ai lu plusieurs fois Finnegans Wake en première année de fac, convaincu que la musique de cette oeuvre constituait un excellent palliatif à la sagesse. J'étais un paon, un esthète, un connard pour être franc, et avec mes quelques amis j'ai découvert que les discussions et la boisson pouvaient à elles seules construire une réalité acceptable, même si cette réalité avait disparu le lendemain matin et qu'il me fallait alors impérativement répéter tout ce processus.
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Info: En marge : Mémoires
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